Dansun amphithéùtre Extraits MP3: [Sol] Dans un am[Re] phithéùtre Dans un am[Sol] phithéùtre [Mi7] Dans Tsouin,[Sol] tsouin! Y'avait un macchabĂ©e (Ter) MacchabĂ©e (Ter) Tsouin, tsouin Qui sentait fort des pieds (Ter) Fort des pieds (Ter) Tsouin, tsouin Ce macchabĂ©e disait (Ter) Il disait (Ter) Tsouin, tsouin Ce macchabĂ©e gueulait (Ter) Il gueulait (Ter) Tsouin,Victor Hugo est cĂ©lĂšbre pour ses combats en faveur de la justice, ou plus exactement contre l'injustice celle des tribunaux comme celle de la sociĂ©tĂ© qui marginalise, voire criminalise les pauvres. Il est venu en aide aux condamnĂ©s, on sait Ă quel point il abhorrait la peine de mort cf. Claude Gueux ; Le Dernier jour d'un condamnĂ©. L'Ă©crivain romantique a d'ailleurs prĂ©fĂ©rĂ© le chemin de l'exil aprĂšs le coup d'Etat de NapolĂ©on III, tant l'usurpation du pouvoir l'a rĂ©voltĂ©. Il n'a eu de cesse de dĂ©noncer la tyrannie de cet usurpateur, depuis son Ăźle anglo-normande. Elu dĂ©putĂ© Ă l'AssemblĂ©e, il a pris la dĂ©fense des victimes de l'injustice ou de la misĂšre ; selon lui, "ceux qui luttent contre l'injustice sont haĂŻs", il affirmait ainsi "je suis haĂŻ, pourquoi ? parce que je dĂ©fends les faibles, les vaincus, les petits, les enfants." Il ne mĂąchait pas ses mots pour parler du rĂ©gime mis en place avec le 2nd Empire "ce gouvernement, je le caractĂ©rise d'un mot la police partout, la justice nulle part" et cette position idĂ©ologique transparaĂźt dans ses romans, notamment Les MisĂ©rables. Victor Hugo n'hĂ©site pas Ă Ă©voquer ce monde injuste oĂč certains mangent Ă leur faim et oĂč d'autres doivent lutter pour obtenir une once de nourriture. Il souligne par exemple l'injustice qu'il y a Ă envoyer quelqu'un en prison parce qu'il avait besoin de nourrir sa famille. Jean Valjean incarne ce type d'homme, injustement condamnĂ© aux travaux forcĂ©s. La poĂ©sie dĂ©nonce aussi le sort des plus vulnĂ©rables que sont les enfants ou les femmes cf. "MĂ©lancholia". PrĂ©face du Dernier jour d'un condamnĂ© extrait Ceux qui jugent et qui condamnent disent la peine de mort nĂ©cessaire. D'abord, â parce qu'il importe de retrancher de la communautĂ© sociale un membre qui lui a dĂ©jĂ nui et qui pourrait lui nuire encore. â S'il ne s'agissait que de cela, la prison perpĂ©tuelle suffirait. Ă quoi bon la mort ? Vous objectez qu'on peut s'Ă©chapper d'une prison ? Faites mieux votre ronde. Si vous ne croyez pas Ă la soliditĂ© des barreaux de fer, comment osez-vous avoir des mĂ©nageries ? Pas de bourreau oĂč le geĂŽlier suffit. Mais, reprend-on, â il faut que la sociĂ©tĂ© se venge, que la sociĂ©tĂ© punisse. â Ni l'un, ni l'autre. Se venger est de l'individu, punir est de Dieu. La sociĂ©tĂ© est entre deux. Le chĂątiment est au-dessus d'elle, la vengeance au-dessous. Rien de si grand et de si petit ne lui sied. Elle ne doit pas "punir pour se venger" ; elle doit corriger pour amĂ©liorer. Transformez de cette façon la formule des criminalistes, nous la comprenons et nous y adhĂ©rons. Reste la troisiĂšme et derniĂšre raison, la thĂ©orie de l'exemple. â Il faut faire des exemples ! il faut Ă©pouvanter par le spectacle du sort rĂ©servĂ© aux criminels ceux qui seraient tentĂ©s de les imiter ! - VoilĂ bien Ă peu prĂšs textuellement la phrase Ă©ternelle dont tous les rĂ©quisitoires des cinq cents parquets de France ne sont que des variations plus ou moins sonores. Eh bien ! nous nions d'abord qu'il y ait exemple. Nous nions que le spectacle des supplices produise l'effet qu'on en attend. Loin d'Ă©difier le peuple, il le dĂ©moralise, et ruine en lui toute sensibilitĂ©, partant toute vertu. Les preuves abondent, et encombreraient notre raisonnement si nous voulions en citer. Nous signalerons pourtant un fait entre mille, parce qu'il est le plus rĂ©cent. Au moment oĂč nous Ă©crivons, il n'a que dix jours de date. Il est du 5 mars, dernier jour du carnaval. Ă Saint- Pol, immĂ©diatement aprĂšs l'exĂ©cution d'un incendiaire nommĂ© Louis Camus, une troupe de masques est venue danser autour de l'Ă©chafaud encore fumant. Faites donc des exemples ! le mardi gras vous rit au nez. Victor Hugo UNE INJUSTICEAlors qu'il revient d'un dĂźner chez Mme de Girardin, Victor Hugo est le tĂ©moin et l'acteur d'une scĂšne qui lui inspirera l'altercation de Fantine et de M. Bamatabois dans les H. quitta d'assez bonne heure Mme de Girardin. C'Ă©tait le 9 janvier. Il neigeait Ă flocons. Il avait des souliers minces, et, quand il fut dans la rue, il vit l'impossibilitĂ© de revenir Ă pied chez lui. Il descendit la rue Taitbout, sachant qu'il avait une place de cabriolets sur le boulevard au coin de cette rue. Il n'y en avait aucun. Il attendit qu'il en faisait ainsi le planton, quand il vit un jeune homme ficelĂ©, et cossu dans sa mise, se baisser, ramasser une grosse poignĂ©e de neige et la planter dans le dos d'une fille qui stationnait au coin du boulevard et qui Ă©tait en robe fille jeta un cri perçant, tomba sur le fashionable, et le battit. Le jeune homme rendit les coups, la fille riposta, la bataille alla crescendo, si fort et si loin que les sergents de ville empoignĂšrent la fille et ne touchĂšrent pas Ă l' voyant les sergents de ville mettre la main sur elle, la malheureuse se dĂ©battit. Mais, quand elle fut bien empoignĂ©e, elle tĂ©moigna la plus profonde que deux sergents de ville la faisaient marcher de force, la tenant chacun par le bras, elle sâĂ©criait - Je n'ai rien fait de mal, je vous assure, c'est le monsieur qui m'en a fait. Je ne suis pas coupable ; je vous en supplie, laissez-moi. Je n'ai rien fait de mal, bien sĂ»r, bien sĂ»r !Les sergents de ville lui rĂ©pliquaient sans lâĂ©couter - Allons, marche ; tu en as pour tes six mois. - La pauvre fille Ă ces mots Tu en as pour tes six mois, recommençait Ă se justifier et redoublait ses suppliques et ses priĂšres. Les sergents de ville, peu touchĂ©s de ses larmes, la traĂźnĂšrent Ă un poste rue Chauchat, derriĂšre lâ H., intĂ©ressĂ© malgrĂ© lui Ă la malheureuse, les suivait, au milieu de cette cohue de monde qui ne manque jamais en pareille circonstance. ArrivĂ© prĂšs du poste, V. H. eut la pensĂ©e d'entrer et de prendre parti pour la fille. Mais il se dit qu'il Ă©tait bien connu, que justement les journaux Ă©taient pleins de son nom depuis deux jours 1 et que se mĂȘler Ă une semblable affaire c'Ă©tait prĂȘter le flanc Ă toutes sortes de mauvaises plaisanteries. Bref, il n'entra salle oĂč l'on avait dĂ©posĂ© la fille Ă©tait au rez-de-chaussĂ©e et donnait sur la rue. Il regarda ce qui se passait, Ă travers les vitres. Il vit la pauvre femme se traĂźner de dĂ©sespoir par terre, s'arracher les cheveux ; la compassion le gagna, il se mit Ă rĂ©flĂ©chir, et le rĂ©sultat de ses rĂ©flexions fut qu'il se dĂ©cida Ă il mit le pied dans la salle, un homme, qui Ă©tait assis devant une table Ă©clairĂ©e par une chandelle et qui Ă©crivait, se retourna et lui dit d'une voix brĂšve et pĂ©remptoire - Que voulez-vous, Monsieur ?- Monsieur, j'ai Ă©tĂ© tĂ©moin de ce qui vient de se passer ; je viens dĂ©poser de ce que j'ai vu et vous parler en faveur de cette ces mots, la femme regarda V. H., muette dâĂ©tonnement, et comme Monsieur, votre dĂ©position, plus ou moins intĂ©ressĂ©e, ne sera d'aucune valeur. Cette fille est coupable de voies de fait sur la place publique, elle a battu un monsieur. Elle en a pour ses six mois de fille recommençait Ă sangloter, Ă crier, Ă se rouler. D'autres filles qui lâavaient rejointe lui disaient Nous irons te voir. Calme-toi. Nous te porterons du linge. Prends cela en attendant. » Et en mĂȘme temps elles lui donnaient de lâargent et des Monsieur dit V. H., lorsque vous saurez qui je suis, vous changerez peut-ĂȘtre de ton et de langage et vous m' Qui ĂȘtes-vous donc, monsieur ?V. H. ne vit aucune raison pour ne pas se nommer. ll se nomma. Le commissaire de police, car c'Ă©tait un commissaire de police, se rĂ©pandit en excuses, devint aussi poli et aussi dĂ©fĂ©rent qu'il avait Ă©tĂ© arrogant, lui offrit une chaise et le pria de vouloir bien prendre la peine de s' H. lui raconta qu'il avait vu, de ses yeux vu, un monsieur ramasser un paquet de neige et le jeter dans le dos de cette fille ; que celle-ci, qui ne voyait mĂȘme pas ce monsieur, avait poussĂ© un cri tĂ©moignant d'une vive souffrance ; qu'en effet elle s'Ă©tait jetĂ©e sur le monsieur, mais qu'elle Ă©tait dans son droit ; qu'outre la grossiĂšretĂ© du fait, le froid violent et subit causĂ© par cette neige pouvait, en certain cas, lui faire le plus grand mal ; que, loin d'ĂŽter Ă cette fille - qui avait peut-ĂȘtre une mĂšre ou un enfant - le pain gagnĂ© si misĂ©rablement, ce serait plutĂŽt lâhomme coupable de cette tentative envers elle qu'il faudrait condamner Ă des dommages-intĂ©rĂȘts enfin que ce n'Ă©tait pas la fille qu'on aurait dĂ» arrĂȘter, mais l' ce plaidoyer, la fille, de plus en plus surprise, rayonnait de joie et d'attendrissement. - Que ce monsieur est bon ! disait-elle. Mon Dieu, quâil est bon ! Mais c'est que je ne l'ai jamais vu, c'est que je ne le connais pas du tout !Le commissaire de police dit Ă V. H. - Je crois tout ce que vous avancez, Monsieur ; mais les sergents de ville ont dĂ©posĂ©, il y a un procĂšs-verbal commencĂ©. Votre dĂ©position entrera dans ce procĂšs-verbal, soyez-en sĂ»r. Mais il faut que la justice ait son cours et je ne puis mettre cette fille en libertĂ©. - Comment ! Monsieur, aprĂšs ce que je viens de vous dire et qui est la vĂ©ritĂ© - vĂ©ritĂ© dont vous ne pouvez pas douter, dont vous ne doutez pas, - vous allez retenir cette fille ? Mais cette justice est une horrible Il n'y a quâun cas, Monsieur, oĂč je pourrais arrĂȘter la chose, ce serait celui oĂč vous signeriez votre dĂ©position ; le voulez-vous ?- Si la libertĂ© de cette femme tient Ă ma signature, la V. H. femme ne cessait de dire Dieu ! que ce monsieur est bon ! Mon Dieu, qu'il est donc bon !Ces malheureuses femmes ne sont pas seulement Ă©tonnĂ©es et reconnaissantes quand on est compatissant envers elles ; elles ne le sont pas moins quand on est attribuĂ© Ă AdĂšle Hugo Melancholia extraitOĂč vont tous ces enfants dont pas un seul ne rit ?Ces doux ĂȘtres pensifs que la fiĂšvre maigrit ?Ces filles de huit ans qu'on voit cheminer seules ?Ils s'en vont travailler quinze heures sous des meules ;Ils vont, de l'aube au soir, faire Ă©ternellementDans la mĂȘme prison le mĂȘme sous les dents d'une machine sombre,Monstre hideux qui mĂąche on ne sait quoi dans l'ombre,Innocents dans un bagne, anges dans un enfer,Ils travaillent. Tout est d'airain, tout est de on ne s'arrĂȘte et jamais on ne quelle pĂąleur ! la cendre est sur leur fait Ă peine jour, ils sont dĂ©jĂ bien ne comprennent rien Ă leur destin, hĂ©las !Ils semblent dire Ă Dieu Petits comme nous sommes,Notre pĂšre, voyez ce que nous font les hommes ! »O servitude infĂąme imposĂ©e Ă l'enfant !Rachitisme ! travail dont le souffle Ă©touffantDĂ©fait ce qu'a fait Dieu ; qui tue, Ćuvre insensĂ©e,La beautĂ© sur les fronts, dans les cĆurs la pensĂ©e,Et qui ferait - c'est lĂ son fruit le plus certain ! -D'Apollon un bossu, de Voltaire un crĂ©tin !Travail mauvais qui prend l'Ăąge tendre en sa serre,Qui produit la richesse en crĂ©ant la misĂšre,Qui se sert d'un enfant ainsi que d'un outil !ProgrĂšs dont on demande OĂč va-t-il ? que veut-il ? »Qui brise la jeunesse en fleur ! qui donne, en somme,Une Ăąme Ă la machine et la retire Ă l'homme !Que ce travail, haĂŻ des mĂšres, soit maudit !Maudit comme le vice oĂč l'on s'abĂątardit,Maudit comme l'opprobre et comme le blasphĂšme !O Dieu ! qu'il soit maudit au nom du travail mĂȘme,Au nom du vrai travail, sain, fĂ©cond, gĂ©nĂ©reux,Qui fait le peuple libre et qui rend l'homme heureux ! Victor Hugo, Les Contemplations, Livre III Portrait de Cosette illustration des MisĂ©rables LES COMBATS DE VICTOR HUGO exemple des MisĂ©rablesCf. Lettre Ă LAMARTINE TĂ©moignage de leur amitiĂ© et de leur admiration commune, cette lettre de Victor Hugo Ă Alphonse de Lamartine le 24 juin 1862 â parmi les cinq que le musĂ©e V. Hugo Paris conserve â, Ă©voque les convictions et les ambitions profondes qui ont guidĂ© la rĂ©daction des MisĂ©rables. Mon illustre ami, Si le radical, câest lâidĂ©al, oui, je suis radical. Oui, Ă tous les points de vue, je comprends, je veux et jâappelle le mieux ; le mieux, quoique dĂ©noncĂ© par un proverbe, nâest pas lâennemi du bien, car cela reviendrait Ă dire le mieux est lâami du mal. Oui, une sociĂ©tĂ© qui admet la misĂšre, oui, une religion qui admet lâenfer, oui une humanitĂ© qui admet la guerre, me semblent une sociĂ©tĂ©, une religion et une humanitĂ© infĂ©rieures, et câest vers la sociĂ©tĂ© dâen haut, vers lâhumanitĂ© dâen haut, et vers la religion dâen haut que je tends ; sociĂ©tĂ© sans roi, humanitĂ© sans frontiĂšres, religion sans livre. Oui je combats le prĂȘtre qui vend le mensonge et le juge qui rend lâinjustice. Universaliser la propriĂ©tĂ©, ce qui est le contraire de lâabolir, en supprimant le parasitisme, c'est Ă dire arrĂȘter Ă ce but tout homme propriĂ©taire et aucun homme maĂźtre, voilĂ pour moi la vĂ©ritable Ă©conomie sociale et politique. JâabrĂšge et je me rĂ©sume. Oui, autant quâil est permis Ă lâhomme de vouloir je veux dĂ©truire la fatalitĂ© humaine ; je condamne lâesclavage, je chasse la misĂšre, jâenseigne lâignorance, je traite la maladie, jâĂ©claire la nuit, je hais la haine. VoilĂ ce que je suis, et voilĂ pourquoi jâai fait les MisĂ©rables. Dans ma pensĂ©e, les MisĂ©rables ne sont autre chose quâun livre ayant la fraternitĂ© pour base, et le progrĂšs pour cime. Maintenant jugez-moi. Les contestations littĂ©raires entre lettrĂ©s sont ridicules, mais le dĂ©bat politique et social entre poĂ«tes, c'est-Ă -dire entre philosophes, est grave et fĂ©cond. Vous voulez Ă©videmment, en grande partie du moins, ce que je veux ; seulement peut-ĂȘtre souhaitez-vous la pente encore plus adoucie. Quant Ă moi, les violences et les reprĂ©sailles sĂ©vĂšrement Ă©cartĂ©es, jâavoue que, voyant tant de souffrances, jâopterais pour le plus court chemin. Cher Lamartine, il y a longtemps, en 1820, mon premier bĂ©gaiement de poĂ«te adolescent fut un cri dâenthousiasme devant votre aube Ă©blouissant se levant sur le monde. Cette page est dans mes Ćuvres, et je lâaime ; elle est lĂ avec beaucoup dâautres qui glorifient votre splendeur et votre gĂ©nie. Aujourdâhui vous pensez que votre tour est venu de parler de moi ; jâen suis fier. Nous nous aimons depuis quarante ans, et nous ne sommes pas morts ; vous ne voudrez gĂąter ni ce passĂ© ni cet avenir, jâen suis sĂ»r. Faites de mon livre et de moi ce que vous voudrez. Il ne peut sortir de vos mains que de la Vieil ami Victor Hugo CHOSES VUES ouvrage posthume Hier, 22 fĂ©vrier, jâallais Ă la Chambre des pairs. Il faisait beau et trĂšs froid, malgrĂ© le soleil et midi. Je vis venir rue de Tournon un homme que deux soldats emmenaient. Cet homme Ă©tait blond, pĂąle, maigre, hagard ; trente ans Ă peu prĂšs, un pantalon de grosse toile, les pieds nus et Ă©corchĂ©s dans des sabots avec des linges sanglants roulĂ©s autour des chevilles pour tenir lieu de bas ; une blouse courte et souillĂ©e de boue derriĂšre le dos, ce qui indiquait quâil couchait habituellement sur le pavĂ©, la tĂȘte nue et hĂ©rissĂ©e. Il avait sous le bras un pain. Le peuple disait autour de lui quâil avait volĂ© ce pain et que câĂ©tait Ă cause de cela quâon lâemmenait. En passant devant la caserne de gendarmerie, un des soldats y entra et lâhomme resta Ă la porte, gardĂ© par lâautre soldat. Une voiture Ă©tait arrĂȘtĂ©e devant la porte de la caserne. CâĂ©tait une berline armoriĂ©e portant aux lanternes une couronne ducale, attelĂ©e de deux chevaux gris, deux laquais en guĂȘtres derriĂšre. Les glaces Ă©taient levĂ©es mais on distinguait lâintĂ©rieur tapissĂ© de damas bouton dâor. Le regard de lâhomme fixĂ© sur cette voiture attira le mien. Il y avait dans la voiture une femme en chapeau rose, en robe de velours noir, fraĂźche, blanche, belle, Ă©blouissante, qui riait et jouait avec un charmant petit enfant de seize mois enfoui sous les rubans, les dentelles et les fourrures. Cette femme ne voyait pas lâhomme terrible qui la regardait. Je demeurai pensif. Cet homme nâĂ©tait plus pour moi un homme, câĂ©tait le spectre de la misĂšre, câĂ©tait lâapparition brusque, difforme, lugubre, en plein jour, en plein soleil, dâune rĂ©volution encore plongĂ©e dans les tĂ©nĂšbres mais qui vient. Autrefois le pauvre coudoyait le riche, ce spectre rencontrait cette gloire ; mais on ne se regardait pas. On passait. Cela pouvait durer ainsi longtemps. Du moment oĂč cet homme sâaperçoit que cette femme existe tandis que cette femme ne sâaperçoit pas que cet homme est lĂ , la catastrophe est HUGO, Choses vues, 1888 Voici deux voleurs. Celui-ci est pauvre, et vole les riches. La nuit, il escalade un mur, laisse de sa chair et de son sang aux culs des bouteilles et au verre cassĂ© qui hĂ©rissent le chevron, et vole un fruit, un pain. Si le propriĂ©taire de ce fruit ou de ce pain l'aperçoit et prend son fusil et le tue, eh bien, tout est dit ; ce chien est tuĂ©, voilĂ tout. Si la loi saisit ce voleur, elle l'envoie aux galĂšres pour dix ans. Autrefois, elle le pendait. Plus tard, elle le marquait au fer rouge. Maintenant les mĆurs sont douces ; les lois sont bonnes personnes. La casaque, le bonnet vert et la chaĂźne aux pieds suffisent. Dix ans de bagne, donc, Ă ce voleur. Cet autre est riche et vole les pauvres. C'est un gros marchand. Il a maison en ville et maison de campagne. Il va le dimanche en cabriolet ou en tapissiĂšre, avec force amis roses, gras et joyeux, s'Ă©battre dans son jardin de Belleville ou des Batignolles. Il fait apprendre le latin Ă son fils. Lui-mĂȘme est jurĂ©, Ă©lecteur dans l'occasion prud'homme, et si le vent de la prospĂ©ritĂ© souffle obstinĂ©ment de son cĂŽtĂ©, juge au tribunal de commerce. Sa boutique est vaste, ouverte sur un carrefour, garnie de grilles de fer sculptĂ©es aux pointes splendides, avec de grandes balances dorĂ©es au milieu. Un pauvre homme entre timidement chez le riche, un de ces pauvres diables qui ne mangent pas tous les jours. Aujourd'hui, le pauvre espĂšre un dĂźner. Il a deux sous. Il demande pour deux sous d'une nourriture quelconque. Le marchand le considĂšre avec quelque dĂ©dain, se tourne vers sa balance, jette dedans ou colle dessus on en sait quoi, donne au pauvre homme pour un sou de nourriture et empoche les deux sous. Qu'a fait ce riche ? Il a volĂ© un sou Ă un pauvre. Il rĂ©pĂšte ce vol tant de fois, il affame tant de pauvres dans l'annĂ©e, il filoute si souvent ce misĂ©rable sou que, de tant de sous filoutĂ©s, il bĂątit sa maison, nourrit son cheval, arrondit son ventre, dote sa fille et dore sa balance. Il fait cela sans risques, sans remords, tranquillement, insolemment. Cela s'appelle vendre Ă faux poids. Et on ne le punit pas ? Si ! Il y a une justice dans le monde ! La loi prend parfois cet homme sur le fait. Alors elle frappe. Elle le condamne Ă dix jours de prison et Ă cent francs d'amende. Victor HUGO, Choses vues Victor Hugo DĂ©truire la misĂšre » 9 juillet 1849Le discours de Victor Hugo appuie la proposition d'Armand de Melun visant Ă constituer un comitĂ© destinĂ© Ă prĂ©parer les lois relatives Ă la prĂ©voyance et Ă l'assistance publique ». Je ne suis pas, messieurs, de ceux qui croient qu'on peut supprimer la souffrance en ce monde ; la souffrance est une loi divine ; mais je suis de ceux qui pensent et qui affirment qu'on peut dĂ©truire la misĂšre. Remarquez-le bien, messieurs, je ne dis pas diminuer, amoindrir, limiter, circonscrire, je dis dĂ©truire. Les lĂ©gislateurs et les gouvernants doivent y songer sans cesse ; car, en pareille matiĂšre, tant que le possible n'est pas fait, le devoir n'est pas rempli. La misĂšre, messieurs, j'aborde ici le vif de la question, voulez-vous savoir jusqu'oĂč elle est, la misĂšre ? Voulez-vous savoir jusqu'oĂč elle peut aller, jusqu'oĂč elle va, je ne dis pas en Irlande, je ne dis pas au Moyen Ăge, je dis en France, je dis Ă Paris, et au temps oĂč nous vivons ? Voulez-vous des faits ? Il y a dans Paris, dans ces faubourgs de Paris que le vent de l'Ă©meute soulevait naguĂšre si aisĂ©ment, il y a des rues, des maisons, des cloaques, oĂč des familles, des familles entiĂšres, vivent pĂȘle-mĂȘle, hommes, femmes, jeunes filles, enfants, n'ayant pour lits, n'ayant pour couvertures, j'ai presque dit pour vĂȘtement, que des monceaux infects de chiffons en fermentation, ramassĂ©s dans la fange du coin des bornes, espĂšce de fumier des villes, oĂč des crĂ©atures s'enfouissent toutes vivantes pour Ă©chapper au froid de l'hiver. VoilĂ un fait. En voulez-vous d'autres ? Ces jours-ci, un homme, mon Dieu, un malheureux homme de lettres, car la misĂšre n'Ă©pargne pas plus les professions libĂ©rales que les professions manuelles, un malheureux homme est mort de faim, mort de faim Ă la lettre, et l'on a constatĂ©, aprĂšs sa mort, qu'il n'avait pas mangĂ© depuis six jours. Voulez-vous quelque chose de plus douloureux encore ? Le mois passĂ©, pendant la recrudescence du cholĂ©ra, on a trouvĂ© une mĂšre et ses quatre enfants qui cherchaient leur nourriture dans les dĂ©bris immondes et pestilentiels des charniers de Montfaucon ! Eh bien, messieurs, je dis que ce sont lĂ des choses qui ne doivent pas ĂȘtre ; je dis que la sociĂ©tĂ© doit dĂ©penser toute sa force, toute sa sollicitude, toute son intelligence, toute sa volontĂ©, pour que de telles choses ne soient pas ! Je dis que de tels faits, dans un pays civilisĂ©, engagent la conscience de la sociĂ©tĂ© tout entiĂšre ; que je m'en sens, moi qui parle, complice et solidaire, et que de tels faits ne sont pas seulement des torts envers l'homme, que ce sont des crimes envers Dieu ! Vous n'avez rien fait, j'insiste sur ce point, tant que l'ordre matĂ©riel raffermi n'a point pour base l'ordre moral consolidĂ© !
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MontrĂ©al donne le feu vert au projet d'amphithéùtre naturel de 65 000 places au parc Jean-Drapeau dans le cadre d'un imposant legs de 70 millions de dollars pour le 375e anniversaire. Le projet ne sera toutefois pas prĂȘt pour les festivitĂ©s de 2017, mais seulement en 2019. Mis Ă jour le 23 oct. 2015 Le maire Denis Coderre en a fait l'annonce ce matin en confĂ©rence de presse, en compagnie du ministre Robert PoĂ«ti et de DaniĂšle Henkel, prĂ©sidente du conseil d'administration de la SociĂ©tĂ© du parc Jean-Drapeau SPJD. Ils ont annoncĂ© que le projet de rĂ©amĂ©nagement de la portion ouest de l'Ăźle Sainte-HĂ©lĂšne pourra aller de l'avant. L'un des objectifs de ce projet est de rĂ©pondre aux exigences des grands Ă©vĂ©nements». PiĂšce maĂźtresse de ce legs de 70,4 millions, le parterre oĂč plusieurs spectacles et festivals sont organisĂ©s sera ainsi transformĂ© en vĂ©ritable amphithéùtre naturel. Cet espace aura une capacitĂ© de 65 000 places. Il sera conçu pour accueillir des grands spectacles et festivals», Ă©tĂ© comme hiver. L'amĂ©lioration du recouvrement de sol devrait permettre de rĂ©duire la poussiĂšre dispersĂ©e lorsque d'importantes foules s'y rassemblent. Ă lui seul, ce volet coĂ»tera 30 millions. Les esquisses montrĂ©es Ă La Presse permettent de constater que la scĂšne sera orientĂ©e vers la Rive-Sud, tandis que les spectateurs regarderont les artistes se produire avec la silhouette urbaine de MontrĂ©al en arriĂšre-plan. Rappelons que Saint-Lambert s'est frĂ©quemment plaint du bruit provenant des Ă©vĂ©nements prĂ©sentĂ©s Ă cet endroit, comme Osheaga ou Heavy Mtl, s'adressant mĂȘme aux tribunaux. MontrĂ©al et QuĂ©bec se partagent la facture La transformation du parterre existant en vĂ©ritable amphithéùtre naturel a fait gonfler la facture du projet de 55 millions Ă 70,4 millions. La Ville de MontrĂ©al, qui devait dĂ©bourser 20 millions au dĂ©part, a dĂ©cidĂ© de porter Ă 35,4 millions sa contribution. Le reste du financement proviendra du ministĂšre des Affaires municipales, qui a acceptĂ© de verser 35 millions. QuĂ©bec a toutefois prĂ©venu qu'il refuserait de payer tout dĂ©passement, et donc que toute mauvaise surprise serait Ă la charge de la mĂ©tropole. Le projet devait ĂȘtre rĂ©alisĂ© pour le 375e de MontrĂ©al, mais une enquĂȘte de l'inspecteur gĂ©nĂ©ral y a dĂ©couvert des irrĂ©gularitĂ©s qui ont menĂ© Ă l'annulation de quatre contrats. Le nouvel Ă©chĂ©ancier prĂ©voit que les travaux devraient dĂ©buter en 2016 pour se terminer en 2018. Les Ă©vĂ©nements pourront ĂȘtre prĂ©sentĂ©s de nouveau sur le site seulement Ă partir de 2019. Nouvel espace public Outre l'amphithéùtre, le projet vient en quelque sorte corriger les lacunes du prĂ©cĂ©dent rĂ©amĂ©nagement du secteur ouest rĂ©alisĂ© ironiquement comme legs du 350e anniversaire, en 1993. Le besoin d'accueillir de grandes foules lors d'Ă©vĂ©nements d'envergure est devenu une exigence incontournable du nouvel amĂ©nagement proposé», peut-on lire dans un document prĂ©sentĂ© aux Ă©lus de MontrĂ©al. Le chemin reliant l'Ă©dicule du mĂ©tro Jean-Drapeau Ă la sculpture L'Homme de l'artiste Alexandre Calder, Ă la BiosphĂšre et au pont Cosmos sera ainsi Ă©largi pour devenir un espace public. L'Ă©largissement pose plusieurs contraintes. Ainsi, Il faudra faire disparaĂźtre les deux bassins d'eau et la fontaine situĂ©s prĂšs de l'Ă©dicule du mĂ©tro Jean-Drapeau. On justifie cette perte par le besoin d'amĂ©liorer la circulation de milliers de personnes en peu de temps». L'espace public Ă©largi permettra d'amĂ©nager du mobilier urbain et des jeux d'eaux. Le parc Jean-Drapeau devra Ă©galement obtenir l'autorisation du ministĂšre de l'Environnement pour faire disparaĂźtre le canal d'eau situĂ© Ă cet endroit. Pour convaincre QuĂ©bec d'accepter, MontrĂ©al proposera un projet de compensation de milieux humides» ailleurs sur les Ăźles du parc Jean-Drapeau ou sur l'Ăźle de MontrĂ©al. Autre contrainte imposĂ©e par l'Ă©largissement de l'espace public, le nouvel amĂ©nagement forcera au passage le dĂ©placement des puits de ventilation du mĂ©tro. Le projet de rĂ©amĂ©nagement prĂ©voit aussi la construction d'un nouveau bĂątiment pour l'accueil, la restauration et la sĂ©curitĂ©. Celui-ci viendra remplacer la billetterie actuellement en place. Le projet prĂ©voit de plus l'amĂ©nagement d'une promenade riveraine pour offrir une vue sur le fleuve et la ville de MontrĂ©al. Enfin, la Place des Nations amĂ©nagĂ©e lors de l'Expo 67, sera nettoyĂ©e et sĂ©curisĂ©e. Pour Ă©viter que les nouveaux amĂ©nagements ne se dĂ©tĂ©riorent rapidement, un budget rĂ©current de 4 % du coĂ»t de construction sera ajoutĂ© au budget de la SPJD. IMAGE FOURNIE PAR LA VILLE DE MONTRĂAL IMAGE FOURNIE PAR LA VILLE DE MONTRĂAL
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