LUTMB, rendez-vous emblĂ©matique du trail running mondial, est endeuillĂ© pour la deuxiĂšme fois en deux ans. Le dĂ©cĂšs mardi d'un traileur sur la PTL (« Petite Trotte de LĂ©on »), Par My B. Photos par Julie M. PubliĂ© le 23 aoĂ»t 2022 Ă  11h45 Envie de vous Ă©clater Ă  Paris au mois d'aoĂ»t ? On vous dĂ©voile 10 activitĂ©s aussi amusantes qu'originales pour profiter et sortir Ă  Paris cet Ă©tĂ© 2022. Sauter au milieu des balles, surfer en plein Paris, relever des dĂ©fis insolites, c'est le moment de tester des activitĂ©s que vous n'avez jamais essayĂ©es. Sortir Ă  Paris, on dit forcĂ©ment oui, mais sortir Ă  Paris en testant des concepts originaux, voilĂ  de quoi sĂ©duire les plus aventuriers d'entre vous ou en tout cas les adeptes des activitĂ©s qui sortent des sentiers battus. Heureusement, Paris ne manque pas d'animations et d'activitĂ©s insolites pour appĂąter l'Indiana Jones des temps modernes que vous ĂȘtes. Que vous soyez touriste de passage en vacances en quĂȘte d'une sortie fun et amusante Ă  faire entre amis ou en famille ou un Parisien blasĂ© qui pense avoir dĂ©jĂ  tout dĂ©couvert, on vous a concoctĂ© un guide aux petits oignons pour vous Ă©clater cet Ă©tĂ© et notamment ce mois d'aoĂ»t Ă  Paris. Vous savez, ces sorties oĂč vous vous dites, "Ah ouais, ça je n'ai jamais essayĂ© !", ou alors "J'aimerais trop tenter ce truc !". Eh bien, on y est, on est au mois d'aoĂ»t, vous avez le temps, c'est le moment de vous rĂ©veiller et d'aller expĂ©rimenter ces activitĂ©s dont vous direz ensuite "C'Ă©tait gĂ©nial !". Parmi les bons plans fun et insolites de Paris Pop air, l'expĂ©rience gonflable et immersive Ă  la Grande Halle de la Villette prolongationLa Grande Halle de La Villette accueille depuis le 14 avril une expĂ©rience gonflable inĂ©dite et ludique, Pop Air, rĂ©alisĂ©e en collaboration avec le Balloon Museum de Rome. L’exposition immersive est prolongĂ©e jusqu’au 4 septembre 2022. [Lire la suite] BL!NDT?ST , les salles de blind test digital Ă  ParisBL!NDT?ST, tout nouvel acteur du gaming, ouvre ses premiĂšres salles Ă  Paris. Ici, on joue bien Ă©videmment au blind test. C'est l'application qui dit si vous avez gagnĂ© ou perdu. Impossible de tricher ou d'ĂȘtre de mauvaise foi ! On a pu tester le concept, on vous raconte. [Lire la suite] Wam Park 77 Ă  Fontainebleau, on a testĂ© la base de loisirs avec toboggans gĂ©ants et jeux aquatiquesEn quĂȘte d'un parc aquatique aux portes de Paris ? On est parti Ă  la dĂ©couverte du Wam Park Fontainebleau dans le 77 au lac de La Grande Paroisse, une base de loisirs aux multiples activitĂ©s nautiques tĂ©lĂ©ski, Water Jump, structures aquatiques gonflables, terrasses flottantes, canoĂ« et pĂ©dalos. Pour se sentir en vacances sans quitter l'Ile-de-France, voilĂ  le spot idĂ©al pour s'amuser en famille et entre amis. [Lire la suite] Wave In Paris Le surf indoor dans la capitale !Et si on allait surfer en plein Paris ? Le premier complexe sportif de vague statique indoor vous attend dans le 15e arrondissement de la capitale. Filez expĂ©rimenter ce lieu unique oĂč on peut vivre des sensations de glisse inĂ©dites sur des planches de flowboard et de bodyboard, mĂ©lange de surf, snowboard et skateboard. [Lire la suite] iFLY Paris, la chute libre Indoor pour une expĂ©rience de vol insoliteSponsorisĂ© - iFLY Paris, c'est le fameux simulateur de chute libre indoor dans un immense tube de verre Ă  la Villette. iFLY vous permet de voler, sans risque, sans expĂ©rience, de 5 Ă  105 ans ! Et si on s'envolait ? [Lire la suite] Science ExpĂ©riences, le parcours immersif entre musĂ©e et parc d'attractions Ă  Paris - CODE PROMOOn se donne rendez-vous chez Science ExpĂ©riences, le tout nouveau concept ludique et immersif mĂȘlant musĂ©e et parcs d'attractions, rendant la science vivante Ă  Bercy Village. Le meilleur des moyens pour inciter petits et grands Ă  s'intĂ©resser aux sciences en la vivant de l'intĂ©rieur... Et pour nos lecteurs, nous avons cet Ă©tĂ© 2022 un code promo spĂ©cial Sortir Ă  Paris tout en bas de l’article ! [Lire la suite] Le musĂ©e du Louvre et les Secrets d'Arcadie 2, un grand jeu de l'Ă©tĂ© gratuit au Jardin des TuileriesLe musĂ©e du Louvre vous invite Ă  dĂ©couvrir son grand jeu gratuit en plein air cet Ă©tĂ©, du 9 juillet au 28 aoĂ»t 2022. En Ă©quipe de 2 Ă  6 maximum sur inscription, on doit fouiller le jardin des Tuileries pour dĂ©couvrir Le Secret d'Arcadie 2, une femme arcadienne exceptionnelle ! Des billets d'entrĂ©e, des livres et d'autres cadeaux. Accessible dĂšs 8 ans, vous allez adorer plonger dans cette aventure. [Lire la suite] Les parcours gonflables sur l'eau Ă  Paris et aux alentoursEnvie de vous Ă©clater sur l'eau ? Et si vous optiez pour un parcours aquatique de jeux gonflables sur plan d'eau pour allier plaisir et bonne baignade ? DĂ©couvrez les bons plans pour vous amuser en famille ou entre amis en profitant de la fraicheur tout en restant aux alentours de Paris durant ces vacances d'Ă©tĂ© 2022. [Lire la suite] Pagaille Ă  Springfield un escape game insolite sur Les SimpsonsVous adorez les Simpsons ? Alors pas question de passer Ă  cĂŽtĂ© de cet escape game qui vous attend chez Enigmatic, du cĂŽtĂ© de Marne-la-VallĂ©e. Au programme, une immersion colorĂ©e Ă  Springfield, au cƓur de la sĂ©rie culte ! [Lire la suite] Alors, on s'offre une activitĂ© qui sort de l'ordinaire ? À lire aussiCinĂ©ma les films Ă  voir pendant l'Ă©tĂ© 2022Les parcs d'attractions, parcs Ă  thĂšme et fĂȘtes foraines Ă  Paris et aux alentours, le programme 2022CinĂ©ma les films Ă  voir dans les salles de cinĂ© en aoĂ»t 2022 Et pour toujours plus d'insolite Ă  Paris Les restaurants insolites Ă  Paris, le top des bons plans À la recherche d'un restaurant insolite Ă  Paris ? Vous voulez du nouveau, du spectaculaire, du WOUAW dans votre assiette, savourer votre plat dans un cadre ou un contexte inĂ©dit ? Pour des expĂ©riences originales ou inĂ©dites, suivez le guide de nos dĂ©couvertes ! [Lire la suite] 10 sorties immersives ou originales pour retrouver le Japon Ă  ParisVous adorez la culture japonaise et vous ĂȘtes en quĂȘte des lieux qui mettent Ă  l'honneur le Japon Ă  Paris ? Entre restaurant original, parc dĂ©paysant, cafĂ©s ou expositions, on fait le tour des bons plans pour retrouver la culture nippone Ă  Paris. [Lire la suite] Les cafĂ©s et salons de thĂ© insolites Ă  Paris qu'on adoreEnvie de dĂ©couvrir un salon de thĂ© - cafĂ© - Coffee shop, insolite et original ? On file dĂ©couvrir les spots gourmands les plus atypiques de Paris. PĂątisseries inĂ©dites ou cadre dĂ©lirant, voici nos adresses coups de coeur ! 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[Lire la suite] Les meilleurs sites d'accrobranche Ă  Paris et en Ile-de-France, pour crapahuter dans les arbresL'Île-de-France comprend une dizaine de parcours accrobranche, ces parcours dans les arbres qui plaisent tant aux enfants et aux sportifs. A la maniĂšre d'un vĂ©ritable aventurier, allez tester votre agilitĂ© Ă  travers des lianes de Tarzan, des tyroliennes et des dĂ©fis insolites. [Lire la suite] Les parcs et jardins insolites de Paris et des alentoursEnvie de dĂ©couvrir un autre visage de Paris ? Partez Ă  la dĂ©couverte des jardins et parcs insolites de la capitale, des Ă©crins de verdure canons qui vont vous surprendre. [Lire la suite] Les glaces, sorbets et crĂšmes glacĂ©es les plus insolites de Paris les bonnes adressesUne glace originale Ă  Paris ça vous dit ? Du fruit givrĂ© au sorbet salĂ© en passant par des parfums plus insolites de crĂšme glacĂ©e, on vous dĂ©voile les glaciers originaux Ă  tester absolument dans la capitale ! 1, 2 ou 3 boules, en cornet ou en pot, on vous le garanti, vous allez vous rĂ©galer ! [Lire la suite]

Alire aussi >> NĂźmes – Nicolas UsaĂŻ : « On Ă©tait au niveau mais on a perdu » « Au vu du scĂ©nario et de la deuxiĂšme mi-temps, on a le sourire, c’est top. C’est grĂące au public qu’on est restĂ© dans le match. Ça va faire partie des matchs qui vont rester gravĂ©s dans la mĂ©moire. Si on prend du recul, la premiĂšre pĂ©riode n

Foot - Mercato À Barcelone et Paris, c’est la fin du rĂȘve pour Bernardo Silva PubliĂ© le 25 aoĂ»t 2022 Ă  13h35 par Thomas Bourseau mis Ă  jour le 25 aoĂ»t 2022 Ă  13h37 Il est l’une des opĂ©rations chaudes de cette fin de mercato. AnnoncĂ© au PSG, oĂč Luis Campos rĂȘve de l’accueillir, et au FC Barcelone, Ă©tant une signature rĂȘvĂ©e de Xavi Hernandez, Bernardo Silva ne partira pas selon le directeur exĂ©cutif de Manchester City. L’occasion pour Pep Guardiola et pour Xavi de faire le point sur la suite de ce feuilleton. Avant la clĂŽture du mercato estival, Luis Campos aimerait que son rĂȘve devienne rĂ©alitĂ©. Comme vous l’a rĂ©vĂ©lĂ© en exclusivitĂ© le 18 aoĂ»t dernier, une offre de transfert de 80M€ a Ă©tĂ© transmise Ă  la direction de Manchester City par les dĂ©cideurs du PSG. En vain. En effet, le champion d’Angleterre a repoussĂ© ladite offre et ne semble pas prĂȘt Ă  revenir sue sa position. Manchester City campe sur ses positions pour Bernardo Silva Ces derniĂšres heures, aprĂšs avoir affirmĂ© Ă  la Cadena SER qu’il Ă©tait trop tard Ă  ce stade du mercato pour enregistrer des arrivĂ©es et boucler des dĂ©parts, Ferran Soriano a tenu un discours similaire Ă  Tv3 dans le cadre de la rencontre caritative entre le FC Barcelone et Manchester City au Camp Nou mercredi soir 3-3. Il n'y a pas de discussions ou de pourparlers pour Bernardo Silva. Il n'y a pas de cas Bernardo. Le mercato de Manchester City est clos, c'est terminĂ© ». Admiratif de Silva, Xavi ne se mouille pas et attend un signe de City Dans la journĂ©e de mercredi, The Ahletic a assurĂ© que Xavi Hernandez verrait d’un trĂšs bon oeil le recrutement de Bernardo Silva au FC Barcelone. Le milieu offensif serait mĂȘme la signature rĂȘvĂ©e de l’entraĂźneur du Barça. Cependant, Xavi ne serait pas dupe quant Ă  la faisabilitĂ© de ladite opĂ©ration. Qui n'aime pas Bernardo Silva? C'est un joueur trĂšs important pour Pep et pour City. Je l'aime, il fait la diffĂ©rence car il a une grande capacitĂ© Ă  comprendre le jeu. Il y a peu de joueurs comme lui. Mais je pense qu'il n'y a pas de nouvelles. Cela dĂ©pend de City ». Voici le tĂ©moignage livrĂ© par Xavi Hernandez dans le cadre de la rencontre face Ă  Manchester City et dans des propos relayĂ©s par Esport3. Mercato - PSG Luis Campos connaĂźt la rĂ©ponse pour le transfert de Bernardo Silva — le10sport le10sport August 24, 2022Guardiola peut-il enfin souffler pour Silva ? Ces derniers temps, Pep Guardiola a rĂ©guliĂšrement Ă©tĂ© invitĂ© Ă  s’exprimer sur l’avenir de Bernardo Silva, Ă  la fois annoncĂ© du cĂŽtĂ© du PSG et du FC Barcelone. Cependant, sa position sur la question de son dĂ©part n’a jamais Ă©voluĂ©e comme en atteste sa dĂ©claration de mercredi soir. Bernardo Silva est un grand joueur et nous le voulons avec nous. Je ne veux pas avoir de joueurs mĂ©contents dans l'Ă©quipe, mais la vĂ©ritĂ© est que je ne suis au courant d'aucune offre. Pour lui, partir serait un gros problĂšme pour nous. Nous voulons rester Ă  City. C'est aussi vrai, cependant, que Bernardo aime beaucoup Barcelone ».

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Avecun salaire net de 25 millions d’euros accompagnĂ© d’une prime de fidĂ©litĂ© de 15 millions d’euros, le coĂ©quipier de Presnel Kimpembe et de Marco Verratti est assurĂ© de sĂ©curiser ses vieux jours. Schalke 04 a Ă©tĂ© le seul club qui Ă©tait prĂȘt Ă  lui offrir le mĂȘme salaire qu’au Real Madrid, soit quatre millions d’euros par saison. Pour ‘As’, le milieu de terrain
En ce moment Ă  Paris, habitants et automobilistes cohabitent avec des travaux Ă  tous les coins de rue. Un empressement motivĂ© par plusieurs Ă©chĂ©ances, notamment les Jeux olympiques qui se tiendront Ă  l’étĂ© Place de la Porte Maillot en plein travaux avant les Jeux olympiques de 2024, ce qui crĂ©e d'Ă©normes embouteillages. LP/Delphine GoldsztejnUne vraie fourmiliĂšre. Il suffit de regarder la carte Ă©laborĂ©e par la Ville de Paris pour prendre la mesure du nombre de chantiers en cours dans la capitale. On en recense 5 820 — des interventions sur les canalisations aux ravalements de bĂątiments en passant par les ouvrages en voirie. Sur l’ensemble, seuls 11% sont du fait de la mairie de Paris. Le reste est l’affaire de concessionnaires privĂ©s et d’opĂ©rateurs sur la voie publique, comme Enedis, GRDF ou encore la RATP.
Territoire Au sens large, le territoire est une portion d' espace appropriée. C'est l'un des mots les plus polysémiques de la géographie, d'autant qu'il est couramment utilisé dans le langage commun comme synonyme d'espace. Maryvonne Le Berre distingue trois éléments de définition qui remonte aux premiers usages du mot territoire à l
ExposĂ© prĂ©sentĂ© au colloque Georges Canguilhem. Science, technique, politique perspectives actuelles » LiĂšge, 22 avril 2016 par Pierre Macherey Depuis que les toutes premiĂšres publications de Georges Canguilhem ont Ă©tĂ© tirĂ©es de l’oubli dans lequel il les avait lui-mĂȘme relĂ©guĂ©es et ont Ă©tĂ© remises en circulation dans le tome I de l’édition de ses ƒuvres ComplĂštes, on ne peut plus ignorer que le point de dĂ©part de son parcours a Ă©tĂ© une philosophie du jugement et des valeurs, tournĂ©e vers l’affirmation d’un devoir-ĂȘtre, avec, Ă  la source et Ă  l’initiative de cette affirmation, une position philosophique de sujet qui en assume pleinement la responsabilitĂ© en philosophie, comme Ă  l’égard du monde du vivant et de la sociĂ©tĂ©, Canguilhem a fait d’emblĂ©e le choix du normatif ». À l’examen, il apparaĂźt que l’ensemble de l’Ɠuvre thĂ©orique qui a Ă©tĂ© Ă©laborĂ©e Ă  partir de ce point de dĂ©part et sur sa lancĂ©e est restĂ©e continĂ»ment fidĂšle Ă  cette exigence » ce n’est pas un hasard si ce mot, exigence », qui traduit la puissance normative propre Ă  un sujet assumant la pleine responsabilitĂ© de ses jugements, revient souvent sous la plume de Canguilhem. Cette rigoureuse obstination ne l’a cependant pas empĂȘchĂ© de pratiquer un esprit crĂ©atif d’invention et d’ouverture, en se confrontant aux manifestations plurielles de la vie ainsi qu’aux diverses rĂ©alisations historiques de la culture humaine sous les formes, principalement, de la technique, de la cognition et de l’organisation sociale, qui ne sont elles-mĂȘmes rien de plus, au degrĂ© de complication qui dĂ©finit chacune, que des rĂ©alisations de la dynamique vitale Ă  cĂŽtĂ© d’autres. Jusqu’au bout, Canguilhem est restĂ© un philosophe du devoir-ĂȘtre ; mais sa conception du devoir-ĂȘtre s’est considĂ©rablement enrichie, et s’est chargĂ©e d’implications qui, en la prĂ©cisant, en ont peu Ă  peu inflĂ©chi l’orientation premiĂšre1. En 1980, s’approchant du terme d’un parcours intellectuel entamĂ© cinquante ans plus tĂŽt, Canguilhem dĂ©clare Ă  la fin de sa confĂ©rence sur Le cerveau et la pensĂ©e Le Je n’est pas avec le monde en relation de survol, mais en relation de surveillance. »2 Est par lĂ  mise en balance la conception d’un sujet transcendant, soustrait au monde et s’assurant face Ă  lui une position exceptionnelle de domination et d’autoritĂ©, avec celle d’un sujet immanent Ă  la rĂ©alitĂ© et au processus complexe de ses relations internes qui, sans s’en extraire, remplit vis-Ă -vis de ce processus une fonction critique d’examen, l’interroge sur les valeurs que spontanĂ©ment il met en Ɠuvre, en discute les orientations d’une maniĂšre qui n’est pas seulement thĂ©orique mais pratique le premier est une entitĂ© mĂ©taphysique, et le second un ĂȘtre vivant, un sujet biologique. Il y a donc deux maniĂšres bien diffĂ©rentes d’en appeler Ă  un devoir-ĂȘtre l’une s’inscrit dans une perspective idĂ©ale d’absoluitĂ©, propre Ă  un sujet substantiel qui se situe Ă  la verticale du monde qu’il considĂšre de haut et de loin dans un esprit de lĂ©gitimation dont il se rĂ©serve l’entiĂšre initiative ; l’autre, au contraire, maintient une appartenance au monde d’oĂč se dĂ©gage, Ă  l’horizontale, et comme portĂ©e de biais de maniĂšre rasante, une leçon de relativitĂ© assumĂ©e par un sujet non plus substantiel mais modal, parce qu’il se tient Ă  la mesure de ce monde dont il est un Ă©lĂ©ment parmi d’autres, en nĂ©gociation, et Ă©ventuellement en conflit, donc en permanence en train de se mesurer avec eux, ce qui prĂ©cisĂ©ment dĂ©finit sa condition de mode » qui n’est pas substance ». La question que soulĂšve la juste comprĂ©hension de la pensĂ©e de Canguilhem et de l’évolution qu’elle a suivie sur un demi-siĂšcle est celle de savoir comment elle s’est situĂ©e et a profilĂ© ses allures propres, ses exigences, face Ă  cette alternative du dedans et du dehors, de l’immanence et de la transcendance, du relatif et de l’absolu, du subjectif et de l’objectif, dans laquelle il ne serait pas absurde de voir une manifestation de la polaritĂ© de la vie. L’hypothĂšse sous-jacente Ă  l’étude qui va suivre est que la prise en compte des implications objectives et subjectives de l’idĂ©e de milieu fournit un Ă©clairage privilĂ©giĂ©, sinon exclusif, sur la maniĂšre personnelle dont, en tant que sujet philosophique de pensĂ©e, Canguilhem a gĂ©rĂ© en pratique cette alternative du substantiel et du modal qui, de toutes façons, ses enjeux n’étant pas seulement thĂ©oriques et cognitifs, ne pouvait ĂȘtre tranchĂ©e dĂ©ductivement par les moyens du raisonnement pur, indĂ©pendamment des apports divers, contrastĂ©s, et pour une large part imprĂ©visibles de l’expĂ©rience et des matiĂšres Ă©trangĂšres » que celle-ci met en oeuvre. Pour rĂ©sumer briĂšvement les enjeux de cette hypothĂšse, elle revient Ă  avancer que, pour Canguilhem, le milieu n’a pas seulement Ă©tĂ© un objet de spĂ©culation, vis-Ă -vis duquel pĂ»t ĂȘtre adoptĂ©e, Ă  distance, une attitude de survol mais il lui a fourni le contexte, c’est-Ă -dire en un sens le milieu, avec les Ă©quivoques et les contrastes propres Ă  cette chose entre toutes bizarre et incertaine qu’est un milieu », depuis lequel, en y remplissant aussi rigoureusement que possible une fonction de surveillance, il a poursuivi son effort en vue d’assumer, en responsabilitĂ©, et dans un esprit d’exigence, la tĂąche de sujet philosophique et normatif de pensĂ©e qu’il s’était assignĂ©e. À la lumiĂšre de cette hypothĂšse, il apparaĂźt que la philosophie de Canguilhem pourrait bien ĂȘtre une philosophie du milieu, avec les deux valeurs objective et subjective du gĂ©nitif c’est-Ă -dire une philosophie nourrie par une rĂ©flexion sur l’idĂ©e de milieu ou Ă  son propos, mais aussi une philosophie situĂ©e en plein milieu de la rĂ©alitĂ© polaire dĂ©signĂ©e par cette idĂ©e dont elle Ă©pouse pas Ă  pas les fluctuations sans prĂ©juger de leur issue. Pour dĂ©velopper et mettre Ă  l’épreuve cette hypothĂšse, il faut reprendre le problĂšme Ă  son point de dĂ©part. Que signifie aux yeux de Canguilhem prendre parti philosophiquement en faveur d’un devoir-ĂȘtre ? Ce n’est pas apprĂ©hender celui-ci comme un terrain tout prĂ©parĂ© et structurĂ© dans lequel il n’y aurait qu’à s’engager sans l’interroger au prĂ©alable sur ses conditions de possibilitĂ©. Or ces conditions sont et ne peuvent ĂȘtre que polĂ©miques et antagoniques. Choisir la voie du devoir-ĂȘtre pour s’orienter dans la pensĂ©e, c’est rĂ©cuser l’autre voie possible, qui est celle de l’ĂȘtre et de ses intangibles nĂ©cessitĂ©s contre lesquelles butent les exigences axiologiques, ce qui contraint ces exigences Ă  se dĂ©mettre en faveur de ces nĂ©cessitĂ©s. Tout au long de son parcours intellectuel, Canguilhem a Ă©tĂ© aux prises avec un adversaire qui est, peut-on dire, l’ontologisme celui-ci se manifeste aussi bien Ă  travers l’illusion de normalitĂ©, qui ramĂšne le normal Ă  une catĂ©gorie de l’ĂȘtre, qu’à travers la reprĂ©sentation de la technique comme science appliquĂ©e, qui mĂ©connaĂźt son caractĂšre vital d’expĂ©rience pratique associant travail, main mise et prise de risque sur fond d’aventure3, ou encore Ă  travers l’objectivisme causal qui, grĂące Ă  une procĂ©dure d’abstraction, ramĂšne la rĂ©alitĂ© Ă  un ensemble de dĂ©terminations donnĂ©es de toute Ă©ternitĂ©, dont il ne reste Ă  la connaissance scientifique qu’à formuler, soi-disant telles quelles, les lois. L’ontologisme, dont les manifestations sur le plan de la cognition sont le positivisme et le scientisme, et plus gĂ©nĂ©ralement ce qu’on peut appeler le reprĂ©sentativisme, consiste dans la remise Ă  plat, la neutralisation et la rĂ©ification des donnĂ©es du monde et des expĂ©riences de la vie, maintenues sous une garantie uniforme d’objectivitĂ© modulĂ©e, comme l’explique Hegel dans le premier tome de sa Science de la logique qui est consacrĂ© prĂ©cisĂ©ment Ă  une logique de l’ĂȘtre », sous les catĂ©gories de la qualitĂ©, de la quantitĂ© et de la mesure, catĂ©gories qui, Ă  des niveaux diffĂ©rents de complication, exploitent le mĂȘme fond commun, l’ĂȘtre tel qu’il est ou est censĂ© ĂȘtre, dont elles mettent en Ă©vidence et renforcent l’unitĂ© dans une telle perspective, penser c’est, sous les formes les plus diverses, penser un, donc uniformiser, homogĂ©nĂ©iser, cohĂ©rer, faire converger, rassembler, et en derniĂšre instance confondre, sous la caution d’un ontologisme primaire qui rĂ©duit les diffĂ©rences en les plaçant sous une Ă©chelle commune d’apprĂ©ciation. Selon Hegel, c’est l’étroitesse spĂ©cifique Ă  cette maniĂšre de penser qui contraint Ă  la dĂ©passer, en renonçant Ă  penser un, au premier degrĂ©, pour se mettre Ă  penser deux, forme rĂ©flexive propre Ă  ce qu’il appelle une logique de l’essence, qui introduit dans l’ĂȘtre la puissance divisante du nĂ©gatif, et prĂ©pare ainsi le passage d’une logique objective Ă  une logique subjective, ou logique du concept ; cette derniĂšre consiste Ă  penser trois, par le biais de la transfiguration de la nĂ©gation simple, encore Ă  l’Ɠuvre dans la logique de l’essence, en nĂ©gation absolue ou nĂ©gation de la nĂ©gation qui, par une opĂ©ration d’Aufhebung dont le modĂšle est fourni par le calcul et par la grammaire, assure, aprĂšs une longue suite de dĂ©tours, le retour du positif, et referme sur lui-mĂȘme le cercle de la spĂ©culation logique. La critique de l’ontologisme, qui, alimentĂ©e par la confrontation Ă  des matiĂšres Ă©trangĂšres » fournies en derniĂšre instance par les diverses manifestations de la vie naturelle et sociale, donne son impulsion Ă  la rĂ©flexion philosophique de Canguilhem, dĂ©bouche elle aussi sur une conception qui fait fond sur le principe de la nĂ©gativitĂ© et qu’il n’hĂ©site pas Ă  appeler Ă  l’occasion dialectique », quoiqu’elle diverge sur le fond par rapport Ă  la conception hĂ©gĂ©lienne qui relĂšve en derniĂšre instance d’une philosophie de l’Esprit dont le fil conducteur est le finalisme, voie royale assurant le retour du mĂȘme une fois toutes les diffĂ©rences surmontĂ©es or, ce qu’on vient de dĂ©signer Ă  l’essai en se servant de la formule philosophie du milieu », – on pourrait aussi parler d’une philosophie au milieu » –, se situe prĂ©cisĂ©ment en alternative Ă  une philosophie de l’Esprit, tentative ou tentation rĂ©conciliatrice, dont Canguilhem n’a cessĂ© de se dĂ©marquer4, ce qui, si on y rĂ©flĂ©chit bien, est une façon de reconnaĂźtre implicitement, sinon son bien-fondĂ©, du moins la puissance d’attraction qui, tel un phĂ©nix, fait interminablement renaĂźtre de ses cendres cette forme idĂ©alisante de spĂ©culation que constitue le spiritualisme, contre laquelle on n’a jamais fini de mener combat. La dialectique » dont il lui arrive de se rĂ©clamer Ă  titre personnel, nourrie par la lecture de l’Essai pour introduire en philosophie le concept de grandeurs nĂ©gatives de Kant, par celle des oeuvres de Renouvier et de Hamelin, par celle des philosophes nĂ©o-kantiens des valeurs de l’école de Heidelberg, et pour finir par celle des travaux que Bachelard a consacrĂ©s aux jeux contrastĂ©s de la connaissance scientifique et de l’imagination, consiste pour l’essentiel en une philosophie du non » qui fait jouer Ă  plein, sous un horizon d’inachĂšvement, le principe de la nĂ©gativitĂ© en Ă©cartant la possibilitĂ© de sa conversion magique en nĂ©gation de la nĂ©gation destinĂ©e Ă  assurer, sous la figure d’un ontologisme de part en part spiritualisĂ©, et refinalisĂ©, le retour triomphal de la positivitĂ©. Les rĂ©fĂ©rences philosophiques, d’inspiration expressĂ©ment anti-hĂ©gĂ©liennes, qui viennent d’ĂȘtre Ă©voquĂ©es, renvoient Ă  un remaniement de la perspective dialectique, qui assigne au nĂ©gatif une position d’altĂ©ritĂ© ne devant pas ĂȘtre interprĂ©tĂ©e de maniĂšre dĂ©fective mais affirmative. Comme l’écrit Kant en vue de repenser le rapport entre action et rĂ©action dĂ©veloppĂ© par la physique newtonienne Les grandeurs nĂ©gatives ne sont pas des nĂ©gations de grandeurs 
] mais au contraire quelque chose de vraiment positif en soi, qui est simplement opposĂ© Ă  l’autre grandeur positive. »5 Il s’agit donc d’opposĂ©s rĂ©els, dont seule la relation est marquĂ©e par la nĂ©gativitĂ©, Ă©tant Ă©cartĂ©e la possibilitĂ© qu’aucun des termes de cette relation puisse ĂȘtre considĂ©rĂ© comme nĂ©gatif ou positif en soi autrement dit, ceux-ci, tout en s’opposant, coexistent et d’une certaine maniĂšre se complĂštent6, s’appellent rĂ©ciproquement, sans toutefois se concilier ni fusionner. Ce qui est rĂ©el », ce qui constitue la trame de la rĂ©alitĂ© en tant que milieu, milieu de vie ou milieu de pensĂ©e, ce n’est pas l’un Ă  l’exclusion de l’autre, c’est-Ă -dire en fin de compte l’un sans l’autre, mais leur relation antagonique, leur contrariĂ©tĂ© » dirait Hamelin7, donc leur polaritĂ©, qui, si elle est amenĂ©e Ă  revĂȘtir des formes indĂ©finiment variĂ©es, ne peut ĂȘtre rĂ©solue, c’est-Ă -dire supprimĂ©e, dans l’absolu. Dans cet esprit, Rickert soutient Pour progresser jusqu’au tout, la philosophie doit Ă©tudier partout l’un et l’autre, donc procĂ©der de maniĂšre hĂ©tĂ©rologique. Sa mĂ©thode est apparentĂ©e Ă  la mĂ©thode dialectique » au sens de Hegel et doit malgrĂ© tout en ĂȘtre nettement sĂ©parĂ©e. La nĂ©gation de la thĂšse, ou l’antithĂšse, ne suffit pas. Il s’agit, avec l’hĂ©tĂ©rologie d’une ad-jonction Er-GĂ€nzerung positive de la thĂšse. »8 Lorsque Canguilhem Ă©crit, en 1943, dans son Essai sur quelques problĂšmes concernant le normal et le pathologique Le pathologique doit ĂȘtre compris comme une espĂšce du normal, l’anormal n’étant pas ce qui n’est pas normal, mais ce qui est un autre normal »9, il adopte prĂ©cisĂ©ment le point de vue hĂ©tĂ©rologique dĂ©fendu par Rickert. Ce point de vue est Ă  la base de son concept de valeurs nĂ©gatives » qui, paradoxalement, en introduisant la nĂ©gation au cƓur des valeurs, conduit dialectiquement Ă  affirmer, au sens fort du terme, la nĂ©cessitĂ© de leur conflit, qui constitue leur horizon indĂ©passable vivre, travailler, connaĂźtre, c’est, sous des formes variĂ©e, se trouver en plein milieu ou au coeur de ce conflit des valeurs, donc y participer en adoptant Ă  son Ă©gard une attitude d’extrĂȘme vigilance. Dans la partie complĂ©mentaire du Normal et le Pathologique rĂ©digĂ©e vingt ans aprĂšs » l’Essai, cette position est Ă  nouveau affirmĂ©e, Ă©tant cette fois accompagnĂ©e de la rĂ©fĂ©rence Ă  Bachelard, que Canguilhem situe dans le mĂȘme courant dialectique » qui met en avant le concept d’opposition au dĂ©triment de celui de contradiction Une norme tire son sens, sa fonction et sa valeur du fait de l’existence en dehors d’elle de ce qui ne rĂ©pond pas Ă  l’exigence qu’elle sert. Le normal n’est pas un concept statique ou pacifique, mais un concept dynamique et polĂ©mique. G. Bachelard, qui s’est beaucoup intĂ©ressĂ© aux valeurs sous leur forme cosmique ou populaire, et Ă  la valorisation selon les axes de l’imagination, a bien aperçu que toute valeur doit ĂȘtre gagnĂ©e contre une antivaleur. »10 Lorsqu’il a pris connaissance des travaux de Goldstein, Canguilhem a Ă©tĂ© confirmĂ© dans cette orientation de pensĂ©e qui, comme Marx s’y Ă©tait dĂ©jĂ  essayĂ© en empruntant d’autres voies, conduit Ă  expurger la dialectique de ses prĂ©supposĂ©s hĂ©gĂ©liens, prĂ©supposĂ©s qui, par une sorte de miracle spĂ©culatif, associent nĂ©cessitarisme et finalitĂ©. Ceci posĂ©, l’appel aux valeurs propre Ă  une philosophie du devoir-ĂȘtre revĂȘt sa pleine dimension. Si les valeurs contestent les faits, ce n’est pas qu’elles aient la prĂ©tention de se substituer Ă  eux elles ne sont pas des faits de niveau supĂ©rieur, comme le professe le platonisme de premier degrĂ© qui soutient la doctrine cousinienne Du vrai, du Beau, du Bien », une maniĂšre de voir Ă  laquelle il est impensable que Canguilhem ait pu, par un biais ou un autre, se rallier. Les valeurs, qui sont en conflit entre elles davantage qu’elles ne sont en conflit avec les faits, ne sont pas des possibles idĂ©aux, des formes rationnelles en attente de leur rĂ©alisation sur laquelle elles anticiperaient, et dont l’évocation obĂ©it fatalement au mouvement rĂ©trograde du vrai. De ce point de vue, Canguilhem se place dans le sillage de la critique de la mĂ©taphysique effectuĂ©e par Kant dans la Dialectique transcendantale » de la Critique de la raison pure les valeurs qui orientent des jugements ne correspondent Ă  rien de rĂ©el en soi qui puisse faire l’objet d’une connaissance avĂ©rĂ©e ; elles se contentent de remplir Ă  l’égard de ce qui arrive une fonction rĂ©gulatrice, du type de celle exercĂ©e par les idĂ©es de la raison, qui consiste en l’indication, sur le mode du comme si », de possibilitĂ©s, rien de plus. Si les valeurs interviennent dans les rĂ©seaux complexes de la rĂ©alitĂ©, c’est donc en tant que possibles rĂ©els » qui, Ă  mĂȘme son dĂ©roulement, rĂ©vĂšlent la nĂ©gativitĂ© immanente Ă  ses relations et en impulsent dynamiquement les transformations ; elles ne sont pas un autre rĂ©el mais ce qui, au sein mĂȘme du rĂ©el, l’incite Ă  devenir autre, Ă  emprunter des allures nouvelles rĂ©pondant aux exigences qu’elles formulent. De tels possibles sont Ă  tous Ă©gards utopiques », au sens oĂč l’utopie n’est pas l’évocation, au futur, d’un autre monde destinĂ© Ă  prendre la place de celui qui existe actuellement, mais reprĂ©sente, Ă  l’intĂ©rieur de ce monde-ci, au prĂ©sent, le travail du nĂ©gatif qui le taraude et le hante dans ses profondeurs, en rĂ©vĂ©lant que, tel qu’il est, ça ne va pas, etwas fehlt » pour reprendre une terminologie utilisĂ©e par Derrida, la vĂ©ritable alternative aux Ă©vidences et aux nĂ©cessitĂ©s de l’ontologie, c’est une hantologie »11. L’historicitĂ© telle que Canguilhem la conçoit, suivant la leçon de Renouvier, c’est avant tout le sens du possible qui impulse un devenir les valeurs qui confortent ce sens ne planent pas au-dessus du monde tel qu’il est, en se tenant en position de survol, elles ne prophĂ©tisent pas ; mais, en en suivant pas Ă  pas les tours et les dĂ©tours, en se glissant dans ses plis, elles en reprĂ©sentent la contestation interne. La fonction de surveillance qu’il leur revient en propre d’exercer rĂ©vĂšle que les faits » sous les apparences desquels la rĂ©alitĂ© se manifeste ne sont pas, comme on se le figure naĂŻvement, des tout faits », sous une forme achevĂ©e, statique, Ă  prendre ou Ă  laisser comme telle. C’est pourquoi les vraies valeurs, celles qui sont en mesure d’enclencher une dynamique normative, sont toutes sans exception des valeurs nĂ©gatives ; elles reprĂ©sentent l’intrusion du nĂ©gatif dans l’état de fait qu’elles remettent en question, et ouvrent ainsi, dans un climat d’incertitude et d’insĂ©curitĂ©12, la perspective d’un devenir ce sont elles qui polarisent en incitant, lĂ  oĂč on a l’habitude de ne voir qu’un, Ă  penser deux, donc Ă  faire la diffĂ©rence, Ă  diviser, Ă  s’opposer, dans un esprit, non d’acceptation, mais de contestation et de refus13. À cela s’ajoute que ces valeurs, dont la position rĂ©pond au mouvement mĂȘme de la vie, n’ont pas le statut de formes dĂ©finitivement structurĂ©es et prĂ©cisĂ©ment localisĂ©es vers lesquelles il n’y aurait qu’à faire retour ce sont des tendances, qui, tournĂ©es vers l’avant, propulsent le donnĂ© dans le sens de sa transformation, sa VerĂ€nderung » dirait-on dans le langage de Marx ; elles ne consistent pas en l’adaptation Ă  des normes imposĂ©es du dehors mais en l’invention de nouvelles normes dont le style, le schĂšme » dirait-on dans le langage de Kant14, se prĂ©cise au fur et Ă  mesure de leur exercice. C’est pourquoi, thĂšse sur laquelle Canguilhem est revenu inlassablement, sans trouver de raison valable pour la remettre en question, c’est la maladie qui est la vĂ©ritĂ© de la santĂ©, le pathologique l’épreuve du normal, et non l’inverse Vivre, pour l’animal dĂ©jĂ , et Ă  plus forte raison pour l’homme, ce n’est pas seulement vĂ©gĂ©ter et se conserver, c’est affronter des risques et en triompher. La santĂ© est prĂ©cisĂ©ment, et principalement chez l’homme, une certaine latitude, un certain jeu des normes de la vie et du comportement. Ce qui la caractĂ©rise, c’est la capacitĂ© de tolĂ©rer la variation des normes auxquelles seule la stabilitĂ©, apparemment garantie et toujours nĂ©cessairement prĂ©caire, des situations et du milieu, confĂšre une valeur trompeuse de normal dĂ©finitif. »15 Cela est vrai de toutes les expĂ©riences de la vie sans exception, au nombre desquelles l’effort en vue de connaĂźtre objectivement la rĂ©alitĂ© qui dĂ©finit en propre l’esprit scientifique cet effort, bien loin de procĂ©der d’une rupture avec le monde de la vie qui, une fois accomplie, permettrait de suivre, d’acquis en acquis, une voie uniment progressive rĂ©pondant aux seules nĂ©cessitĂ©s du raisonnement pur, n’avance que sous l’impulsion du conflit des valeurs, Ă  travers la confrontation Ă  des valeurs nĂ©gatives, c’est-Ă -dire en surmontant sans cesse des obstacles ; l’histoire des sciences a prĂ©cisĂ©ment pour contenu cette interminable confrontation, dont elle restitue les incidences et les rebonds, en s’abstenant de supposer que ceux-ci conduisent quelque part et constituent, sur le modĂšle d’un chemin de croix spĂ©culatif, les Ă©tapes menant Ă  un terme dĂ©finitif qui serait la vĂ©ritĂ© ultime et positive des choses. Sur ces bases, il est possible de prendre en considĂ©ration la rĂ©flexion que Canguilhem a consacrĂ©e Ă  l’idĂ©e de milieu et d’examiner le sens dans lequel elle s’est orientĂ©e. Ce qui caractĂ©rise dĂšs l’abord cette idĂ©e, c’est l’hĂ©tĂ©rogĂ©nĂ©itĂ© et la dispersion des champs auxquels elle renvoie, ce qui favorise la prolifĂ©ration des valeurs nĂ©gatives. Ses implications sont si diverses, mĂȘlĂ©es et fluctuantes16, qu’elles en remettent en cause la consistance et la fiabilitĂ©, ce qui ne la rend pas moins stimulante intellectuellement, bien au contraire la pensĂ©e, comme l’histoire, comme la vie, n’avance pas que par ses bons cĂŽtĂ©s ou par ses bons concepts sur une ligne toute droite dont il n’y aurait qu’à suivre du dĂ©but jusqu’à la fin le tracĂ©17. Lorsque, suivant sa mĂ©thode habituelle, Canguilhem a abordĂ© le concept de milieu par le biais de l’histoire complexe de sa formation, c’est-Ă -dire aussi de ses transformations et de ses dĂ©formations, il lui a assignĂ© Ă  la fois des commencements et une origine. Ses commencements se situent factuellement sur la plan de la gnosĂ©ologie physique c’est dans le contexte propre Ă  la mĂ©canique newtonienne, fondĂ©e sur le principe de l’action Ă  distance rĂ©cusĂ© par le cartĂ©sianisme, que cette idĂ©e, qui a Ă©tĂ© ensuite transposĂ©e dans le champ de la biologie, a commencĂ© Ă  s’élaborer, puis s’est dĂ©veloppĂ©e dans une perspective d’élargissement et d’extension. Toutefois, ces commencements, et ce qui en est peu Ă  peu sorti, au terme de dĂ©bats dont celui du lamarckisme, thĂ©orie de l’adaptation au milieu, et du darwinisme, thĂ©orie de la sĂ©lection par le milieu18, fournit une illustration exemplaire, ne restituent pas toute la portĂ©e de ce concept. Celle-ci ne se rĂ©vĂšle que si on remonte jusqu’à son origine, bien antĂ©rieure Ă  ses commencements effectifs. Comme Canguilhem le montre tout Ă  la fin de son article sur Le vivant et son milieu », oĂč, aprĂšs avoir restituĂ© l’histoire sinueuse suivie par l’idĂ©e de milieu de la fin du XVIIe siĂšcle jusqu’au XXe siĂšcle, il effectue un Ă©tonnant retour en arriĂšre de deux mille ans, cette origine est stoĂŻcienne C’est la thĂ©orie de la sympathie universelle, intuition vitaliste du devenir universel, qui donne son sens Ă  la thĂ©orie gĂ©ographique des milieux. Cette thĂ©orie suppose l’assimilation de la totalitĂ© des choses Ă  un organisme, et la reprĂ©sentation de la totalitĂ©, sous la forme d’une sphĂšre, centrĂ©e sur la situation d’un vivant privilĂ©giĂ© l’homme. »19 Ce type de spĂ©culation, qui assimile le monde non Ă  un mĂ©canisme mais Ă  un organisme, est orientĂ© dans le sens d’une totalisation tournĂ©e vers le dedans, ce qui suppose un centre, et non plus dans celui d’une expansion indĂ©finie, tendanciellement dĂ©centrĂ©e, tournĂ©e vers le dehors, selon le modĂšle qui a fini par prĂ©dominer lorsque, Ă  l’époque moderne, la reprĂ©sentation de l’univers infini a supplantĂ© celle d’un cosmos fini et fermĂ© sur lui-mĂȘme. La notion de milieu, telle qu’elle se prĂ©sente aujourd’hui, prend sens Ă  la croisĂ©e, et en quelque sorte au milieu » de ces deux tendances opposĂ©es dont l’une lui confĂšre le caractĂšre d’une donnĂ©e objective offerte Ă  l’analyse et au calcul, alors que l’autre revĂȘt une dimension subjective qui relĂšve en derniĂšre instance d’une conviction imaginaire, celle de se trouver au centre du monde. Milieu », mot lui-mĂȘme composĂ©, s’écrit et se comprend selon la premiĂšre perspective, dĂ©rivĂ©e de ses commencements, mi-lieu », qui constitue un champ intermĂ©diaire Ă  l’intĂ©rieur d’un espace dĂ©centrĂ© et homogĂšne ; selon la seconde, qui dĂ©rive de son origine, il s’écrit et s’interprĂšte mi-lieu », en rĂ©fĂ©rence Ă  la position d’un centre situĂ© Ă  l’intĂ©rieur d’un espace qualifiĂ© et diffĂ©renciĂ©20. Être au milieu », formule dont Pascal se sert pour caractĂ©riser la condition humaine, c’est ĂȘtre au rouet » de ces deux orientations opposĂ©es dont le conflit, la disproportion » comme l’appelle Pascal, gĂ©nĂšre une inquiĂ©tude existentielle21. Toute la question est de savoir si la conception objective » du milieu, qui a donnĂ© naissance Ă  une nouvelle physique, fondĂ©e sur le principe gĂ©nĂ©ral du dĂ©terminisme, d’oĂč le concept de milieu a tirĂ© ses commencements, a dĂ©finitivement supplantĂ© la conception subjective » qui a constituĂ© son origine, aprĂšs que celle-ci ait Ă©tĂ© disqualifiĂ©e au nom du primat de la raison sur l’imagination. Or, il n’en est rien, comme on est amenĂ© Ă  le constater lorsqu’on aborde la notion de milieu au point de vue de la connaissance de la vie, dans une perspective qui n’est plus abstraite et thĂ©orique mais concrĂšte et pratique en effet, il apparaĂźt alors qu’il n’y a pas de milieu en soi, entiĂšrement dĂ©terminĂ© dans son ĂȘtre par des conditions naturelles, mais il n’y a de milieux que pour des vivants, en relation avec leurs besoins et leurs tendances qui ne cessent de les reconfigurer22. La connaissance de la vie n’a pas affaire Ă  des ĂȘtres dont la constitution pourrait ĂȘtre Ă©tudiĂ©e indĂ©pendamment des rapports qu’ils entretiennent avec un milieu d’existence, qui serait lui-mĂȘme dĂ©terminĂ© en fonction de ses lois propres, donc indĂ©pendamment des vivants qui l’investissent sous des formes qui font intervenir la considĂ©ration non seulement de l’ĂȘtre mais d’un devoir-ĂȘtre pour cette forme spĂ©cifique de connaissance, et c’est ce qui la singularise radicalement, ce qui existe d’emblĂ©e c’est l’ensemble fluctuant des relations d’interpĂ©nĂ©tration rĂ©ciproque entre des vivants et leurs milieux d’existence, ensemble qui constitue une totalitĂ© Ă  la fois indĂ©composable, inanalysable, et en cours permanent de transformation. Les milieux des vivants ne sont pas des Ă©tats donnĂ©s une fois pour toutes, relevant d’une logique de l’ĂȘtre, mais des champs d’action, d’intervention et de circulation, offerts comme tels au sens du possible, dans une perspective non pas ontologique mais axiologique23. Cette nouvelle approche de la notion de milieu est confirmĂ©e, sur le plan de l’éthologie animale par la distinction que fait UexkĂŒll entre Umgebung environnement gĂ©ographique neutralisĂ© et Umwelt monde centrĂ© sur un sujet d’initiatives mettant en Ɠuvre ses valeurs propres, sur le plan de la gĂ©ographie humaine par le possibilisme »24 de Vidal de La Blache, sur le plan de la pathologie humaine par la rĂ©flexion de Goldstein au sujet du Kranksein, et sur le plan de l’ergonomie par les Ă©tudes que Friedmann a consacrĂ©es aux aspects proprement humains, non mĂ©canisables, du travail industriel25 les uns et les autres ont rĂ©orientĂ© la conception du milieu dans le sens de son recentrement sur un sujet axiologique, Ă  l’opposĂ© de la tendance dĂ©terministe, objectivante et neutralisante, privilĂ©giĂ©e par un rationalisme positiviste et scientiste. Toutefois, il ne faudrait pas croire que cette resubjectivation va dans le sens d’un retour en arriĂšre, c’est-Ă -dire d’une rĂ©habilitation de l’animisme sur lequel avait Ă©tĂ© bĂątie la conception antique du cosmos elle amĂšne au contraire Ă  reprendre de fond en comble, en vue de reconstruire cette notion sur de nouvelles bases, la notion de sujet en tant que principe centralisateur autour duquel un monde se dispose et s’organise, donc prend forme dynamiquement. Pour y voir plus clair Ă  ce sujet, il est utile de revenir Ă  la question de l’anthropocentrisme, qui est au cƓur, reprenons les termes de Canguilhem qui viennent d’ĂȘtre citĂ©s, de la reprĂ©sentation de la totalitĂ©, sous la forme d’une sphĂšre, centrĂ©e sur la situation d’un vivant privilĂ©giĂ© l’homme ». Cette reprĂ©sentation, qui a longtemps prĂ©valu, a Ă©tĂ© disqualifiĂ©e quand a Ă©tĂ© effectuĂ©, Ă  l’époque moderne, le passage du gĂ©ocentrisme Ă  l’hĂ©liocentrisme dont a rĂ©sultĂ© une objectivation de la notion de milieu allant dans le sens de son illimitation et de son dĂ©centrement l’homme n’a pu alors continuer Ă  se percevoir comme se trouvant au centre du monde, et d’un monde fait Ă  sa mesure, mais il a Ă©tĂ© rejetĂ© Ă  sa pĂ©riphĂ©rie, une pĂ©riphĂ©rie qui se trouve Ă  la fois partout et nulle part. Mais, congĂ© ayant Ă©tĂ© ainsi donnĂ© au prĂ©jugĂ© anthropocentriste, on n’en a pas fini pour autant avec un autre prĂ©supposĂ©, qui est celui de l’anthropomorphisme, comme le montre Canguilhem dans son article sur L’homme et l’animal d’un point de vue psychologique selon Charles Darwin ». Dans La Descendance de l’homme 1871 et dans l’ouvrage consacrĂ© Ă  l’Expression des Ă©motions chez l’homme et chez l’animal 187226 sont jetĂ©es les bases d’une psychologie comparĂ©e qui relie l’homme et l’animal en installant entre eux une diffĂ©rence, non de nature, mais de degrĂ©, ce qui revient Ă  projeter sur l’ensemble des vivants un principe de mesure que son caractĂšre quantitatif rend homogĂšne dans l’abstrait, et qui est en rĂ©alitĂ© calquĂ© sur le type des classifications humaines. Alors, c’est par rapport Ă  l’homme que l’ensemble des vivants se trouve Ă©valuĂ©, ce qui incite Ă  nous reprĂ©senter comme des animaux Ă  valeur ajoutĂ©e »27, donc, inversement, Ă  reprĂ©senter les animaux comme des hommes Ă  valeur diminuĂ©e, et mĂȘme, si on adopte le paradigme de l’échelle des ĂȘtres, de plus en plus diminuĂ©e. En consĂ©quence, c’est dĂ©valoriser l’animal pour valoriser l’homme au nom de la conception que celui-ci se fait de ses propres valeurs, alors que celles-ci sont Ă©trangĂšres Ă  celles des autres vivants En somme la Descendance de l’homme aurait seulement opĂ©rĂ© un coup de force dans la nomenclature. L’adjectif sapiens, jusqu’alors accolĂ© Ă  homo, serait dĂ©sormais accolĂ© Ă  animal, homo y compris. Mais dans ce transfert l’adjectif conserverait quelque empreinte du substantif auquel il Ă©tait initialement appliquĂ©. »28 Suivi jusqu’à ses ultimes consĂ©quences, ce prĂ©supposĂ© anthropomorphique conduit Ă  penser qu’il n’y a de vrai sujet, pleinement constituĂ©, qu’humain, les autres vivants Ă©tant renvoyĂ©s au statut de quasi sujets, sujets incomplets, imparfaits, voire mĂȘme manquĂ©s, auxquels fait dĂ©faut, du moins en partie, la capacitĂ© entiĂšre d’évaluation et de jugement qui appartient Ă  l’humain comme tel et le dĂ©finit. Cette position est celle d’un Ă©volutionnisme de premier degrĂ©, au point de vue duquel l’antĂ©rieur est automatiquement infĂ©rieur, et le postĂ©rieur supĂ©rieur. Or, dĂšs la thĂšse de mĂ©decine de 1943, Canguilhem avait pris nettement distance avec une telle maniĂšre de voir Vivre, c’est, mĂȘme chez une amibe, prĂ©fĂ©rer et exclure. »29 PrĂ©fĂ©rer et exclure, en faisant la diffĂ©rence entre ce qui est estimĂ© utile et le nuisible, manifestations Ă©lĂ©mentaires de la polaritĂ© de la vie, c’est exprimer des exigences, en rapport avec un devoir-ĂȘtre, donc, au sens propre du terme, juger, mĂȘme si ce n’est pas en conscience et Ă  bon escient. Dans des notes rĂ©digĂ©es en 1941 au moment oĂč Canguilhem est engagĂ© dans le travail de prĂ©paration de sa thĂšse de mĂ©decine, il Ă©crit Si nous admettons, en accord du reste avec la suggestion Ă©tymologique, que juger c’est discriminer et Ă©valuer, pourquoi refuserions-nous le jugement mĂȘme Ă  une amibe, Ă  un vĂ©gĂ©tal ? Partout oĂč il y a vie [
] il y a discernement et choix et donc il y a jugement. Parce que la conscience relative dont il jouit permet Ă  l’homme de construire une thĂ©orie du jugement, cela n’entraĂźne pas que la puissance de juger commence Ă  lui et soit refusĂ©e aux vivants autres que lui. »30 De ce que la puissance de juger ne commence pas Ă  l’homme rĂ©sulte que ce n’est pas en fonction des normes Ă©dictĂ©es par l’homme d’aprĂšs les modalitĂ©s spĂ©cifiques que cette puissance de juger revĂȘt pour lui et si l’on veut en lui, dans son monde propre, que celle-ci doit ĂȘtre interprĂ©tĂ©e gĂ©nĂ©ralement, ce qui revient Ă  la faire rentrer dans une grille homogĂšne et continue oĂč toutes les formes possibles d’exercice de cette puissance de prĂ©fĂ©rer et d’exclure sont rabattues sur un mĂȘme type intellectualisĂ© repris de l’homme. De ce point de vue, le prĂ©jugĂ© anthropomorphique n’est qu’un avatar de l’ontologisme qui fait tout rentrer dans l’ordre du mĂȘme. Sans doute, l’amibe, lorsqu’elle prĂ©fĂšre ou exclut, donc lorsque, Ă  son niveau, – quantum in se est », dirait Spinoza –, elle juge, ne le fait pas, non seulement de la mĂȘme maniĂšre, mais de maniĂšre comparable, c’est-Ă -dire Ă©valuable en termes de plus ou de moins, avec celle qui est propre Ă  l’humain elle le fait de maniĂšre toute diffĂ©rente – Spinoza dirait selon les exigences de son conatus propre31 –, ce qui exclut une telle comparaison. Sur le plan de la vie, s’il y a partout puissance de juger, c’est-Ă -dire de discriminer l’utile du nuisible, il n’y a pas de forme universelle du jugement posĂ©e en rĂ©fĂ©rence Ă  des modĂšles idĂ©aux du bien et du mal qui, considĂ©rĂ©s pour eux-mĂȘmes, auraient une portĂ©e purement thĂ©orique et seraient susceptibles d’ĂȘtre rationalisĂ©s. La puissance de juger s’exerce selon des types irrĂ©ductibles les uns aux autres chez tous les vivants sans exception, – y compris les vĂ©gĂ©taux ; ces derniers, bien qu’ils ne disposent d’aucune mobilitĂ© ne sont pas tout Ă  fait privĂ©s de sensibilitĂ©, donc ont, mĂȘme si cette conscience n’est pas rĂ©flĂ©chie et ne s’accompagne pas de conscience de soi, conscience de leur environnement dont ils ressentent la prĂ©sence Ă  travers les sollicitations venues de lui qu’ils perçoivent parce qu’elles ont un sens pour eux 32. Cela signifie que ces vivants sont tous, chacun Ă  sa maniĂšre, sujets de jugement, en l’absence d’une forme-sujet gĂ©nĂ©rale, dĂ©finissable une fois pour toutes dans sa forme, Ă  laquelle ces diffĂ©rentes façons d’ĂȘtre sujet puissent ĂȘtre rapportĂ©es lorsque l’homme Ă©labore l’idĂ©e d’une forme-sujet dotĂ©e de conscience, c’est dans le contexte propre Ă  ses conditions d’existence qui impliquent la capacitĂ© de rĂ©flĂ©chir et de raisonner mise en Ɠuvre, cultivĂ©e et mĂ©morisĂ©e au cours de sa longue histoire par Homo sapiens. De cette conscience-lĂ , qui n’est cependant pas le type universel de la conscience mais reprĂ©sente les modalitĂ©s de celle-ci qui ont Ă©tĂ© informĂ©es par la culture et les pratiques mĂ©morielles qui lui sont propres, le vĂ©gĂ©tal et l’amibe sont manifestement privĂ©s mais cela ne les empĂȘche pas d’ĂȘtre eux aussi, dans l’ordre qui les dĂ©finit, sujets » Ă  l’intĂ©rieur de leurs mondes oĂč ils dĂ©tiennent, dans certaines limites, autant qu’il est en eux de le faire, la position de centres de jugement et d’initiative, capables comme tels de rĂ©agir Ă  des sollicitations venues de leur environnement. Il en rĂ©sulte que ĂȘtre sujet, pour un vivant quel qu’il soit, ce n’est pas prioritairement ĂȘtre sujet de raison, ce qui, Ă  la rigueur, mais c’est encore bien rĂ©ducteur, peut ĂȘtre avancĂ© Ă  propos de l’homme, mais c’est ĂȘtre sujet d’action, engagĂ© dans le monde d’une maniĂšre qui n’est pas uniquement reprĂ©sentationnelle et mentale mais aussi, et mĂȘme avant tout, comportementale et corporelle. Être sujet, ce qui n’est pas une condition donnĂ©e de maniĂšre statique, c’est donc avant tout se trouver dans un rapport d’interpĂ©nĂ©tration rĂ©ciproque avec son milieu d’existence, et adopter tant bien que mal, en prenant des risques, les allures de vie qui rĂ©pondent dynamiquement Ă  ce rapport ; en consĂ©quence, c’est dĂ©velopper, autant qu’on y est enclin par sa nature, le sens du possible. Devoir ĂȘtre, Ă  ce point de vue, ne se rĂ©sume pas au fait de se soumettre mĂ©caniquement Ă  des obligations extĂ©rieures, mais consiste Ă  ĂȘtre inclinĂ© par sa nature propre dans le sens d’un mouvement tendanciel dont le principe est immanent Ă  son sujet »33. L’identitĂ© d’un tel sujet, qui n’est pas rĂ©ductible Ă  un Ă©tat ou Ă  un acquis, est elle-mĂȘme tendancielle, c’est-Ă -dire qu’elle se constitue et se transforme au fur et Ă  mesure que se dĂ©roule le cycle de ses interfĂ©rences avec son milieu ; elle reste une virtualitĂ© qui demeure en permanence Ă  mettre en Ɠuvre34. À ce point de vue, il n’y a de milieu, comme il n’y a de sujet, que virtuels. Ce qui spĂ©cifie l’humain par rapport aux autres vivants, c’est que cette plasticitĂ© est portĂ©e par lui Ă  sa puissance maximale l’évolution naturelle et son histoire propre, qui, il ne faut pas l’oublier, est issue de cette Ă©volution et n’en est en fin de compte qu’une production dĂ©rivĂ©e, une branche », lui ont donnĂ© la capacitĂ© Ă  la fois de changer son milieu, par l’intermĂ©diaire de la technique, et, au besoin, de changer de milieu en s’exterritorialisant, capacitĂ© dont les autres espĂšces ne disposent pas, du moins Ă  ce degrĂ© et Ă  ce rythme. La reconfiguration de la notion de sujet appelĂ©e par la connaissance de la vie en Ă©largit donc l’extension en rĂ©trĂ©cissant sa comprĂ©hension ĂȘtre sujet, au point de vue propre Ă  cette connaissance, ce n’est rien de plus que prĂ©fĂ©rer et exclure, en Ă©tant exposĂ© Ă  la polaritĂ© de la vie et de ses valeurs. Est-il permis de parler Ă  ce propos de rĂ©volution copernicienne » ? Cette formule, on le sait, peut ĂȘtre prise dans des sens opposĂ©s. Dans son sens littĂ©ral, celui de Copernic, elle Ă©voque la procĂ©dure de dĂ©centration et d’objectivation qui dĂ©bouche Ă  terme sur la reprĂ©sentation de l’univers infini35. Dans la reprise paradoxale qui en a Ă©tĂ© effectuĂ©e par une certaine vulgate kantienne, elle indique, exactement Ă  l’inverse, une opĂ©ration de recentrement, qui replace le sujet au centre d’un monde alors, ce dernier cesse d’ĂȘtre le monde » en gĂ©nĂ©ral et devient, en particulier, son monde », celui qu’il recrĂ©e Ă  sa mesure en utilisant les moyens qui lui sont fournis par son organisation mentale, sa raison ». Lorsqu’il forge le concept d’Umwelt, UexkĂŒll explique que la biologie trouve accĂšs Ă  la doctrine de Kant qu’elle va scientifiquement exploiter dans la thĂ©orie des milieux en insistant sur le rĂŽle dĂ©cisif du sujet »36 ce rĂŽle dĂ©cisif concĂ©dĂ© au sujet revient Ă  le placer au centre d’un monde qui est, Ă  tous Ă©gards, le sien », et ne peut en consĂ©quence ĂȘtre reprĂ©sentĂ© comme un ordre de rĂ©alitĂ© universellement diffus et englobant, espace neutre indĂ©pendant de la position du sujet qui l’occupe ou qui l’habite. Lorsqu’il fait ce rapprochement, UexkĂŒll ne tient pas compte du fait que le sujet auquel il fait rĂ©fĂ©rence, qui se pose comme tel en rapport Ă  l’Umwelt qu’il reconfigure autour de lui en fonction de ses valeurs propres, n’est pas, comme l’envisage Kant, un sujet mental, soumis aux rĂšgles d’une raison pure, mais un sujet corporel, d’emblĂ©e engagĂ© dans le monde oĂč il agit, ce qui change tout ce sujet n’est en aucun cas un esprit tournĂ© prioritairement vers soi, un sujet qui se » pense, mais un ĂȘtre que son organisation corporelle, si elle peut ĂȘtre considĂ©rĂ©e en elle-mĂȘme et pour elle-mĂȘme d’un point de vue anatomique, met, si on la considĂšre sur le plan de son fonctionnement, donc d’un point de vue physiologique, en rapport avec d’autres ĂȘtres naturels, vivants ou non vivants, Ă  l’égard desquels il est amenĂ© Ă  entretenir des rapports actifs de prĂ©fĂ©rence ou d’exclusion, en formulant les exigences propres Ă  un devoir-ĂȘtre » en cours d’effectuation. D’autre part, UexkĂŒll donne Ă  penser que, Ă  son point de vue, chaque monde conformĂ© en rapport avec un certain type de vivant et centrĂ© sur ses besoins spĂ©cifiques se prĂ©sente comme un empire autonome, enfermĂ© dans les limites de son ordre propre, tanquam imperium in imperio, serait-on tentĂ© de dire ; il faudrait alors traduire cette formule comme un empire dans l’empire », ce second empire, qui contient tous les autres, Ă©tant le monde en gĂ©nĂ©ral. En vue de dĂ©velopper cette idĂ©e, UexkĂŒll utilise une parabole , celle du chĂȘne et de ses habitants qui, selon ses propres termes, fournit le tĂ©moignage de ce qui se produit en grand dans le grand arbre de la nature »37. Pour les animaux qui s’y sont installĂ©s, – le renard qui a construit sa taniĂšre entre ses racines, la chouette qui a trouvĂ© au croisement de ses branches un poste d’observation commode, la fourmi qui fouille sous l’écorce de son tronc, etc. –, la mĂȘme rĂ©alitĂ© naturelle fait l’objet de dĂ©coupes diffĂ©rentes38. Le sujet-chĂȘne, sujet-monde qui porte et renferme tous les milieux », contient les empires particuliers que s’y taillent, chacun pour soi, les diffĂ©rents vivants qui l’habitent en ignorant son existence et sans rien savoir de sa nature il constitue pour eux l’équivalent de la chose en soi inconnaissable Ă  laquelle ils n’ont pas besoin de se rĂ©fĂ©rer pour exister et pour agir Ă  leur façon propre. L’univers tel que UexkĂŒll l’interprĂšte, est peuplĂ© de sujets, sujets intentionnels Ă  dĂ©faut d’ĂȘtre rĂ©flĂ©chis et conscients des buts vers lesquels leurs comportements sont orientĂ©s ; ces sujets dĂ©ploient autour d’eux des mondes composĂ©s de signes que, s’ils ne les ont pas Ă  proprement parler produits, tirĂ©s absolument du nĂ©ant, ils ont sĂ©lectionnĂ©s. Kurt Goldstein a opposĂ© Ă  cette maniĂšre de voir l’objection suivante Ce ne serait possible que si chaque organisme individuel vivait solidement encastrĂ© dans un monde Ă  part, son environnement, et si pour lui le reste du monde n’existait pas. Mais dans ce cas le problĂšme de l’organisme serait simplement dĂ©placĂ© pour devenir le problĂšme de cet environnement dĂ©terminĂ©. En rĂ©alitĂ© la situation est toute diffĂ©rente. Chaque organisme vit dans un monde qui est loin de ne contenir que des excitations adĂ©quates Ă  cet organisme, il ne vit point dans son seul environnement », mais au contraire dans un monde oĂč toutes les autres excitations possibles se font sentir et agissent sur lui. C’est de cet environnement en quelque sorte nĂ©gatif qu’il doit venir Ă  bout. En rĂ©alitĂ© il se fait sans cesse un choix parmi les Ă©vĂ©nements du monde selon qu’ils appartiennent » Ă  l’organisme ou qu’ils n’appartiennent pas Ă  l’organisme. L’environnement d’un organisme n’est point quelque chose d’achevĂ©, mais il se forme sans cesse Ă  nouveau dans la mesure oĂč l’organisme vit et agit. »39 L’environnement d’un organisme n’est point quelque chose d’achevĂ© » il n’est pas donnĂ© tel quel avec l’organisme, au titre d’un prolongement ou d’une Ă©manation de sa constitution, mais il est le rĂ©sultat de son activitĂ© temporelle, au cours de laquelle l’organisme est en prise avec un monde dans lequel il lui faut Ă  chaque fois se refaire une place en tenant compte des circonstances du moment. Pour revenir au modĂšle du chĂȘne, celui-ci ne se prĂ©sente pas comme un immeuble Ă  plusieurs Ă©tages dont les diffĂ©rents occupants seraient confinĂ©s dans des appartements sĂ©parĂ©s, et n’auraient l’occasion de se rencontrer, fugitivement et sans suite, que lorsqu’ils en empruntent les parties communes ». Se retrouve ici l’ambiguĂŻtĂ© constitutive de la notion de milieu, qui ne fonctionne pas Ă  sens unique, mais est rĂ©versible, dans la mesure oĂč elle joue simultanĂ©ment du centre vers la pĂ©riphĂ©rie mais aussi de la pĂ©riphĂ©rie vers le centre, ce qui lui confĂšre instabilitĂ© et inachĂšvement. La relation du vivant Ă  son milieu ne prĂ©sente donc pas le caractĂšre d’un fait immuable, objectivement donnĂ©, mais elle est tendancielle, en cours d’effectuation, jamais achevĂ©e ; c’est pourquoi son allure est celle d’un devoir-ĂȘtre » dont la rĂ©alisation, soumise aux conditions de la prĂ©caritĂ©, n’est pas garantie. La fable du chĂȘne racontĂ©e par UexkĂŒll offre une certaine analogie avec la parabole du hĂ©risson que Canguilhem commente dans La connaissance de la vie 40. Dans la piĂšce de Giraudoux, Electre, Ă  laquelle cette parabole est empruntĂ©e, le mendiant qui la rapporte s’interroge sur le destin tragique qui amĂšne les hĂ©rissons Ă  traverser des routes oĂč ils se font Ă©craser. Or, selon Canguilhem, cette interrogation n’a aucun sens si on prend en compte les conditions dans lesquelles les hĂ©rissons sont amenĂ©s Ă  se dĂ©placer, non pas dans l’espace en gĂ©nĂ©ral, mais dans leur espace Ă  eux, tel qu’il se dĂ©finit en fonction des besoins et tendances des vivants qu’ils sont, c’est-Ă -dire prĂ©cisĂ©ment des hĂ©rissons Ă  l’intĂ©rieur de cet espace, il n’y a pas de routes, celles-ci Ă©tant tracĂ©es par les hommes Ă  travers leur espace spĂ©cifique d’hommes modifiĂ© par les moyens des techniques humaines. En consĂ©quence, il n’y a pas lieu de se demander quelle fatalitĂ© amĂšne les hĂ©rissons Ă  traverser les routes tracĂ©es par les hommes, car ces routes, qui figurent dans l’espace des hommes, n’ont pas place dans leur espace de hĂ©rissons, ce qui explique qu’ils s’y lancent Ă  l’aveugle. Mais il faut aller plus loin si les hĂ©rissons ne traversent pas les routes humaines, ces derniĂšres, elles, coupent, lacĂšrent, l’espace configurĂ© en fonction de leur nature propre de hĂ©rissons, ce qui a pour eux des consĂ©quences fatales qu’ils ne pouvaient prĂ©voir car elles Ă©taient privĂ©es pour eux de signification. Il serait donc inappropriĂ© de soutenir que les espaces vitaux des hommes, des hĂ©rissons, et de toutes les autres espĂšces de vivants, se cĂŽtoient sans jamais se rencontrer, Ă  la maniĂšre de locaux cloisonnĂ©s qui coexistent dans le cadre d’un immeuble collectif oĂč, Ă©tant rĂ©unis, ils restent cependant dĂ©finitivement indĂ©pendants les uns des autres bien au contraire, la rĂ©alitĂ© effective des mouvements vitaux accomplis Ă  l’intĂ©rieur de ces diffĂ©rents espaces est affectĂ©e par les diverses formes que sont exposĂ©s Ă  prendre leurs croisements, Ă  l’intĂ©rieur d’un monde oĂč, en permanence, ils interfĂšrent ou risquent d’interfĂ©rer. Se retrouve ici la conflictualitĂ© immanente Ă  la notion de milieu, qui fluctue entre deux pĂŽles extrĂȘmes, l’un objectif, neutre et indiffĂ©renciĂ©, l’autre subjectif, qualifiĂ© et valorisĂ©. Ce qu’on appelle espace est pris entre ces deux maniĂšres d’exister selon l’une, il dĂ©ploie ses rĂ©gularitĂ©s sur un plan gĂ©nĂ©ral, uniformĂ©ment, nĂ©cessairement, sans privilĂ©gier aucun type d’ĂȘtre ou de comportement ; selon l’autre, il revĂȘt des allures spĂ©ciales, diversifiĂ©es, orientĂ©es en fonction des besoins des sujets qui en font leur champ d’action. D’un cĂŽtĂ©, il obĂ©it Ă  la logique de l’ĂȘtre, en vertu de laquelle il n’est qu’un contenant pour des mi-lieux ; de l’autre cĂŽtĂ©, il est mobilisĂ©, entraĂźnĂ© par l’élan du devoir-ĂȘtre qui le diversifie en mi-lieux incommensurables entre eux. Dans une telle situation, vivre, persĂ©vĂ©rer dans son ĂȘtre, c’est-Ă -dire avoir Ă  ĂȘtre, en Ă©tant portĂ© par la puissance du virtuel et non en se soumettant aveuglĂ©ment Ă  des rĂšgles, n’est possible qu’en relation Ă  la fois avec un mi-lieu et avec un mi-lieu. Il en rĂ©sulte que ce n’est pas un Ă©tat garanti, mais une expĂ©rience paradoxale, contrastĂ©e, hasardeuse, pleine de risques, incertaine, tendancielle, Ă  la fois centrĂ©e et dĂ©centrĂ©e, tiraillĂ©e entre les deux pĂŽles de l’objectif et du subjectif, dont l’opposition n’est pas susceptible d’ĂȘtre rĂ©solue. Le principal point d’inflexion du parcours suivi par Canguilhem a Ă©tĂ© la dĂ©cision d’entreprendre des Ă©tudes de mĂ©decine, dĂ©cision philosophique motivĂ©e par le dĂ©sir de donner un contenu concret, puisĂ© Ă  mĂȘme le dĂ©roulement des processus vitaux, Ă  la rĂ©flexion au sujet du devoir-ĂȘtre. [↩]Cf. la reproduction de la confĂ©rence Le cerveau et la pensĂ©e », placĂ©e en tĂȘte du recueil des Actes du Colloque de 1990, Georges Canguilhem, philosophe, historien des sciences, Paris, Albin Michel, 1993, p. 29. [↩]La maxime comtienne Connaissance d’oĂč prĂ©voyance, prĂ©voyance d’oĂč action », qui Ă©tablit, entre la science et la technique, une relation directe d’application, prĂ©figure Ă  sa maniĂšre la rationalisation du travail humain mise en oeuvre par le taylorisme, qui fait de l’ouvrier un organe de la machine, comme le montrent les recherches de G. Friedmann auxquelles Canguilhem a fait Ă  maintes reprises rĂ©fĂ©rence. Cette mĂ©canisation tendancielle du travail, qui repose sur la procĂ©dure de normalisation par laquelle sont engendrĂ©s des sujets productifs calibrĂ©s en vue d’accomplir le type de tĂąches auxquelles ils sont vouĂ©s, constitue une forme de subordination Ă  la loi de l’ĂȘtre, Ă  la loi des choses ; celle-ci suscite inĂ©vitablement des rĂ©sistances, donc l’appel Ă  un devoir-ĂȘtre qui, Ă  terme, retourne le rapport de la connaissance et de l’action. Marx pensait Ă  quelque chose de ce genre lorsqu’il avançait, en vue de rĂ©duire les prĂ©tentions autotĂ©liques de la raison, la thĂšse du primat de la pratique. [↩]Avec une ironie cinglante pleine de sous-entendus, la Note sur la situation faite en France Ă  la philosophie biologique » Ă©pingle au passage le tropisme spiritualiste propre Ă  la philosophie de tradition française, prompt Ă  engendrer l’habitude de ne plus cultiver le jardin, en laissant ce soin Ă  la Providence » Oeuvres ComplĂštes, t. IV, Paris, Vrin, 2015, p. 319. [↩]Kant, Essai pour introduire en philosophie le concept de grandeur nĂ©gative, trad. fr., Paris, Vrin, 1949, p. 76. Cette traduction, prĂ©cĂ©dĂ©e d’une longue introduction, avait constituĂ© un travail de maĂźtrise rĂ©alisĂ© Ă  Strasbourg par R. Kempf sous la direction de Canguilhem, qui en a lui-mĂȘme prĂ©facĂ© l’édition. [↩]Dans son Esquisse d’une philosophie des valeurs 1939, E. DuprĂ©el, que Canguilhem avait lu de prĂšs, dĂ©clare Un concept n’est possible que par un refoulement dans l’indĂ©terminĂ© de tout ce qu’on ne fait pas entrer dans sa comprĂ©hension ; il appelle le correctif de son anti-concept. Ce mot ne veut pas dire son contraire, mais son complĂ©ment » p. 73, et Le philosophe est le penseur qui ne fait jamais abstraction des complĂ©mentaires » p. 289. [↩] La contradiction est une opposition absolue, l’opposĂ© y est la nĂ©gation, sans rĂ©serves, du posĂ©. Or, si cela est, l’un des deux termes seul peut ĂȘtre rĂ©el, puisque l’autre est tout nĂ©gatif. Mais le cas des contraires est tout dissemblable. Ils ne se nient pas entiĂšrement l’un l’autre et cela demande qu’ils aient de la rĂ©alitĂ© l’un comme l’autre. La contrariĂ©tĂ© en un mot, est une opposition rĂ©elle. » O. Hamelin, Essai sur les Ă©lĂ©ments principaux de la reprĂ©sentation, Paris, PUF, 1952, p. 11 [↩]Rickert, ThĂšses pour le systĂšme de la philosophie » 1932, trad. fr. in Le systĂšme des valeurs et autres articles, Paris, Vrin, 2007, p. 266. Il est Ă  noter que, lorsque Rickert assigne pour but Ă  la philosophie de progresser jusqu’au tout », il veut dire qu’elle doit s’orienter dans le sens de cette progression, sans toutefois que cela signifie que celle-ci puisse parvenir Ă  son terme. [↩]G. Canguilhem, Le normal et le pathologique, Paris, PUF/Quadrige, 1988, p. 135. [↩]Id., p. 176. [↩]Dans le Cours de philosophie gĂ©nĂ©rale et de logique professĂ© en 1942-1943, donc au moment oĂč Canguilhem compose son Essai sur quelques problĂšmes concernant le normal et le pathologique, l’utopie est ainsi caractĂ©risĂ©e L’utopie, c’est le nom que prend en matiĂšre sociale le caractĂšre d’exigence opposĂ© Ă  l’existence, de tout jugement normatif » ƒuvres complĂštes, t. IV, Paris, Vrin, 2015, note, p. 108. L’esprit d’utopie, c’est cette incitation Ă  aller au-delĂ  de ses manifestations donnĂ©es qui, de l’intĂ©rieur, creuse le rĂ©el elle l’engage sur la voie du devoir-ĂȘtre et de ses exigences » qui lui prescrivent d’ĂȘtre plus que ce qu’il est, de se dĂ©passer. Cette maniĂšre d’apprĂ©hender l’utopie n’est pas Ă©loignĂ©e de celle dĂ©veloppĂ©e par Ernst Bloch Ă  partir de l’opposition entre possible rĂ©el » et possible objectif » qui, comme Bergson l’avait fait dans sa confĂ©rence sur Le possible et le rĂ©el », procĂšde du renversement de la relation du possible au rĂ©el le possible ne se situe pas en attente d’un rĂ©el dont il constituerait la promesse ou l’annonce anticipĂ©e, mais il reprĂ©sente d’emblĂ©e la face nĂ©gative de ce rĂ©el dont il est la projection en acte ; il ne se situe pas en arriĂšre du rĂ©el, comme un rĂ©el en puissance, mais devant lui, au titre d’une exigence qui pousse activement dans le sens de sa transformation, de sa transformation rĂ©volutionnaire dirait-on dans le langage du marxisme. Etwas fehlt », refrain d’une des chansons du Mahagonny de Brecht que Bloch a Ă©rigĂ© en maxime de l’esprit d’utopie, exprime la puissance de transformation dont est porteur en lui-mĂȘme, en tant que schĂšme pratique, le nĂ©gatif. [↩]Dans le mĂȘme sens, F. Deligny place en alternative aux convictions surplombantes du croire » les expĂ©riences hasardĂ©es par le craindre », qui assume les incertitudes du monde tel qu’il est ou tel qu’il paraĂźt ĂȘtre dans lequel il essaie tant bien que mal de s’orienter. [↩]L’appel aux valeurs, loin d’ĂȘtre portĂ© par un esprit consensuel de rĂ©conciliation, remplit avant tout une fonction corrosive de contestation. C’est dans ce sens que Canguilhem a interprĂ©tĂ© la leçon de rĂ©sistance » qu’il avait reçue de CavaillĂšs. [↩]Dans son Commentaire au troisiĂšme chapitre de L’Evolution crĂ©atrice, Canguilhem Ă©crit Le schĂšme, c’est moins une forme qu’une indication, une direction de forme » ƒuvres ComplĂštes, t. IV, Paris, Vrin, 2015, p. 158, ce qui souligne le caractĂšre essentiellement dynamique de cette notion. Selon Kant, le principe du schĂ©matisme, fonction de l’imagination qui est en derniĂšre instance le moteur de l’activitĂ© de la raison, est logĂ© dans les replis secrets de l’ñme humaine au titre d’une exigence, et mĂȘme pourrait-on dire d’une exigence vitale, il en reprĂ©sente, au sens propre du terme, la tendance la plus profonde. C’est ce qui a conduit Heidegger, dans son livre sur Kant et le problĂšme de la mĂ©taphysique, Ă  rĂ©interprĂ©ter l’ensemble de la dĂ©marche critique Ă  la lumiĂšre de ce schĂ©matisme », qui place l’imagination au cƓur du fonctionnement de la raison, proposition renversante, d’oĂč ressort une image complĂštement nouvelle du kantisme, qui a choquĂ© au moment oĂč elle a Ă©tĂ© lancĂ©e voir Ă  ce sujet le dĂ©bat que, Ă  l’occasion du colloque de Davos, Heidegger a eu en 1929, annĂ©e oĂč son livre a Ă©tĂ© publiĂ©, avec Cassirer, reprĂ©sentant d’un kantisme plus classique, plus rationnel » ; en raison de l’effet de stimulation qu’elle produit, cette relecture dĂ©capante, iconoclaste, mĂ©rite d’ĂȘtre prise en compte. [↩] Le normal et le pathologique », in La connaissance de la vie, Paris, Vrin, 1966, p. 167. [↩]En suivant l’histoire de cette notion, on rencontre des occurrences les plus contradictoires de celle-ci on parle de milieu intĂ©rieur » ou de milieu extĂ©rieur », de milieu propre » centrĂ© comme tel sur une position de sujet ou de milieu naturel » n’impliquant aucune position de sujet, etc. Etonnamment, cette notion navigue au milieu » de ces occurrences entre lesquelles elle balance sans fin, Ă  l’interface du naturel et de l’artificiel. [↩] Nous estimons que les questions authentiquement importantes sont des questions mal posĂ©es [
] Une question ne peut, en tant que telle, ĂȘtre que mal posĂ©e. » La formation du concept de rĂ©flexe aux XVIIe et XVIIIe siĂšcles, Paris, PUF, 1955, p. 123 C’est prĂ©cisĂ©ment parce qu’elle se dĂ©robe Ă  une analyse rationnelle directe que la notion de milieu est fĂ©conde, et oblige Ă  remettre en question un certain nombre d’idĂ©es reçues. [↩]Dans le contexte propre Ă  ce dĂ©bat, le mot milieu » vĂ©hicule des significations complĂštement diffĂ©rentes pour Lamarck, il dĂ©signe la Nature grandiose et tragique des romantiques ; pour Darwin, c’est l’ensemble limitĂ© des concurrents et agresseurs potentiels qui se disputent un mĂȘme espace vital. On trouve lĂ  un exemple de la polysĂ©mie du concept de milieu, qui est le moteur essentiel de son fonctionnement. [↩] Le vivant et son milieu », La connaissance de la vie, p. 15. [↩]Ces deux façons possibles de graphier le mot milieu » sont indiquĂ©es par Canguilhem au bas de la p. 150 de La connaissance de la vie. [↩] Lorsque, tout Ă  la fin de la partie complĂ©mentaire du Normal et le pathologique, Canguilhem introduit la thĂ©matique proprement renversante de la maladie de l’homme normal » Le normal et le pathologique, Paris, PUF/Quadrige, 1966, p. 216, il inscrit sa dĂ©marche dans une telle ambiance d’inquiĂ©tude ; celle-ci est installĂ©e dĂšs lors que sont dissipĂ©es les certitudes dont, sĂ»r de son identitĂ©, se gargarise un sujet de survol qui s’est placĂ© dans une position surplombante par rapport aux alĂ©as de son milieu d’existence, ce qui lui permet de confĂ©rer Ă  sa normalitĂ© » une dimension ontologique, donc d’en faire un Ă©tat stable auquel il attribue illusoirement la capacitĂ© de se perpĂ©tuer Ă  l’identique. L’homme dit sain n’est donc pas sain. Sa santĂ© est un Ă©quilibre qu’il rachĂšte sur des ruptures inchoatives. La menace de la maladie est l’un des constituants de la santĂ© » id., p. 217. Dans l’épilogue elliptique qu’il a placĂ© en conclusion du Normal et le Pathologique, Canguilhem laisse entendre que l’appel Ă  ĂȘtre normatif » en faisant craquer les normes » qu’il avait lancĂ© dans son Essai de 1943, appel qui, pris Ă  la lettre, tendait Ă  minorer la menace de la maladie et Ă  faire l’impasse sur le fait qu’elle est l’un des constituants de la santĂ© », Ă©tait le fait d’un homme jeune que la tĂ©mĂ©ritĂ© inclinait Ă  dĂ©velopper une conception impĂ©rative, hĂ©roĂŻque, du devoir-ĂȘtre. Vingt ans aprĂšs », le mĂȘme Canguilhem invite son lecteur Ă  mesurer combien, avec le temps, nous avons, conformĂ©ment Ă  notre discours sur les normes, rĂ©duit les nĂŽtres » id., p. 218 cette formule contournĂ©e suggĂšre qu’il est passĂ© Ă  une conception plus mesurĂ©e, et en quelque sorte plus rĂ©aliste, du devoir-ĂȘtre, modĂ©rĂ©e par la considĂ©ration des ruptures inchoatives » qui accompagnent inĂ©vitablement sa mise en Ɠuvre. Devoir-ĂȘtre signifie alors, non plus imposer par la seule force de sa volontĂ© de nouvelles normes d’existence allant dans le sens de son Ă©largissement, mais avoir pĂ©niblement Ă  ĂȘtre, Ă  continuer Ă  ĂȘtre, Ă  persĂ©vĂ©rer dans son ĂȘtre, en tenant compte des multiples risques de perturbation provoquĂ©s les erreurs de la vie et les incertitudes du milieu, qui, les unes comme les autres, ne peuvent ĂȘtre ni ignorĂ©es ni contrĂ©es frontalement. En forçant le trait, on pourrait dire qu’il est alors passĂ© d’une conception morale du devoir-ĂȘtre qui en renvoie la responsabilitĂ© Ă  un sujet que sa vigueur momentanĂ©e incite Ă  ĂȘtre sĂ»r de soi, ce qui tend Ă  l’installer dans une position de survol, Ă  une conception au sens propre du terme biologique, pratiquĂ©e dans un esprit de surveillance, attentive aux alĂ©as qui, qu’il s’en rende compte ou non, remettent en question la stabilitĂ© dont profite provisoirement, de façon inĂ©vitablement prĂ©caire, l’homme en bonne santĂ©. [↩]ConsidĂ©rer les vivants en les sĂ©parant de leurs milieux d’existence, c’est procĂ©der, en thĂ©orie, Ă  une opĂ©ration d’abstraction qui, automatiquement, ĂŽte Ă  ces vivants leur capacitĂ© d’agir, donc en fin de compte leur puissance d’exister de tels vivants, privĂ©s de besoins et de tendances, ne sont plus que des choses mortes. C’est en raison de l’importance qu’il attribuait Ă  cette question que Canguilhem, lorsqu’il a dirigĂ© une collection de textes philosophique Ă  l’usage de l’enseignement, s’est rĂ©servĂ© la responsabilitĂ© de composer l’ouvrage intitulĂ© Besoins et tendances ». [↩]Selon Foucault, c’est cette approche que privilĂ©gient les techniques sĂ©curitaires mises en Ɠuvre par le biopouvoir La sĂ©curitĂ© va essayer d’amĂ©nager un milieu en fonction d’évĂ©nements ou de sĂ©ries d’évĂ©nements ou d’élĂ©ments possibles, sĂ©ries qu’il va falloir rĂ©gulariser dans un cadre multivalent et transformable. L’espace propre Ă  la sĂ©curitĂ© renvoie donc Ă  une sĂ©rie d’évĂ©nements possibles, il renvoie au temporel et Ă  l’alĂ©atoire, un temporel et un alĂ©atoire qu’il va falloir inscrire dans un espace donnĂ©. L’espace dans lequel se dĂ©roulent des sĂ©ries d’élĂ©ments alĂ©atoires, c’est, je crois, Ă  peu prĂšs cela que l’on appelle le milieu [
] Le milieu, qu’est-ce que c’est ? C’est ce qui est nĂ©cessaire pour rendre compte de l’action Ă  distance d’un corps sur un autre. C’est donc bien le support et l’élĂ©ment de circulation d’une action. C’est donc le problĂšme circulation et causalitĂ© qui est en question dans cette notion de milieu » SĂ©curitĂ©, territoire, population, leçon du 11 janvier 1978, Paris, Gallimard/Seuil, 2004, p. 22. Le milieu, – l’analyse de Foucault se rapporte au cas prĂ©cis du milieu urbain, Ă  l’époque oĂč la croissance Ă©conomique est liĂ©e au dĂ©veloppement des villes –, c’est une portion d’espace offerte Ă  des perspectives collectives de dĂ©placement qui ne sont pas autorĂ©gulĂ©es, et en consĂ©quence se prĂȘtent Ă  ĂȘtre contrĂŽlĂ©es sĂ©curiser ce genre de milieu, oĂč la circulation est devenue un enjeu de gouvernement, c’est anticiper les mouvements qui peuvent s’y produire ; c’est intervenir de maniĂšre prĂ©visionnelle, non sur du rĂ©el mais sur du possible. [↩]C’est Lucien Febvre qui, dans son livre La terre et l’évolution humaine, Introduction gĂ©ographique Ă  l’histoire 1922, la mĂȘme annĂ©e oĂč ont Ă©tĂ© publiĂ©s Ă  titre posthume les Principes de gĂ©ographie humaine de Vidal de la Blache Ă©ditĂ©s par de Martonne, a utilisĂ© le concept de possibilisme » pour rendre compte du tournant opĂ©rĂ© par Vidal de La Blache, en opposition aux gĂ©ographes allemands de l’école de Ratzel qui prĂ©sentait les populations comme Ă©tant rivĂ©es et soumises au sol qu’elles occupent dont elles subissent le dĂ©terminisme causal. Au point de vue de la nouvelle conception du milieu sur laquelle repose une gĂ©ographie mĂ©ritant Ă  plein l’appellation d’ humaine », celui-ci ne consiste pas en un cadre physique, rigidement structurĂ© par sa morphologie qui imposerait ses lois matĂ©rielles Ă  ses occupants, mais il est un espace de possibles, Ă  explorer et Ă  exploiter Ă  l’essai, pour voir en quelque sorte, en se guidant, non sur les lois d’une ontologie, mais sur les valeurs d’une axiologie ; un tel espace s’offre Ă  ĂȘtre, au sens fort du terme, habitĂ© selon les besoins qui dĂ©finissent dynamiquement un mode de vie », ensemble de schĂšmes d’existence virtuels qui se dĂ©finissent peu Ă  peu au fur et Ă  mesure de leur mise en Ɠuvre, en interaction avec le milieu dans lequel ils prennent forme. Une telle conception du milieu, ouverte et non fermĂ©e, se trouvait dĂ©jĂ  en germe chez Darwin, en rapport, non seulement avec les besoins humains tels qu’ils se dĂ©veloppent sous un horizon de culture, mais avec les tendances d’espĂšce propres au vivant en gĂ©nĂ©ral Les possibilitĂ©s d’adaptation d’une espĂšce Ă  son milieu peuvent n’ĂȘtre pas uniques menacĂ©e dans le cadre d’un certain genre de vie, elle retrouve parfois une place si elle rĂ©ussit Ă  modifier son style d’existence. Les places vacantes » en un lieu donnĂ©, selon la terminologie de Darwin, sont moins des espaces libres que des systĂšmes de vie habitat, mode d’alimentation, d’attaque, de protection qui y sont thĂ©oriquement possibles et non encore pratiquĂ©s » Du dĂ©veloppement Ă  l’évolution au XIXe siĂšcle, ThalĂšs, Travaux de l’Institut d’Histoire des sciences et des techniques de l’annĂ©e 1960, Paris, PUF/Quadrige, 1962, p. 32. La notion de style d’existence », ici indiquĂ©e au passage, renvoie au mĂȘme contenu que celle de mode de vie » utilisĂ©e par les gĂ©ographes elle suggĂšre que vivre en relation avec un milieu, pour l’homme comme pour tout vivant, ne consiste pas Ă  se soumettre Ă  des rĂšgles fixĂ©es une fois pour toutes par la nature du milieu environnant ; mais c’est esquisser, en prenant des risques, et dans une perspective d’inachĂšvement, une dĂ©marche inventive qui configure ses buts Ă  mĂȘme le mouvement par lequel, sans garanties, elle se dirige vers eux suivant un certain style ». Le Kranksein thĂ©orisĂ© par Goldstein est, Ă  sa maniĂšre, un style d’existence », qui s’offre Ă  ĂȘtre pratiquĂ© dans une situation limite de crise. [↩]Cf., Ă  ce sujet, Milieu et normes de l’homme au travail », compte-rendu publiĂ© en 1947 dans les Cahiers internationaux de sociologie du livre de G. Friedmann, ProblĂšmes humains du machinisme industriel Canguilhem, ƒuvres complĂštes, t. IV, Paris, Vrin, 2015, p. 291 et sq.. [↩]C’est dans ces deux ouvrages, postĂ©rieurs d’une dizaine d’annĂ©es Ă  l’Evolution des espĂšces, qu’ont Ă©tĂ© posĂ©s les premiers jalons de ce qui s’est appelĂ© plus tard le nĂ©o-darwinisme ». [↩]Cette formule est utilisĂ©e par Tim Ingold dans Marcher avec les dragons, trad. fr., Bruxelles, Zones sensibles, 2014, p. 100. [↩] L’homme et l’animal du point de vue psychologique selon Charles Darwin », in Etudes d’histoire et de philosophie des sciences, Paris, Vrin, 1968, p. 122. [↩]Le normal et le pathologique, p. 84. [↩]Cette note inĂ©dite est citĂ©e par C. Limoges dans son Introduction Ă  l’édition du t. IV des ƒuvres complĂštes de Canguilhem, Paris, Vrin, 2015, p. 35. [↩] Les affects des animaux que l’on dit privĂ©s de raison quae irrationalia dicuntur [
] diffĂšrent des affects des hommes exactement autant que leur nature diffĂšre de la nature humaine. Le cheval comme l’homme est entraĂźnĂ© par le dĂ©sir libido de procrĂ©er; mais, dans un cas, il s’agit d’un dĂ©sir chevalin, et, dans l’autre, d’un dĂ©sir humain. De mĂȘme aussi les dĂ©sirs et appĂ©tits des insectes, des poissons, des oiseaux, doivent diffĂ©rer les uns des autres alii atque alii esse debent » Ethique III, scolie de la proposition 57. Autrement dit, le dĂ©sir, expression directe du conatus propre Ă  chaque ĂȘtre, Ă©chappe Ă  une mesure commune conduisant Ă  l’évaluer en termes de plus ou de moins en rĂ©fĂ©rence Ă  la nature idĂ©ale des buts qu’il poursuit. Selon Spinoza, il faut apprĂ©hender les dĂ©sirs en les ramenant Ă  leur source, qui est la tendance Ă  persĂ©vĂ©rer dans leur ĂȘtre de leurs porteurs, autrement dit la puissance d’agir spĂ©cifique de ceux-ci, et non d’aprĂšs les buts auxquels ils sont rapportĂ©s de façon le plus souvent imaginaire si on juge bonnes certaines choses de prĂ©fĂ©rence Ă  d’autres, c’est parce qu’on les dĂ©sire comme on est incitĂ© Ă  le faire par sa constitution propre, Ă©ventuellement modulĂ©e par les alĂ©as d’une histoire personnelle tout vivant ayant son histoire Ă  lui, et non l’inverse. Le dĂ©sir de procrĂ©er du cheval s’explique par sa nature d’espĂšce, qui n’a rien Ă  voir avec celle dans laquelle le dĂ©sir de procrĂ©er de l’homme prend sa source. [↩]Cela autorise-t-il Ă  avancer que les plantes, elles aussi, pensent » ? Oui, si on renonce au prĂ©jugĂ© anthropomorphique en dĂ©veloppant une conception de la pensĂ©e qui ne prend pas pour modĂšle les formes spĂ©cifiques selon lesquelles celle-ci est pratiquĂ©e par les humains, Ă  la suite d’une longue histoire dont rien ne permet d’ailleurs d’affirmer qu’elle ait atteint son terme. Penser, on n’a que trop tendance Ă  l’oublier, est en premier lieu une activitĂ© ; davantage encore, c’est une activitĂ© qui s’effectue en contexte, et en rĂ©ponse aux sollicitations transmises par ce contexte ramenĂ©e Ă  ses modalitĂ©s Ă©lĂ©mentaires, qui ont leurs racines dans la sensibilitĂ©, – la sensibilitĂ© n’étant rien d’autre que la conscience qu’a l’ĂȘtre qui en dispose du contexte dans lequel il vit –, cette activitĂ© consiste Ă  opĂ©rer en pratique des choix, sans avoir besoin pour cela de les thĂ©oriser Ă  distance. Penser, c’est donc en tout premier lieu, avant rĂ©flexion, juger, s’orienter, quitte Ă  subir les consĂ©quences de choix qui peuvent ĂȘtre, c’est mĂȘme souvent le cas, malheureux, inappropriĂ©s. Les idĂ©es » qui accompagnent ces manifestations spontanĂ©es, primordiales, de la pensĂ©e par lesquelles elle se ramĂšne au fait de prĂ©fĂ©rer et/ou d’exclure, risquent d’ĂȘtre, dirait Spinoza, fort inadĂ©quates, ce qui ne les empĂȘche pas, Ă  dĂ©faut de pouvoir s’afficher et se faire reconnaĂźtre comme des idĂ©es vraies, d’ĂȘtre de vraies idĂ©es. Il est manifeste que ni la plante ni l’amibe n’ont souci de la vĂ©ritĂ© les gestes Ă©lĂ©mentaires qu’elles accomplissent en Ă©tant guidĂ©es par leur seule sensibilitĂ© tĂ©moignent en elles de l’intervention d’une pensĂ©e revĂȘtant l’allure de ce qu’on peut appeler un sens pratique », c’est-Ă -dire un savoir-faire non reprĂ©sentationnel, dont les sujets » sont eux-mĂȘmes des sujets pratiques ; ces sujet disposent comme tels d’un certain sens du possible, parce qu’ils sont engagĂ©s dans des schĂšmes d’action qu’ils mettent en oeuvre Ă  leur niveau selon un certain style qui leur est propre. À ce niveau, qui est Ă  la fois le plus Ă©lĂ©mentaire et le plus gĂ©nĂ©ral, penser, activitĂ© concrĂšte qui s’exerce nĂ©cessairement en situation, n’est rien d’autre que s’orienter dans un monde non dĂ©jĂ  tout donnĂ©, mais reconfigurĂ© Ă  mesure que le sujet qui s’y oriente y rĂ©alise en acte les besoins et les tendances qui spĂ©cifient sa position et sa posture de sujet. C’est cette approche des processus de la cognition que Francisco J. Varela esquisse en se servant du concept d’énactivité» Le monde n’est pas quelque chose qui nous est donnĂ© c’est une chose Ă  laquelle nous prenons part en fonction de notre maniĂšre de bouger, de toucher, de respirer et de manger [
] Dans la dĂ©marche Ă©nactive, la rĂ©alitĂ© n’est pas un donnĂ© elle dĂ©pend du sujet percevant, non pas parce qu’il le construit » Ă  son grĂ©, mais parce que ce qui compte Ă  titre de monde pertinent est insĂ©parable de ce qui forme la structure du sujet percevant. » Quel savoir pour l’éthique ? action, sagesse et cognition, trad. fr., Paris, La DĂ©couverte, 1996, p. 24 et p. 30. [↩]Selon Francisco J . Varela, ce sujet Ă©nactif», indissociable de sa situation et de son action, n’est pas un sujet rĂ©flexif, sujet dĂ©doublĂ© dĂ©tenant une position surplombante par rapport Ă  l’ensemble de ses activitĂ©s, activitĂ©s cognitives comprises, qu’il contemple comme de l’extĂ©rieur son identitĂ© de sujet n’est jamais acquise dĂ©finitivement, mais elle est le rĂ©sultat d’un travail incessant qui, au fur et Ă  mesure de son dĂ©roulement, la compose, la dĂ©compose et la recompose ; c’est une identitĂ© virtuelle, qui ne s’accomplit qu’à travers ses effets et ses Ɠuvres. [↩]C’est ce que veut dire Spinoza lorsqu’il utilise la formule persĂ©vĂ©rer dans son ĂȘtre », qui indique, non la conservation Ă  l’identique d’un Ă©tat donnĂ© qu’il n’y aurait qu’à perpĂ©tuer, mais le processus par lequel le sujet » concernĂ© est amenĂ© en permanence Ă  remettre en question et Ă  renĂ©gocier, sans garantie aucune, ses conditions d’existence. [↩]À l’examen, les choses se rĂ©vĂšlent toutefois plus compliquĂ©es le passage du gĂ©ocentrisme Ă  l’hĂ©liocentrisme, se ramĂšne aprĂšs tout au dĂ©placement d’un centrisme » Ă  un autre. A. Comte en tirera argument pour revaloriser, dans un esprit de totalisation, le concept de monde, – un cosmos identifiĂ© au systĂšme solaire tel qu’il est expliquĂ©, aprĂšs Newton, par Laplace – au dĂ©triment de celui d’univers. La considĂ©ration du systĂšme solaire dont nous faisons partie nous offre Ă©videmment un sujet d’étude bien circonscrit, susceptible d’une observation complĂšte, et qui devrait nous conduire aux connaissances les plus satisfaisantes. Au contraire la pensĂ©e de ce que nous appelons l’univers est par elle-mĂȘme indĂ©finie, en sorte que, si Ă©tendues qu’on veuille supposer dans l’avenir nos connaissances rĂ©elles en ce genre, nous ne saurions jamais nous Ă©lever Ă  la considĂ©ration de l’ensemble des astres. » Cours de philosophie positive, 19e leçon, Oeuvres, t. II, Paris, Anthropos, 1968, p. 7 Le monde, dans ce sens, c’est l’ensemble des phĂ©nomĂšnes auxquels nous avons accĂšs, l’univers Ă©tant renvoyĂ© au statut de chose en soi inconnaissable, proprement inhumaine, ou du moins sans intĂ©rĂȘt pour l’homme. Cependant, dans le Cours de philosophie positive, Comte soutient, thĂšse dont LittrĂ© fera l’un des dogmes du positivisme tel qu’il le comprend, que, leur relation d’appartenance rĂ©ciproque Ă©tant Ă©tablie, il faut raisonner du monde Ă  l’homme et non l’inverse Le monde d’abord, l’homme ensuite telle est, dans l’ordre purement spĂ©culatif, la marche positive de notre intelligence, quoique, dans l’ordre directement actif, elle doive ĂȘtre nĂ©cessairement inverse. Car les lois du monde dominent celles de l’homme et n’en sont pas modifiĂ©es. » 40e leçon, Oeuvres, t. III, p. 315. Cette position sera remise en cause durant la seconde carriĂšre philosophique » de Comte, qui fait passer au premier plan la synthĂšse subjective ». [↩]J. von UexkĂŒll, Mondes animaux et monde humain, Paris, Gonthier, 1956, p. 26. [↩]J. von UexkĂŒll, Mondes animaux et monde humain, Paris, Gonthier, 1956, p. 80. [↩] ConformĂ©ment aux diverses connotations d’activitĂ©, les images perceptives des nombreux habitants du chĂȘne seront structurĂ©es de maniĂšre diffĂ©rente. Chaque milieu dĂ©coupera une certaine rĂ©gion du chĂȘne, dont les particularitĂ©s seront propres Ă  devenir porteuses aussi bien des caractĂšres perceptifs que des caractĂšres actifs de leurs cercles fonctionnels [
] Dans les cent milieux qu’il offre Ă  ses habitants, le chĂȘne joue de multiples rĂŽles, chaque fois avec une autre de ses parties. La mĂȘme partie est tantĂŽt grande, tantĂŽt petite. Son bois, tantĂŽt dur, tantĂŽt mou, sert Ă  la protection aussi bien qu’à l’agression. Si l’on voulait rassembler tous les caractĂšres contradictoires que prĂ©sente le chĂȘne en tant qu’objet, on n’aboutirait qu’à un chaos. Et pourtant ces caractĂšres ne font partie que d’un seul sujet, en lui-mĂȘme solidement structurĂ©, qui porte et renferme tous les milieux – sans ĂȘtre reconnu ni jamais pouvoir l’ĂȘtre par tous les sujets de ces milieux. » id., p. 79-80 [↩]Kurt Goldstein, Der Aufbau des Organismus, La Haye, Martin Nijhoff, 1934, trad. fr., La structure de l’organisme, Paris, Gallimard, 1951, p. 69-70. [↩] L’expĂ©rimentation en biologie animale », La connaissance de la vie, Paris, Vrin, 1965, p. 39. [↩]
Cest Chrysoline de Gastines, la fondatrice de cette jeune entreprise née en 2014 qui nous répond. Elle nous explique travailler sans intermédiaire. L'essentiel de sa production se fait au Portugal. « On a aussi une petite partie en Espagne. En Inde, on fait ce qui est coton et broderie, de maniÚre éco-responsable, avec du coton bio ».
ï»żIcon Sport PubliĂ© Mardi 23 AoĂ»t 2022 Ă  2030 Dans PSG. Partira ou partira pas. Telle est la question concernant l'avenir de Leandro Paredes au PSG. DestinĂ© Ă  un rĂŽle de doublure, le milieu de terrain a pourtant plusieurs grands clubs qui s'intĂ©ressent Ă  lui. Il y a certains joueurs qui vont sans aucun doute quitter le PSG comme Kurzawa, Navas, Diallo ou encore Gueye. Et d'autres oĂč la situation est plus dĂ©licate. C'est le cas de Leandro Paredes. Avec l'arrivĂ©e de Vitinha, mais surtout de Renato Sanches, la direction parisienne a envoyĂ© un message fort Ă  l'Argentin. Il a perdu sa place de titulaire. Si le joueur de 28 ans est soutenu par ses amis Messi et Neymar, Christophe Galtier est catĂ©gorique, il ne compte pas sur l'ancien joueur du ZĂ©nit Saint-PĂ©tersbourg qui devra se contenter de quelques bouts de matchs s'il dĂ©cide de rester au club de la capitale. Cette situation n'est pas passĂ©e inaperçue pour les voisins europĂ©ens du PSG qui sentent qu'une bonne affaire Ă  moindre coup est envisageable. Si la Juventus de Turin est la plus avancĂ©e sur le dossier, elle pourrait se faire doubler par un gĂ©ant de la Premier League. Paredes Ă  Liverpool, la folle rumeur Selon les informations de calciomercato, Liverpool est intĂ©ressĂ© par le profil de Leandro Paredes. Le club anglais qui subit souvent des blessures au niveau de son milieu de terrain, aimerait se renforcer sur ce secteur de jeu. L'international Argentin 44 sĂ©lections a un volume de jeu qui peut correspondre Ă  l'Angleterre et au rythme effrĂ©nĂ© de la Premier League. Si la Juventus reste en avance sur ce dossier, aucun accord n'a Ă©tĂ© trouvĂ© et tout reste Ă  faire pour convaincre Paredes qui sait toutefois que son avenir s'Ă©crit loin du PSG. Reste Ă  savoir si ce sera du cĂŽtĂ© des Reds de Jurgen Klopp ou avec son ancien coĂ©quipier et collĂšgue en sĂ©lection nationale, Angel Di Maria. Photo Icon_PL5_7768 Pourcomprendre ce qui est en jeu dans la socialisation, il faut s’interroger sur ce qui permet Ă  un ensemble d’individus de constituer une sociĂ©tĂ© et Ă  chaque individu de trouver sa place spĂ©cifique au sein de cet ensemble tout en dĂ©veloppant une capacitĂ© d’action autonome. On trouve ici les concepts de base de toute interaction sociale : les rĂŽles, conçus comme modalitĂ©s Aujourd’hui, la plupart des gens souffrent de maux de dos. C’est une douleur presque universelle qui ne diffĂšre pas beaucoup selon l’ñge ou le mode de vie, par exemple. Ils peuvent ĂȘtre lĂ©gers, occasionnels, persistants ou intenses et peuvent indiquer des problĂšmes facilement corrigĂ©s comme une mauvaise posture ou mĂȘme des troubles plus subtils, comme des organes vitaux. Soyez donc toujours trĂšs attentif aux signaux que votre corps nous envoie pour commencer le traitement le plus tĂŽt possible. Pour vous donner une idĂ©e de toutes les causes des maux de dos essoufflĂ©s, nous, sur toutCOMMENT, avons prĂ©parĂ© cet article. Continuez Ă  lire et dĂ©couvrez maux de dos et essoufflement, qui peuvent ĂȘtre? Les maux de dos ont de nombreuses causes et peuvent ĂȘtre un problĂšme bĂ©nin et courant facile Ă  corriger, ou quelque chose de plus grave qui nĂ©cessite un suivi n’est pas seulement son intensitĂ© qui permet de distinguer une douleur d’une autre, mais sa localisationsi la douleur apporte autres symptĂŽmes Je peux. La plupart du temps, les maux de dos sont musculaires et sont causĂ©s par la fatigue, une mauvaise posture ou le port de charges lourdes. Dans ces cas, l’étirement et la compression peuvent aider Ă  soulager la douleur. Cependant, si la douleur survient soudainement, si la douleur est trĂšs intense et entraĂźne d’autres symptĂŽmes, tels que de la fiĂšvre et des difficultĂ©s Ă  bouger, vous devez ĂȘtre prudent et consulter un spĂ©cialiste. douleur au milieu du dos Une douleur au milieu du dos peut indiquer une contracture musculaire ou un problĂšme de colonne vertĂ©brale, voire une hernie discale. La douleur est exacerbĂ©e par la position debout ou le maintien de la mĂȘme position pendant une pĂ©riode prolongĂ©e, ce qui peut tendre et enflammer les muscles et causer de la douleur. La douleur au milieu du dos peut Ă©galement irradier vers d’autres parties du corps, affectant les cĂŽtes, les fesses et les jambes. Pour Ă©viter cette douleur, ne restez pas trop longtemps dans la mĂȘme pose. MĂȘme au travail, essayez de vous lever et de vous promener si possible. Placez une compresse chaude sur le point sensible pour aider Ă  soulager la douleur. douleur dans le haut du dos La douleur dans le haut du dos peut Ă©galement indiquer une contracture musculaire, gĂ©nĂ©ralement causĂ©e par la fatigue, une activitĂ© physique excessive ou une raideur de la nuque si elle accompagne une douleur au cou. Pour soulager cette douleur, utilisez des exercices d’étirement pour favoriser la relaxation. Tournez lentement la tĂȘte pour dĂ©tendre les muscles du haut du corps. Douleurs dorsales et pulmonaires – DifficultĂ© Ă  respirer Si votre mal de dos s’accompagne d’un essoufflement ou d’une difficultĂ© Ă  respirer, cela peut ĂȘtre liĂ© Ă  des problĂšmes pulmonaires. si tu sens mal de dos en respirant profondĂ©ment, qui peuvent ĂȘtre liĂ©s Ă  la grossesse ou Ă  certaines affections respiratoires telles que l’asthme. Au fur et Ă  mesure que le bĂ©bĂ© grandit, la pression sur la cavitĂ© thoracique et le diaphragme augmente, limitant la capacitĂ© de la femme enceinte Ă  respirer profondĂ©ment. Lorsque le mal de dos s’accompagne d’une oppression thoracique, le diagnostic doit ĂȘtre plus prĂ©cis et nĂ©cessite un professionnel qualifiĂ© pour analyser les antĂ©cĂ©dents mĂ©dicaux du patient. Si le patient est dĂ©jĂ  en surpoids, souffre d’hypertension ou d’hypercholestĂ©rolĂ©mie, cela peut ĂȘtre le symptĂŽme d’une crise cardiaque. Par consĂ©quent, une aide mĂ©dicale est indispensable, idĂ©alement en appelant le Samu 192 dĂšs que possible. DĂ©couvrez plus de conseils pour les maux de dos en respirant dans notre autre article. mal de dos gauche Une douleur sur le cĂŽtĂ© gauche de votre dos peut ĂȘtre le signe d’un spasme musculaire ou d’une Ă©longation musculaire. Si des spasmes sont prĂ©sents, tout mouvement brusque peut encore augmenter la douleur dans la zone dĂ©jĂ  blessĂ©e. Cela peut ĂȘtre plus bĂ©nĂ©fique pour ceux qui pratiquent la musculation ou travaillent dans des mĂ©tiers qui demandent beaucoup de dos, comme les jardiniers. Pour contrĂŽler la douleur, vous pouvez utiliser des analgĂ©siques ou des thĂ©s qui aident Ă  soulager la douleur, appliquer des onguents anti-inflammatoires et appliquer de la chaleur sur la zone touchĂ©e pendant quinze minutes, trois Ă  quatre fois par jour, jusqu’à ce que vous vous sentiez mieux. Pour voir plus de causes de mal de dos gauche, consultez un autre article. mal de dos droit La douleur sur le cĂŽtĂ© droit du dos peut ĂȘtre une simple indigestion, des gaz ou de la constipation, ou il peut s’agir d’un problĂšme rĂ©nal ou osseux. Se diagnostiquer Ă  la maison peut ĂȘtre difficile car la douleur se propage souvent aux extrĂ©mitĂ©s. IdĂ©alement, attendez 48 heures pour voir si la douleur disparaĂźt d’elle-mĂȘme. Si cela persiste, consultez un professionnel dĂšs que possible afin que le traitement idĂ©al puisse ĂȘtre indiquĂ©. Pour en savoir plus sur les causes possibles du mal de dos droit, lisez notre autre article. rayonnement des maux de dos Par exemple, lorsque le mal de dos irradie vers d’autres parties du corps, comme les jambes, cela peut ĂȘtre le signe d’une compression du nerf sciatique dans la derniĂšre rĂ©gion de la colonne vertĂ©brale ou des fesses. Cette douleur produit une sensation de picotement qui peut ou non entraĂźner une difficultĂ© Ă  marcher. Si vous ressentez de telles douleurs, trouvez votre chirurgien orthopĂ©dique le plus proche afin qu’il puisse vous examiner. LaCommune de Paris, qui a eu lieu du 18 mars au 27 mai 1871, est un Ă©pisode historique majeur de la fin du 19e siĂšcle. Si vous souhaitez vous replonger dans cette longue histoire, quelques Ce sujet contiendra les solutions du jeu d’énigme et de rĂ©flexion Brain Test Qu’est-ce qui est au milieu de Paris ?. Pour rappel, le jeu Brain Test français propose dans chaque niveau un anagramme Ă  rĂ©soudre. Vous devez formez des mots Ă  partir des lettres disponibles pour qu’elles soient placĂ©es dans les cases. Trouver des mots bonus vous fera gagner des piĂšces. Si vous en avez trouvĂ© alors n’hĂ©sitez pas Ă  les partager avec le reste des joueurs en commentaire. Sans tarder, voici les rĂ©ponses Ă  ce niveau Vous pouvez aussi consulter le reste des niveaux sur ce sujet qui contient, entre autres, une liste de sujets par question au cas oĂč les niveaux sont mĂ©langĂ©s Solution Brain Test Question Qu’est-ce qui est au milieu de Paris ? REGARDEZ BIEN LES LETTRES LA LETTRE R Je vous invite Ă  trouver dans le prochain sujet la suite du jeu Solution Brain Test Il a l’air si triste. Remontez-lui le moral.. N’hĂ©sitez donc pas Ă  y jeter un coup d’Ɠil si jamais vous aurez des soucis pour trouver la rĂ©ponse. A bientĂŽt Kassidi Amateur des jeux d'escape, d'Ă©nigmes et de quizz. J'ai créé ce site pour y mettre les solutions des jeux que j'ai essayĂ©s. This div height required for enabling the sticky sidebar Cest parce que Eloul marque chez les SĂ©faradim le dĂ©but des Selihoth ou dĂ©but de la pĂ©riode de teshouva – repentance – et que ces priĂšres rĂ©citĂ©es au petit matin ou au milieu de la nuit sont propres Ă  provoquer un repentir et donc une remise en question de chaque ĂȘtre humain, cette pĂ©riode de selihoth se terminant Ă  Yom Kippour, point culminant du repentir et du Pardon
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Les salons littĂ©rairesNous avons d’autres salons [
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]. Puis les salons oĂč l’on s’amuse [
]. Mais le vrai salon littĂ©raire [
] a bien dĂ©finitivement disparu.Alphonse Daudet, Trente ans Paris, 1888, p. 87Sommaire Introduction Les salons littĂ©raires au XVIIe siĂšcle Les salons littĂ©raires au XVIIIe siĂšcle Les salons littĂ©raires au XIXe siĂšcle Les salons littĂ©raires au XXe siĂšcle 💡 Les salons littĂ©raires dĂ©signent les rĂ©unions d’hommes de lettres et de beaux esprits qui eurent lieu, en France, dans les milieux mondains et lettrĂ©s Ă  partir du XVIIe y eut en France, aux XVIIe et XVIIIe siĂšcles, et encore au commencement du XIXe siĂšcle, des rĂ©unions assez nombreuses d’esprits d’élite ou de personnes tenant Ă  la sociĂ©tĂ© polie », que l’on doit regarder comme des centres, des foyers littĂ©raires, et qu’il est indispensable de connaĂźtre pour saisir dans ses dĂ©tails et ses nuances l’histoire de la littĂ©rature rĂ©unions, auxquelles prĂ©sidĂšrent presque toujours des femmes distinguĂ©es par l’esprit, le goĂ»t et le tact, peuvent ĂȘtre comprises sous la dĂ©nomination gĂ©nĂ©rale de salons littĂ©raires ». LĂ , s’est dĂ©veloppĂ©e l’habitude de la conversation ; lĂ  est nĂ©e la causerie, qui fut si longtemps un agrĂ©ment particulier de la sociĂ©tĂ© française. On s’y entretenait de belles choses en gĂ©nĂ©ral, et surtout des choses de l’esprit.→ À lire aussi Les cafĂ©s littĂ©raires. – Les cabarets littĂ©raires. – HĂŽtel de salons littĂ©raires au XVIIe siĂšcleLa premiĂšre rĂ©union de ce genre fut celle du cĂ©lĂšbre hĂŽtel de Rambouillet, qui exerça, dans la premiĂšre moitiĂ© du XVIIe siĂšcle, une influence si considĂ©rable sur les mƓurs et la littĂ©rature. C’est Ă  1608 qu’en remonte la formation, et elle dura jusqu’à la mort d’ArthĂ©nice, en 1659. La rĂ©union de Conrart, d’oĂč est sortie l’AcadĂ©mie française, ne date que de 1629. Ce ne fut qu’au bout de quelques annĂ©es, et malgrĂ© certaines rĂ©sistances, que, grĂące Ă  Boisrobert et Ă  Chapelain, une rĂ©union littĂ©raire privĂ©e devint, sous la protection de Richelieu, un corps officiel.→ LumiĂšre sur l’hĂŽtel de rĂ©unions moins fameuses, mais pourtant dignes d’ĂȘtre citĂ©es, existĂšrent au XVIIe siĂšcle, sans compter les ruelles, rĂ©duits et alcĂŽves, oĂč les prĂ©cieux et les prĂ©cieuses tentĂšrent une imitation maladroite de l’hĂŽtel de Rambouillet. Sous Louis XIII, nous trouvons le salon de Mme Des Loges, que ses admirateurs appelaient la dixiĂšme muse, et dont Conrart a dit Elle a Ă©tĂ© honorĂ©e, visitĂ©e et rĂ©galĂ©e de toutes les personnes les plus considĂ©rables, sans en excepter les plus grands princes et les princesses les plus illustres
 Toutes les muses semblaient rĂ©sider sous sa protection ou lui rendre hommage, et sa maison Ă©tait une acadĂ©mie d’ Malherbe, Beautru, frĂ©quentĂšrent surtout cette maison ; parmi les grands personnages qui tĂ©moignĂšrent leur estime Ă  Mme Des Loges, on remarque le roi de SuĂšde, le duc d’OrlĂ©ans et le duc de salon de Mlle de ScudĂ©ry prit de l’importance vers le milieu du siĂšcle. Les troubles des deux Frondes ayant dispersĂ© en grande partie les habituĂ©s de l’hĂŽtel de Rambouillet, Mlle de ScudĂ©ry le reforma dans sa maison de la rue de Beauce, au Marais. LĂ  vinrent Chapelain, Conrart, Pellisson, MĂ©nage, Sarrasin, Ysarn, Godeau, le duc de Montausier, Mmes de La Suze, de SablĂ©, de SĂ©vignĂ©, Cornuel, Arragonais, etc. Les rĂ©unions avaient lieu le samedi. On y tenait des conversations galantes et raffinĂ©es ; on y lisait de petites piĂšces de vers ; on y discutait les mĂ©rites et les dĂ©fauts des ouvrages parus rĂ©cemment ; on y commentait longuement, et souvent avec une pointe de faux esprit, les choses de moindre valeur et de moindre importance. Durant ces conversations les dames travaillaient aux ajustements de deux poupĂ©es qu’on nommait la grande et la petite Pandore, et qui Ă©taient destinĂ©es Ă  servir de modĂšles Ă  la mode. Chacun des habituĂ©s eut un surnom, tirĂ© presque toujours des romans Conrart s’appelait ThĂ©odamas ; Pellisson, Acanthe ; Sarrasin, Polyandre ; Godeau, le Mage de Sidon ; Mme Arragonais, la princesse PhiloxĂšne ; etc. Mlle de ScudĂ©ry Ă©tait Sapho d’aprĂšs la poĂ©tesse Sappho. Le plus fameux des samedis fut celui qu’on appela la journĂ©e des madrigaux » 20 dĂ©cembre 1653. Conrart avait offert, ce jour-lĂ , Ă  la maĂźtresse de la maison un cachet en cristal avec un madrigal d’envoi. Elle rĂ©pondit par un autre madrigal, et les personnes prĂ©sentes, se piquant d’émulation, improvisĂšrent Ă  leur tour toute une sĂ©rie de madrigaux. C’est Ă  une autre rĂ©union du samedi que fut faite la Carte de Tendre, transportĂ©e ensuite par Mlle de ScudĂ©ry dans le roman de ClĂ©lie. → À lire Le la mĂȘme Ă©poque, il y eut une rĂ©union littĂ©raire chez l’abbĂ© d’Aubignac, qui sollicita pour sa rĂ©union le titre d’AcadĂ©mie royale, et Ă©crivit Ă  ce sujet un Discours au roi sur l’établissement d’une seconde AcadĂ©mie dans la ville de Paris 1664. Le dauphin, protecteur de l’abbĂ©, appuyait ses visĂ©es ambitieuses, mais ni le roi ni les ministres ne s’en autre rĂ©union, bien plus intĂ©ressante, est celle qui se tenait chez Mme de SablĂ©, quand elle se fut retirĂ©e au haut du faubourg Saint-Jacques pour habiter un appartement dĂ©pendant du monastĂšre de cette demi-retraite, dit Sainte-Beuve, qui avait un jour sur le couvent et une porte encore entr’ouverte sur le monde, cette ancienne amie de M. de La Rochefoucauld, toujours active de pensĂ©e, et s’intĂ©ressant Ă  tout, continua de rĂ©unir autour d’elle, jusqu’à l’annĂ©e 1678, oĂč elle mourut, les noms les plus distinguĂ©s et les plus divers d’anciens amis restĂ©s fidĂšles, qui venaient de bien loin, de la ville ou de la cour, pour la visiter ; des demi-solitaires, gens du monde comme elle, dont l’esprit n’avait fait que s’embellir et s’aiguiser dans la retraite ; des solitaires de profession, qu’elle arrachait par moments, Ă  force d’obsession gracieuse, Ă  leur vƓu de rappellerons aussi le salon de Ninon de Lenclos dans sa vieillesse, quand au cercle de ses admirateurs vinrent se joindre des femmes du monde et de la cour, comme Mmes de La SabliĂšre, de Bouillon, de Coulanges, Cornuel, etc., quand Mme de Maintenon lui Ă©crivait Continuez Ă  donner de bons conseils Ă  mon frĂšre ; il a bien besoin des leçons de LĂ©ontium ; » le salon de Mme de Maintenon, Ă  l’époque oĂč elle Ă©tait la femme de les salons des hĂŽtels d’Albret et de Richelieu, oĂč se donnaient rendez-vous toutes les personnes de distinction, et oĂč brillaient Mmes de SĂ©vignĂ©, de La Fayette et de Coulanges.→ À lire Histoire de la littĂ©rature française du XVIIe salons littĂ©raires au XVIIIe siĂšcleDĂšs le commencement du XVIIIe siĂšcle, nous trouvons le salon de la duchesse du Maine ouvert dans son chĂąteau de Sceaux. Elle en fit, suivant la remarque d’un Ă©crivain, le temple des galanteries dĂ©licates et des gracieuses frivolitĂ©s. C’était un piquant contraste avec ce chĂąteau de Versailles oĂč s’éteignaient les annĂ©es moroses de Louis XIV Ă  son dĂ©clin. Malezieu et l’abbĂ© Genest prĂ©sidaient aux divertissements littĂ©raires que la duchesse offrait a ses habituĂ©s. Les plus fidĂšles d’entre eux composaient l’ordre de la Mouche Ă  miel, que des courtisans spirituels avaient imaginĂ© en son honneur. Parmi les gens d’esprit que l’on voyait aux fĂȘtes de Sceaux, se distinguaient, au premier rang, Fontenelle, Lamothe-Houdart et Chaulieu. La femme de chambre de la duchesse, Mlle Delaunay, depuis Mme de Staal, se fit bientĂŽt remarquer et joua son rĂŽle dans cette aimable le mĂȘme temps, un salon plus grave, et frĂ©quentĂ© en partie par les mĂȘmes Ă©crivains, existait Ă  Paris celui de la marquise de Lambert, qui s’ouvrit en 1710 et ne se ferma qu’en 1733. Elle recevait chaque dit Fontenelle, la seule maison qui fĂ»t prĂ©servĂ©e de la maladie Ă©pidĂ©mique du jeu, la seule oĂč l’on se trouvait pour se parler raisonnablement les uns les autres, avec esprit et selon l’ y voyait surtout, avec Fontenelle et Lamothe, l’abbĂ© Mongault, le gĂ©omĂštre Mairan, l’abbĂ© de Bragelonne et le prĂ©sident HĂ©nault. C’est aux mardis de la marquise de Lambert que furent discutĂ©es, avant d’ĂȘtre livrĂ©es au public, les questions relatives Ă  la supĂ©rioritĂ© des Modernes sur les Anciens, Ă  l’inutilitĂ© des vers pour la poĂ©sie, Ă  l’absurditĂ© des personnifications mythologiques, aux entraves que des rĂšgles sans autre valeur que leur antiquitĂ© apportaient au libre jeu de l’intelligence questions dont les critiques de l’époque firent le sujet de tant de salon de l’hĂŽtel de Sully, qui s’ouvrit Ă©galement dans cette premiĂšre partie du XVIIIe siĂšcle, n’est pas moins digne d’attention par la maniĂšre dont il fut tenu et par les personnages qui s’y la naissance, le bon goĂ»t, les talents, dit Fr. BarriĂšre, s’y donnaient rendez-vous. Jamais, Ă  ce qu’il paraĂźtrait, sociĂ©tĂ© ne fut ni mieux choisie, ni plus variĂ©e ; le savoir s’y montrait sans pĂ©dantisme, et la libertĂ© qu’autorisaient les mƓurs y paraissait tempĂ©rĂ©e par les habituĂ©s de cet hĂŽtel furent Chaulieu, Fontenelle, Caumartin, le comte d’Argenson, le prĂ©sident HĂ©nault, puis Voltaire, Ramsay, etc. Nous ne parlerons que pour mĂ©moire de la sociĂ©tĂ© de 1’Entresol, qui ne fut pas un salon, mais une rĂ©union savante, et, par anticipation, une sorte d’AcadĂ©mie des sciences morales et les nombreux salons littĂ©raires qui furent ouverts Ă  Paris au milieu du XVIIIe siĂšcle, il faut citer d’abord celui de Mme Du Deffand. La rare et solide raison qu’elle apportait dans les causeries et discussions auxquelles elle prĂ©sidait Ă©tait ainsi encouragĂ©e par Voltaire Ce qui est beau et lumineux est votre Ă©lĂ©ment ; ne craignez pas de faire la disserteuse, ne rougissez point de joindre aux grĂąces de votre personne la force de votre sociĂ©tĂ© qui se rassemblait chez elle fut diminuĂ©e tout d’un coup par sa brouille et sa rupture avec Mlle de Lespinasse. Celle-ci entraĂźna avec elle la plupart des Ă©crivains, et surtout les encyclopĂ©distes, D’Alembert en tĂȘte. Le duc de Choiseul lui fit donner une pension sur sa cassette. Mme Geoffrin lui fit de son cĂŽtĂ© une pension de 3,000 francs, et Mme de Luxembourg lui meubla un appartement rue Bellechasse. Les contemporains sont pleins d’éloges sur le tact parfait avec lequel elle sut tenir son salon. Trente Ă  quarante personnes se rĂ©unissaient le soir chez elle, seulement pour causer, car elle avait un revenu trop modique pour leur donner Ă  souper. Elle dirigeait la conversation avec un art admirable, de façon Ă  ce que chacun eĂ»t son tour et son rĂŽle ; et cependant, Ă  part les amis de D’Alembert, son cercle n’était pas composĂ© de personnes liĂ©es les unes avec les autres. Comme on l’a remarquĂ©, Mme Du Deffand reprĂ©sentait le siĂšcle avant Jean-Jacques Rousseau, avant l’exaltation romanesque, et Mlle de Lespinasse le siĂšcle aprĂšs l’invasion du roman en toutes salon de Mme Geoffrin eut moins de portĂ©e littĂ©raire. Il fut celui d’une bienfaitrice usant noblement de sa fortune, ressemblant chez elle ceux auxquels elle venait en aide, mais gardant, sous une apparence de douceur, des façons d’agir despotiques, comme pour rappeler le bien qu’elle avait fait. Elle voulut Ă©viter l’imprĂ©vu dans la causerie en mettant toujours en prĂ©sence les mĂȘmes personnes, et divisa les habituĂ©s de son salon en trois catĂ©gories. Les personnes de la haute noblesse et les Ă©trangers de distinction Ă©taient admis le soir. Ils pouvaient rester au souper, qui Ă©tait trĂšs simple. Le dĂźner Ă©tait au contraire somptueux, et c’était Ă  dĂźner qu’elle recevait ses autres invitĂ©s le lundi, les artistes, peintres, sculpteurs, architectes ; le mercredi, les gens de lettres et les savants. Dans cette derniĂšre catĂ©gorie on distinguait surtout Diderot, D’Alembert, de Mairan, Marmontel, Raynal, Saint-Lambert, Thomas, d’Holbach, de Caylus, soirĂ©e chez Madame Geoffrin par Anicet Charles Gabriel Lemonnier 1812.À cĂŽtĂ© de ces trois salons du XVIIIe siĂšcle, il faut encore remarquer ceux de Mme d’Épinay, de Mlle Quinault et de Mme Doublet de Persan. Le salon de Mme d’Épinay fut restreint Ă  un petit cercle de littĂ©rateurs et de philosophes, oĂč l’on voyait Grimm, Diderot et d’ rĂ©unions qui se tenaient chez Mlle Quinault, dite la Cadette, comprenaient un grand nombre d’habituĂ©s. Actrice distinguĂ©e de la ComĂ©die-Française, elle Ă©tait fort rĂ©pandue dans le monde littĂ©raire. Parmi ses habituĂ©s, on distinguait D’Alembert, Diderot, Duclos, Jean-Jacques Rousseau, Destouches, Marivaux, etc. C’était ce qu’on appelait la SociĂ©tĂ© du bout du banc. La conversation avait lieu surtout Ă  table, au souper. Au milieu de la table Ă©tait une Ă©critoire ; chacun des convives s’en servait tour Ă  tour pour Ă©crire un impromptu. De lĂ  sont sortis les recueils publiĂ©s sous les titres de Recueil de ces Messieurs et d’Étrennes de la Saint-Jean. Ces productions lĂ©gĂšres n’étaient que la moindre partie de ce qui occupait la SociĂ©tĂ© du bout du banc. La philosophie tenait dans ses repas une large place, et l’on y Ă©mettait les idĂ©es les plus hardies sur les questions religieuses ou salon de Mme Doublet de Persan ressemblait, par la situation qu’il occupait, Ă  ceux de Mme de SablĂ© et de Mme Du Deffand. Il se trouvait dans un appartement extĂ©rieur du couvent des Filles-Saint-Thomas, dont Mme Doublet ne franchit pas le seuil une fois en l’espace de quarante ans. La rĂ©union qui se tenait chez elle, et d’oĂč sortirent les Nouvelles Ă  la main et une grande partie des MĂ©moires secrets de Bachaumont, avait reçu le nom de citerons encore le salon de la marquise de Turpin, oĂč se trouvaient Favart, Voisenon et Boufflers, et oĂč l’on fonda l’ordre de la Table ronde, qui produisit le petit recueil intitulĂ© la JournĂ©e de l’ ne faut pas oublier non plus le salon du baron d’Holbach, le premier maĂźtre d’hĂŽtel de la philosophie », chez qui se rĂ©unissaient Diderot, D’Alembert, HelvĂ©tius, Marmontel, Raynal, Grimm, l’abbĂ© Galiani, etc. On peut dire que l’EncyclopĂ©die naquit dans cette rĂ©union, appelĂ©e par Jean-Jacques Rousseau, devenu misanthrope, le club holbachique », et dont Morellet a Ă©crit On y disait des choses Ă  faire cent fois tomber le tonnerre sur la maison, s’il tombait pour cela. »Enfin, Ă  la veille de la RĂ©volution, qui fit disparaĂźtre toutes les rĂ©unions de ce genre, on trouve encore le salon de Mme Necker, oĂč Mme de StaĂ«l, alors enfant prodige, s’entretenait avec Grimm, Thomas, Raynal, Gibbon, Marmontel ; et le salon de Mme HelvĂ©tius, si connu sous le nom de SociĂ©tĂ© d’Auteuil, et qui rassemblait Condillac, d’Holbach, Turgot, Chamfort, Cabanis, Morellet, Destutt de Tracy, les agitations politiques furent calmĂ©es et que la vie de sociĂ©tĂ© put renaĂźtre, on ne tarda pas Ă  voir s’ouvrir des salons oĂč l’on essaya de renouer les traditions de la conversation et de la causerie. L’un des premiers ouverts fut celui de Mme de StaĂ«l, oĂč, avec Benjamin Constant, vinrent frĂ©quemment Lanjuinais, Boissy-d’Anglas, Cabanis, Carat, Daunou de Tracy, y avait aussi les cercles philosophiques et littĂ©raires de Mme Suard, de Mme d’Houdetot, de l’abbĂ© Morellet, dans lesquels dominaient les gens de lettres et les philosophes, continuateurs directs du XVIIIe siĂšcle ; puis les salons du monde, comme ceux de Mme de la Briche, de Mme de Pastoret, de Mme de Vergennes, oĂč se distinguait sa fille, Mme de RĂ©musat. Mais il n’en exista pas, Ă  cette Ă©poque, de plus intĂ©ressant au point de vue exclusivement littĂ©raire que celui de Mme de Beaumont, rue Neuve-du-Luxembourg. De ce cĂŽtĂ©, a dit un critique, se trouvaient alors la jeunesse, le sentiment nouveau et l’avenir. » Les habituĂ©s Ă©taient Chateaubriand, Joubert, Fontanes, MolĂ©, Pasquier, ChĂȘnedollĂ©, GuĂ©naud de Mussy, Mme de Vintimille. Beaucoup d’autres ne venaient qu’en passant, attirĂ©s par l’accueil empressĂ© fait Ă  la rĂ©putation et au talent. Ce salon qui, dans un autre temps, aurait pu avoir de l’influence, ne subsiste que de 1800 Ă  1803. Les traditions en furent reprises un peu plus tard par Mme de Vintimille, qui reçut les mĂȘmes personnes, et quelques autres partageant les opinions nouvelles. Les derniers des salons littĂ©raires dignes de ce nom ont Ă©tĂ© ceux de Mme RĂ©camier et de Mme de Girardin. Plus tard, la politique, la fiĂšvre des affaires, les besoins croissants de la vie n’ont plus laissĂ© de loisirs pour les rĂ©unions aimables dont le premier intĂ©rĂȘt Ă©tait celui des choses de l’esprit.→ À lire Histoire de la littĂ©rature française du XVIIIe salons littĂ©raires au XIXe siĂšcleAu commencement du XIXe siĂšcle, l’anglomanie s’est efforcĂ©e d’y substituer, sous le nom de raouts, d’aristocratiques cohues oĂč la morgue et le flegme britanniques se complaisaient dans un silencieux vous amusez, disait aux Anglais une cĂ©lĂšbre artiste, Mme VigĂ©e-Lebrun Ă  propos de ces rĂ©unions Ă  la fois taciturnes et tumultueuses, vous vous amusez comme nous nous ennuierions Ă  n’était pas sous cette influence ni dans ce milieu que le goĂ»te et l’art de la conversation pouvaient renaĂźtre, avec toutes les dĂ©licatesses littĂ©raires de l’esprit cĂ©lĂšbre salon, au XIXe siĂšcle fut celui de Juliette RĂ©camier Ă  l’Abbaye aux Bois ; ainsi que celui de Charles Nodier Ă  la bibliothĂšque de l’Arsenal oĂč se retrouvaient les hommes les plus illustres dans le monde des lettres et des arts que la France ait produits au cours du XIXe siĂšcle. À son arrivĂ©e au poste de bibliothĂ©caire de Monsieur, en remplacement de l’abbĂ© Grosier, Nodier amena Ă  l’Arsenal la brillante plĂ©iade des Ă©crivains et des artistes de l’école romantique, qui trouvĂšrent dans leur aĂźnĂ© de vingt Ă  trente ans, un guide et un appui. Victor Hugo, Lamartine, Alfred de Musset, Alexandre Dumas, Balzac, Sainte-Beuve, Alfred de Vigny, Émile Deschamps, Jules Janin, EugĂšne Delacroix, les frĂšres Johannot, Robert-Fleury, Jean-Jacques Champin, Liszt, Amable Tastu, et bien d’autres encore, Ă©taient les habituĂ©s de ce salon situĂ© au premier Ă©tage de l’ la TroisiĂšme RĂ©publique, de nombreux salons littĂ©raires virent le jour Ă  Paris celui de la princesse Mathilde, de la comtesse Potocka, de Juliette Adam, de GeneviĂšve HalĂ©vy ou de Rosalie von Gutmann, comtesse de Fitz-James. On y rencontrait des gens de lettres tels que Marcel Proust, Paul Bourget, Paul Hervieu, Jules LemaĂźtre, Robert de Montesquiou ou Guy de salons littĂ©raires au XXe siĂšcleUu cours du XXe siĂšcle, l’histoire des salons connaĂźt des tournants dĂ©cisifs ; alors qu’ils sont au dĂ©but du siĂšcle Ă  leur apogĂ©e – devant des lieux de mondanitĂ©s artistiques incontournables – ils connaissent finalement un dĂ©clin dĂ» aux bouleversements modernes du milieu littĂ©raire et salons sont toujours portĂ©s par des femmes, gĂ©nĂ©ralement Ă©pouses d’hommes importants politiques, artistes, Ă©crivains, etc. De plus en plus, ils sont des lieux de vie littĂ©raire oĂč les rĂ©putations se font et se dĂ©tĂ©riorent. Chaque salonniĂšre a ses protĂ©gĂ©s, des artistes qu’elle invite, porte, dĂ©fend et porte sur le devant de la scĂšne. Ce sont des lieux oĂč sont organisĂ©es de nombreuses lectures, des reprĂ©sentations. Certains artistes sont lancĂ©s par des salons, comme Marcel Proust dans le salon de Madame Madeleine Lemaire. D’autres deviennent des personnalitĂ©s mondaines importantes Marcel Proust, Jean Cocteau
Par ailleurs, les salons littĂ©raires apparaissent Ă  cette pĂ©riode comme un lieu d’expression dĂ©bridĂ©e de l’homosexualitĂ© de leurs participants. Encore considĂ©rĂ©e comme une pratique dĂ©pravĂ©e, chacun – a fortiori les hommes – trouvent dans ces salons la possibilitĂ© de laisse libre cours Ă  l’homosexualitĂ© que la sociĂ©tĂ© rĂ©prime. Il n’en ressort pas moins des inĂ©galitĂ©s entre les hommes et les femmes, puisque ces derniĂšres sont beaucoup plus mal vues que les hommes en frĂ©quentant une personne du mĂȘme sexe ou en se la pĂ©riode d’entre-deux-guerres, le succĂšs des salons, bien qu’atteint par les Ă©vĂšnements, subsiste. Ce succĂšs ne rĂ©siste pas Ă  la fĂ©brilitĂ© des annĂ©es folles et draine encore dans les appartements de nombreuses salonniĂšres quantitĂ© d’ dĂšs la fin de la Seconde Guerre mondiale et durant les dĂ©cennies suivantes que ces salons connaissent un dĂ©clin. BouleversĂ©s par des modes de divertissement diffĂ©rents – l’apparition de la tĂ©lĂ©vision notamment – ils se font plus rares, avant de grands salons du XXe siĂšcle sont ceux de Natalie Clifford Barney, la comtesse Greffuhle, Madeleine Lemaire, Madame MĂŒhfeld, Anna de Noailles, Madame Straus, Edith Wharton.→ LittĂ©rature et engagement au XXe connexes LumiĂšre sur
 Les cafĂ©s littĂ©raires. Les cabarets littĂ©raires. HĂŽtel de Rambouillet. Histoire de la littĂ©rature française Le Moyen Âge. – Le XVIe siĂšcle. – Le XVIIe siĂšcle l’ñge baroque – l’ñge classique. – Le XVIIIe siĂšcle. Qu’est-ce que la littĂ©rature ? Histoire de la France du Moyen Âge au XXe siĂšcle. Histoire de la langue française. Histoire rĂ©sumĂ©e du vocabulaire français. L’AcadĂ©mie française. L’EncyclopĂ©die du XVIIIe siĂšcle. Les courants littĂ©raires. Les genres littĂ©raires. La de livresRecherche sur le site
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