En ce moment Ă Paris, habitants et automobilistes cohabitent avec des travaux Ă tous les coins de rue. Un empressement motivĂ© par plusieurs Ă©chĂ©ances, notamment les Jeux olympiques qui se tiendront Ă lâĂ©tĂ© Place de la Porte Maillot en plein travaux avant les Jeux olympiques de 2024, ce qui crĂ©e d'Ă©normes embouteillages. LP/Delphine GoldsztejnUne vraie fourmiliĂšre. Il suffit de regarder la carte Ă©laborĂ©e par la Ville de Paris pour prendre la mesure du nombre de chantiers en cours dans la capitale. On en recense 5 820 â des interventions sur les canalisations aux ravalements de bĂątiments en passant par les ouvrages en voirie. Sur lâensemble, seuls 11% sont du fait de la mairie de Paris. Le reste est lâaffaire de concessionnaires privĂ©s et dâopĂ©rateurs sur la voie publique, comme Enedis, GRDF ou encore la RATP.
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Territoire Au sens large, le territoire est une portion d' espace appropriée. C'est l'un des mots les plus polysémiques de la géographie, d'autant qu'il est couramment utilisé dans le langage commun comme synonyme d'espace. Maryvonne Le Berre distingue trois éléments de définition qui remonte aux premiers usages du mot territoire à l
ExposĂ© prĂ©sentĂ© au colloque Georges Canguilhem. Science, technique, politique perspectives actuelles » LiĂšge, 22 avril 2016 par Pierre Macherey Depuis que les toutes premiĂšres publications de Georges Canguilhem ont Ă©tĂ© tirĂ©es de lâoubli dans lequel il les avait lui-mĂȘme relĂ©guĂ©es et ont Ă©tĂ© remises en circulation dans le tome I de lâĂ©dition de ses Ćuvres ComplĂštes, on ne peut plus ignorer que le point de dĂ©part de son parcours a Ă©tĂ© une philosophie du jugement et des valeurs, tournĂ©e vers lâaffirmation dâun devoir-ĂȘtre, avec, Ă la source et Ă lâinitiative de cette affirmation, une position philosophique de sujet qui en assume pleinement la responsabilitĂ© en philosophie, comme Ă lâĂ©gard du monde du vivant et de la sociĂ©tĂ©, Canguilhem a fait dâemblĂ©e le choix du normatif ». Ă lâexamen, il apparaĂźt que lâensemble de lâĆuvre thĂ©orique qui a Ă©tĂ© Ă©laborĂ©e Ă partir de ce point de dĂ©part et sur sa lancĂ©e est restĂ©e continĂ»ment fidĂšle Ă cette exigence » ce nâest pas un hasard si ce mot, exigence », qui traduit la puissance normative propre Ă un sujet assumant la pleine responsabilitĂ© de ses jugements, revient souvent sous la plume de Canguilhem. Cette rigoureuse obstination ne lâa cependant pas empĂȘchĂ© de pratiquer un esprit crĂ©atif dâinvention et dâouverture, en se confrontant aux manifestations plurielles de la vie ainsi quâaux diverses rĂ©alisations historiques de la culture humaine sous les formes, principalement, de la technique, de la cognition et de lâorganisation sociale, qui ne sont elles-mĂȘmes rien de plus, au degrĂ© de complication qui dĂ©finit chacune, que des rĂ©alisations de la dynamique vitale Ă cĂŽtĂ© dâautres. Jusquâau bout, Canguilhem est restĂ© un philosophe du devoir-ĂȘtre ; mais sa conception du devoir-ĂȘtre sâest considĂ©rablement enrichie, et sâest chargĂ©e dâimplications qui, en la prĂ©cisant, en ont peu Ă peu inflĂ©chi lâorientation premiĂšre1. En 1980, sâapprochant du terme dâun parcours intellectuel entamĂ© cinquante ans plus tĂŽt, Canguilhem dĂ©clare Ă la fin de sa confĂ©rence sur Le cerveau et la pensĂ©e Le Je nâest pas avec le monde en relation de survol, mais en relation de surveillance. »2 Est par lĂ mise en balance la conception dâun sujet transcendant, soustrait au monde et sâassurant face Ă lui une position exceptionnelle de domination et dâautoritĂ©, avec celle dâun sujet immanent Ă la rĂ©alitĂ© et au processus complexe de ses relations internes qui, sans sâen extraire, remplit vis-Ă -vis de ce processus une fonction critique dâexamen, lâinterroge sur les valeurs que spontanĂ©ment il met en Ćuvre, en discute les orientations dâune maniĂšre qui nâest pas seulement thĂ©orique mais pratique le premier est une entitĂ© mĂ©taphysique, et le second un ĂȘtre vivant, un sujet biologique. Il y a donc deux maniĂšres bien diffĂ©rentes dâen appeler Ă un devoir-ĂȘtre lâune sâinscrit dans une perspective idĂ©ale dâabsoluitĂ©, propre Ă un sujet substantiel qui se situe Ă la verticale du monde quâil considĂšre de haut et de loin dans un esprit de lĂ©gitimation dont il se rĂ©serve lâentiĂšre initiative ; lâautre, au contraire, maintient une appartenance au monde dâoĂč se dĂ©gage, Ă lâhorizontale, et comme portĂ©e de biais de maniĂšre rasante, une leçon de relativitĂ© assumĂ©e par un sujet non plus substantiel mais modal, parce quâil se tient Ă la mesure de ce monde dont il est un Ă©lĂ©ment parmi dâautres, en nĂ©gociation, et Ă©ventuellement en conflit, donc en permanence en train de se mesurer avec eux, ce qui prĂ©cisĂ©ment dĂ©finit sa condition de mode » qui nâest pas substance ». La question que soulĂšve la juste comprĂ©hension de la pensĂ©e de Canguilhem et de lâĂ©volution quâelle a suivie sur un demi-siĂšcle est celle de savoir comment elle sâest situĂ©e et a profilĂ© ses allures propres, ses exigences, face Ă cette alternative du dedans et du dehors, de lâimmanence et de la transcendance, du relatif et de lâabsolu, du subjectif et de lâobjectif, dans laquelle il ne serait pas absurde de voir une manifestation de la polaritĂ© de la vie. LâhypothĂšse sous-jacente Ă lâĂ©tude qui va suivre est que la prise en compte des implications objectives et subjectives de lâidĂ©e de milieu fournit un Ă©clairage privilĂ©giĂ©, sinon exclusif, sur la maniĂšre personnelle dont, en tant que sujet philosophique de pensĂ©e, Canguilhem a gĂ©rĂ© en pratique cette alternative du substantiel et du modal qui, de toutes façons, ses enjeux nâĂ©tant pas seulement thĂ©oriques et cognitifs, ne pouvait ĂȘtre tranchĂ©e dĂ©ductivement par les moyens du raisonnement pur, indĂ©pendamment des apports divers, contrastĂ©s, et pour une large part imprĂ©visibles de lâexpĂ©rience et des matiĂšres Ă©trangĂšres » que celle-ci met en oeuvre. Pour rĂ©sumer briĂšvement les enjeux de cette hypothĂšse, elle revient Ă avancer que, pour Canguilhem, le milieu nâa pas seulement Ă©tĂ© un objet de spĂ©culation, vis-Ă -vis duquel pĂ»t ĂȘtre adoptĂ©e, Ă distance, une attitude de survol mais il lui a fourni le contexte, câest-Ă -dire en un sens le milieu, avec les Ă©quivoques et les contrastes propres Ă cette chose entre toutes bizarre et incertaine quâest un milieu », depuis lequel, en y remplissant aussi rigoureusement que possible une fonction de surveillance, il a poursuivi son effort en vue dâassumer, en responsabilitĂ©, et dans un esprit dâexigence, la tĂąche de sujet philosophique et normatif de pensĂ©e quâil sâĂ©tait assignĂ©e. Ă la lumiĂšre de cette hypothĂšse, il apparaĂźt que la philosophie de Canguilhem pourrait bien ĂȘtre une philosophie du milieu, avec les deux valeurs objective et subjective du gĂ©nitif câest-Ă -dire une philosophie nourrie par une rĂ©flexion sur lâidĂ©e de milieu ou Ă son propos, mais aussi une philosophie situĂ©e en plein milieu de la rĂ©alitĂ© polaire dĂ©signĂ©e par cette idĂ©e dont elle Ă©pouse pas Ă pas les fluctuations sans prĂ©juger de leur issue. Pour dĂ©velopper et mettre Ă lâĂ©preuve cette hypothĂšse, il faut reprendre le problĂšme Ă son point de dĂ©part. Que signifie aux yeux de Canguilhem prendre parti philosophiquement en faveur dâun devoir-ĂȘtre ? Ce nâest pas apprĂ©hender celui-ci comme un terrain tout prĂ©parĂ© et structurĂ© dans lequel il nây aurait quâĂ sâengager sans lâinterroger au prĂ©alable sur ses conditions de possibilitĂ©. Or ces conditions sont et ne peuvent ĂȘtre que polĂ©miques et antagoniques. Choisir la voie du devoir-ĂȘtre pour sâorienter dans la pensĂ©e, câest rĂ©cuser lâautre voie possible, qui est celle de lâĂȘtre et de ses intangibles nĂ©cessitĂ©s contre lesquelles butent les exigences axiologiques, ce qui contraint ces exigences Ă se dĂ©mettre en faveur de ces nĂ©cessitĂ©s. Tout au long de son parcours intellectuel, Canguilhem a Ă©tĂ© aux prises avec un adversaire qui est, peut-on dire, lâontologisme celui-ci se manifeste aussi bien Ă travers lâillusion de normalitĂ©, qui ramĂšne le normal Ă une catĂ©gorie de lâĂȘtre, quâĂ travers la reprĂ©sentation de la technique comme science appliquĂ©e, qui mĂ©connaĂźt son caractĂšre vital dâexpĂ©rience pratique associant travail, main mise et prise de risque sur fond dâaventure3, ou encore Ă travers lâobjectivisme causal qui, grĂące Ă une procĂ©dure dâabstraction, ramĂšne la rĂ©alitĂ© Ă un ensemble de dĂ©terminations donnĂ©es de toute Ă©ternitĂ©, dont il ne reste Ă la connaissance scientifique quâĂ formuler, soi-disant telles quelles, les lois. Lâontologisme, dont les manifestations sur le plan de la cognition sont le positivisme et le scientisme, et plus gĂ©nĂ©ralement ce quâon peut appeler le reprĂ©sentativisme, consiste dans la remise Ă plat, la neutralisation et la rĂ©ification des donnĂ©es du monde et des expĂ©riences de la vie, maintenues sous une garantie uniforme dâobjectivitĂ© modulĂ©e, comme lâexplique Hegel dans le premier tome de sa Science de la logique qui est consacrĂ© prĂ©cisĂ©ment Ă une logique de lâĂȘtre », sous les catĂ©gories de la qualitĂ©, de la quantitĂ© et de la mesure, catĂ©gories qui, Ă des niveaux diffĂ©rents de complication, exploitent le mĂȘme fond commun, lâĂȘtre tel quâil est ou est censĂ© ĂȘtre, dont elles mettent en Ă©vidence et renforcent lâunitĂ© dans une telle perspective, penser câest, sous les formes les plus diverses, penser un, donc uniformiser, homogĂ©nĂ©iser, cohĂ©rer, faire converger, rassembler, et en derniĂšre instance confondre, sous la caution dâun ontologisme primaire qui rĂ©duit les diffĂ©rences en les plaçant sous une Ă©chelle commune dâapprĂ©ciation. Selon Hegel, câest lâĂ©troitesse spĂ©cifique Ă cette maniĂšre de penser qui contraint Ă la dĂ©passer, en renonçant Ă penser un, au premier degrĂ©, pour se mettre Ă penser deux, forme rĂ©flexive propre Ă ce quâil appelle une logique de lâessence, qui introduit dans lâĂȘtre la puissance divisante du nĂ©gatif, et prĂ©pare ainsi le passage dâune logique objective Ă une logique subjective, ou logique du concept ; cette derniĂšre consiste Ă penser trois, par le biais de la transfiguration de la nĂ©gation simple, encore Ă lâĆuvre dans la logique de lâessence, en nĂ©gation absolue ou nĂ©gation de la nĂ©gation qui, par une opĂ©ration dâAufhebung dont le modĂšle est fourni par le calcul et par la grammaire, assure, aprĂšs une longue suite de dĂ©tours, le retour du positif, et referme sur lui-mĂȘme le cercle de la spĂ©culation logique. La critique de lâontologisme, qui, alimentĂ©e par la confrontation Ă des matiĂšres Ă©trangĂšres » fournies en derniĂšre instance par les diverses manifestations de la vie naturelle et sociale, donne son impulsion Ă la rĂ©flexion philosophique de Canguilhem, dĂ©bouche elle aussi sur une conception qui fait fond sur le principe de la nĂ©gativitĂ© et quâil nâhĂ©site pas Ă appeler Ă lâoccasion dialectique », quoiquâelle diverge sur le fond par rapport Ă la conception hĂ©gĂ©lienne qui relĂšve en derniĂšre instance dâune philosophie de lâEsprit dont le fil conducteur est le finalisme, voie royale assurant le retour du mĂȘme une fois toutes les diffĂ©rences surmontĂ©es or, ce quâon vient de dĂ©signer Ă lâessai en se servant de la formule philosophie du milieu », â on pourrait aussi parler dâune philosophie au milieu » â, se situe prĂ©cisĂ©ment en alternative Ă une philosophie de lâEsprit, tentative ou tentation rĂ©conciliatrice, dont Canguilhem nâa cessĂ© de se dĂ©marquer4, ce qui, si on y rĂ©flĂ©chit bien, est une façon de reconnaĂźtre implicitement, sinon son bien-fondĂ©, du moins la puissance dâattraction qui, tel un phĂ©nix, fait interminablement renaĂźtre de ses cendres cette forme idĂ©alisante de spĂ©culation que constitue le spiritualisme, contre laquelle on nâa jamais fini de mener combat. La dialectique » dont il lui arrive de se rĂ©clamer Ă titre personnel, nourrie par la lecture de lâEssai pour introduire en philosophie le concept de grandeurs nĂ©gatives de Kant, par celle des oeuvres de Renouvier et de Hamelin, par celle des philosophes nĂ©o-kantiens des valeurs de lâĂ©cole de Heidelberg, et pour finir par celle des travaux que Bachelard a consacrĂ©s aux jeux contrastĂ©s de la connaissance scientifique et de lâimagination, consiste pour lâessentiel en une philosophie du non » qui fait jouer Ă plein, sous un horizon dâinachĂšvement, le principe de la nĂ©gativitĂ© en Ă©cartant la possibilitĂ© de sa conversion magique en nĂ©gation de la nĂ©gation destinĂ©e Ă assurer, sous la figure dâun ontologisme de part en part spiritualisĂ©, et refinalisĂ©, le retour triomphal de la positivitĂ©. Les rĂ©fĂ©rences philosophiques, dâinspiration expressĂ©ment anti-hĂ©gĂ©liennes, qui viennent dâĂȘtre Ă©voquĂ©es, renvoient Ă un remaniement de la perspective dialectique, qui assigne au nĂ©gatif une position dâaltĂ©ritĂ© ne devant pas ĂȘtre interprĂ©tĂ©e de maniĂšre dĂ©fective mais affirmative. Comme lâĂ©crit Kant en vue de repenser le rapport entre action et rĂ©action dĂ©veloppĂ© par la physique newtonienne Les grandeurs nĂ©gatives ne sont pas des nĂ©gations de grandeurs âŠ] mais au contraire quelque chose de vraiment positif en soi, qui est simplement opposĂ© Ă lâautre grandeur positive. »5 Il sâagit donc dâopposĂ©s rĂ©els, dont seule la relation est marquĂ©e par la nĂ©gativitĂ©, Ă©tant Ă©cartĂ©e la possibilitĂ© quâaucun des termes de cette relation puisse ĂȘtre considĂ©rĂ© comme nĂ©gatif ou positif en soi autrement dit, ceux-ci, tout en sâopposant, coexistent et dâune certaine maniĂšre se complĂštent6, sâappellent rĂ©ciproquement, sans toutefois se concilier ni fusionner. Ce qui est rĂ©el », ce qui constitue la trame de la rĂ©alitĂ© en tant que milieu, milieu de vie ou milieu de pensĂ©e, ce nâest pas lâun Ă lâexclusion de lâautre, câest-Ă -dire en fin de compte lâun sans lâautre, mais leur relation antagonique, leur contrariĂ©tĂ© » dirait Hamelin7, donc leur polaritĂ©, qui, si elle est amenĂ©e Ă revĂȘtir des formes indĂ©finiment variĂ©es, ne peut ĂȘtre rĂ©solue, câest-Ă -dire supprimĂ©e, dans lâabsolu. Dans cet esprit, Rickert soutient Pour progresser jusquâau tout, la philosophie doit Ă©tudier partout lâun et lâautre, donc procĂ©der de maniĂšre hĂ©tĂ©rologique. Sa mĂ©thode est apparentĂ©e Ă la mĂ©thode dialectique » au sens de Hegel et doit malgrĂ© tout en ĂȘtre nettement sĂ©parĂ©e. La nĂ©gation de la thĂšse, ou lâantithĂšse, ne suffit pas. Il sâagit, avec lâhĂ©tĂ©rologie dâune ad-jonction Er-GĂ€nzerung positive de la thĂšse. »8 Lorsque Canguilhem Ă©crit, en 1943, dans son Essai sur quelques problĂšmes concernant le normal et le pathologique Le pathologique doit ĂȘtre compris comme une espĂšce du normal, lâanormal nâĂ©tant pas ce qui nâest pas normal, mais ce qui est un autre normal »9, il adopte prĂ©cisĂ©ment le point de vue hĂ©tĂ©rologique dĂ©fendu par Rickert. Ce point de vue est Ă la base de son concept de valeurs nĂ©gatives » qui, paradoxalement, en introduisant la nĂ©gation au cĆur des valeurs, conduit dialectiquement Ă affirmer, au sens fort du terme, la nĂ©cessitĂ© de leur conflit, qui constitue leur horizon indĂ©passable vivre, travailler, connaĂźtre, câest, sous des formes variĂ©e, se trouver en plein milieu ou au coeur de ce conflit des valeurs, donc y participer en adoptant Ă son Ă©gard une attitude dâextrĂȘme vigilance. Dans la partie complĂ©mentaire du Normal et le Pathologique rĂ©digĂ©e vingt ans aprĂšs » lâEssai, cette position est Ă nouveau affirmĂ©e, Ă©tant cette fois accompagnĂ©e de la rĂ©fĂ©rence Ă Bachelard, que Canguilhem situe dans le mĂȘme courant dialectique » qui met en avant le concept dâopposition au dĂ©triment de celui de contradiction Une norme tire son sens, sa fonction et sa valeur du fait de lâexistence en dehors dâelle de ce qui ne rĂ©pond pas Ă lâexigence quâelle sert. Le normal nâest pas un concept statique ou pacifique, mais un concept dynamique et polĂ©mique. G. Bachelard, qui sâest beaucoup intĂ©ressĂ© aux valeurs sous leur forme cosmique ou populaire, et Ă la valorisation selon les axes de lâimagination, a bien aperçu que toute valeur doit ĂȘtre gagnĂ©e contre une antivaleur. »10 Lorsquâil a pris connaissance des travaux de Goldstein, Canguilhem a Ă©tĂ© confirmĂ© dans cette orientation de pensĂ©e qui, comme Marx sây Ă©tait dĂ©jĂ essayĂ© en empruntant dâautres voies, conduit Ă expurger la dialectique de ses prĂ©supposĂ©s hĂ©gĂ©liens, prĂ©supposĂ©s qui, par une sorte de miracle spĂ©culatif, associent nĂ©cessitarisme et finalitĂ©. Ceci posĂ©, lâappel aux valeurs propre Ă une philosophie du devoir-ĂȘtre revĂȘt sa pleine dimension. Si les valeurs contestent les faits, ce nâest pas quâelles aient la prĂ©tention de se substituer Ă eux elles ne sont pas des faits de niveau supĂ©rieur, comme le professe le platonisme de premier degrĂ© qui soutient la doctrine cousinienne Du vrai, du Beau, du Bien », une maniĂšre de voir Ă laquelle il est impensable que Canguilhem ait pu, par un biais ou un autre, se rallier. Les valeurs, qui sont en conflit entre elles davantage quâelles ne sont en conflit avec les faits, ne sont pas des possibles idĂ©aux, des formes rationnelles en attente de leur rĂ©alisation sur laquelle elles anticiperaient, et dont lâĂ©vocation obĂ©it fatalement au mouvement rĂ©trograde du vrai. De ce point de vue, Canguilhem se place dans le sillage de la critique de la mĂ©taphysique effectuĂ©e par Kant dans la Dialectique transcendantale » de la Critique de la raison pure les valeurs qui orientent des jugements ne correspondent Ă rien de rĂ©el en soi qui puisse faire lâobjet dâune connaissance avĂ©rĂ©e ; elles se contentent de remplir Ă lâĂ©gard de ce qui arrive une fonction rĂ©gulatrice, du type de celle exercĂ©e par les idĂ©es de la raison, qui consiste en lâindication, sur le mode du comme si », de possibilitĂ©s, rien de plus. Si les valeurs interviennent dans les rĂ©seaux complexes de la rĂ©alitĂ©, câest donc en tant que possibles rĂ©els » qui, Ă mĂȘme son dĂ©roulement, rĂ©vĂšlent la nĂ©gativitĂ© immanente Ă ses relations et en impulsent dynamiquement les transformations ; elles ne sont pas un autre rĂ©el mais ce qui, au sein mĂȘme du rĂ©el, lâincite Ă devenir autre, Ă emprunter des allures nouvelles rĂ©pondant aux exigences quâelles formulent. De tels possibles sont Ă tous Ă©gards utopiques », au sens oĂč lâutopie nâest pas lâĂ©vocation, au futur, dâun autre monde destinĂ© Ă prendre la place de celui qui existe actuellement, mais reprĂ©sente, Ă lâintĂ©rieur de ce monde-ci, au prĂ©sent, le travail du nĂ©gatif qui le taraude et le hante dans ses profondeurs, en rĂ©vĂ©lant que, tel quâil est, ça ne va pas, etwas fehlt » pour reprendre une terminologie utilisĂ©e par Derrida, la vĂ©ritable alternative aux Ă©vidences et aux nĂ©cessitĂ©s de lâontologie, câest une hantologie »11. LâhistoricitĂ© telle que Canguilhem la conçoit, suivant la leçon de Renouvier, câest avant tout le sens du possible qui impulse un devenir les valeurs qui confortent ce sens ne planent pas au-dessus du monde tel quâil est, en se tenant en position de survol, elles ne prophĂ©tisent pas ; mais, en en suivant pas Ă pas les tours et les dĂ©tours, en se glissant dans ses plis, elles en reprĂ©sentent la contestation interne. La fonction de surveillance quâil leur revient en propre dâexercer rĂ©vĂšle que les faits » sous les apparences desquels la rĂ©alitĂ© se manifeste ne sont pas, comme on se le figure naĂŻvement, des tout faits », sous une forme achevĂ©e, statique, Ă prendre ou Ă laisser comme telle. Câest pourquoi les vraies valeurs, celles qui sont en mesure dâenclencher une dynamique normative, sont toutes sans exception des valeurs nĂ©gatives ; elles reprĂ©sentent lâintrusion du nĂ©gatif dans lâĂ©tat de fait quâelles remettent en question, et ouvrent ainsi, dans un climat dâincertitude et dâinsĂ©curitĂ©12, la perspective dâun devenir ce sont elles qui polarisent en incitant, lĂ oĂč on a lâhabitude de ne voir quâun, Ă penser deux, donc Ă faire la diffĂ©rence, Ă diviser, Ă sâopposer, dans un esprit, non dâacceptation, mais de contestation et de refus13. Ă cela sâajoute que ces valeurs, dont la position rĂ©pond au mouvement mĂȘme de la vie, nâont pas le statut de formes dĂ©finitivement structurĂ©es et prĂ©cisĂ©ment localisĂ©es vers lesquelles il nây aurait quâĂ faire retour ce sont des tendances, qui, tournĂ©es vers lâavant, propulsent le donnĂ© dans le sens de sa transformation, sa VerĂ€nderung » dirait-on dans le langage de Marx ; elles ne consistent pas en lâadaptation Ă des normes imposĂ©es du dehors mais en lâinvention de nouvelles normes dont le style, le schĂšme » dirait-on dans le langage de Kant14, se prĂ©cise au fur et Ă mesure de leur exercice. Câest pourquoi, thĂšse sur laquelle Canguilhem est revenu inlassablement, sans trouver de raison valable pour la remettre en question, câest la maladie qui est la vĂ©ritĂ© de la santĂ©, le pathologique lâĂ©preuve du normal, et non lâinverse Vivre, pour lâanimal dĂ©jĂ , et Ă plus forte raison pour lâhomme, ce nâest pas seulement vĂ©gĂ©ter et se conserver, câest affronter des risques et en triompher. La santĂ© est prĂ©cisĂ©ment, et principalement chez lâhomme, une certaine latitude, un certain jeu des normes de la vie et du comportement. Ce qui la caractĂ©rise, câest la capacitĂ© de tolĂ©rer la variation des normes auxquelles seule la stabilitĂ©, apparemment garantie et toujours nĂ©cessairement prĂ©caire, des situations et du milieu, confĂšre une valeur trompeuse de normal dĂ©finitif. »15 Cela est vrai de toutes les expĂ©riences de la vie sans exception, au nombre desquelles lâeffort en vue de connaĂźtre objectivement la rĂ©alitĂ© qui dĂ©finit en propre lâesprit scientifique cet effort, bien loin de procĂ©der dâune rupture avec le monde de la vie qui, une fois accomplie, permettrait de suivre, dâacquis en acquis, une voie uniment progressive rĂ©pondant aux seules nĂ©cessitĂ©s du raisonnement pur, nâavance que sous lâimpulsion du conflit des valeurs, Ă travers la confrontation Ă des valeurs nĂ©gatives, câest-Ă -dire en surmontant sans cesse des obstacles ; lâhistoire des sciences a prĂ©cisĂ©ment pour contenu cette interminable confrontation, dont elle restitue les incidences et les rebonds, en sâabstenant de supposer que ceux-ci conduisent quelque part et constituent, sur le modĂšle dâun chemin de croix spĂ©culatif, les Ă©tapes menant Ă un terme dĂ©finitif qui serait la vĂ©ritĂ© ultime et positive des choses. Sur ces bases, il est possible de prendre en considĂ©ration la rĂ©flexion que Canguilhem a consacrĂ©e Ă lâidĂ©e de milieu et dâexaminer le sens dans lequel elle sâest orientĂ©e. Ce qui caractĂ©rise dĂšs lâabord cette idĂ©e, câest lâhĂ©tĂ©rogĂ©nĂ©itĂ© et la dispersion des champs auxquels elle renvoie, ce qui favorise la prolifĂ©ration des valeurs nĂ©gatives. Ses implications sont si diverses, mĂȘlĂ©es et fluctuantes16, quâelles en remettent en cause la consistance et la fiabilitĂ©, ce qui ne la rend pas moins stimulante intellectuellement, bien au contraire la pensĂ©e, comme lâhistoire, comme la vie, nâavance pas que par ses bons cĂŽtĂ©s ou par ses bons concepts sur une ligne toute droite dont il nây aurait quâĂ suivre du dĂ©but jusquâĂ la fin le tracĂ©17. Lorsque, suivant sa mĂ©thode habituelle, Canguilhem a abordĂ© le concept de milieu par le biais de lâhistoire complexe de sa formation, câest-Ă -dire aussi de ses transformations et de ses dĂ©formations, il lui a assignĂ© Ă la fois des commencements et une origine. Ses commencements se situent factuellement sur la plan de la gnosĂ©ologie physique câest dans le contexte propre Ă la mĂ©canique newtonienne, fondĂ©e sur le principe de lâaction Ă distance rĂ©cusĂ© par le cartĂ©sianisme, que cette idĂ©e, qui a Ă©tĂ© ensuite transposĂ©e dans le champ de la biologie, a commencĂ© Ă sâĂ©laborer, puis sâest dĂ©veloppĂ©e dans une perspective dâĂ©largissement et dâextension. Toutefois, ces commencements, et ce qui en est peu Ă peu sorti, au terme de dĂ©bats dont celui du lamarckisme, thĂ©orie de lâadaptation au milieu, et du darwinisme, thĂ©orie de la sĂ©lection par le milieu18, fournit une illustration exemplaire, ne restituent pas toute la portĂ©e de ce concept. Celle-ci ne se rĂ©vĂšle que si on remonte jusquâĂ son origine, bien antĂ©rieure Ă ses commencements effectifs. Comme Canguilhem le montre tout Ă la fin de son article sur Le vivant et son milieu », oĂč, aprĂšs avoir restituĂ© lâhistoire sinueuse suivie par lâidĂ©e de milieu de la fin du XVIIe siĂšcle jusquâau XXe siĂšcle, il effectue un Ă©tonnant retour en arriĂšre de deux mille ans, cette origine est stoĂŻcienne Câest la thĂ©orie de la sympathie universelle, intuition vitaliste du devenir universel, qui donne son sens Ă la thĂ©orie gĂ©ographique des milieux. Cette thĂ©orie suppose lâassimilation de la totalitĂ© des choses Ă un organisme, et la reprĂ©sentation de la totalitĂ©, sous la forme dâune sphĂšre, centrĂ©e sur la situation dâun vivant privilĂ©giĂ© lâhomme. »19 Ce type de spĂ©culation, qui assimile le monde non Ă un mĂ©canisme mais Ă un organisme, est orientĂ© dans le sens dâune totalisation tournĂ©e vers le dedans, ce qui suppose un centre, et non plus dans celui dâune expansion indĂ©finie, tendanciellement dĂ©centrĂ©e, tournĂ©e vers le dehors, selon le modĂšle qui a fini par prĂ©dominer lorsque, Ă lâĂ©poque moderne, la reprĂ©sentation de lâunivers infini a supplantĂ© celle dâun cosmos fini et fermĂ© sur lui-mĂȘme. La notion de milieu, telle quâelle se prĂ©sente aujourdâhui, prend sens Ă la croisĂ©e, et en quelque sorte au milieu » de ces deux tendances opposĂ©es dont lâune lui confĂšre le caractĂšre dâune donnĂ©e objective offerte Ă lâanalyse et au calcul, alors que lâautre revĂȘt une dimension subjective qui relĂšve en derniĂšre instance dâune conviction imaginaire, celle de se trouver au centre du monde. Milieu », mot lui-mĂȘme composĂ©, sâĂ©crit et se comprend selon la premiĂšre perspective, dĂ©rivĂ©e de ses commencements, mi-lieu », qui constitue un champ intermĂ©diaire Ă lâintĂ©rieur dâun espace dĂ©centrĂ© et homogĂšne ; selon la seconde, qui dĂ©rive de son origine, il sâĂ©crit et sâinterprĂšte mi-lieu », en rĂ©fĂ©rence Ă la position dâun centre situĂ© Ă lâintĂ©rieur dâun espace qualifiĂ© et diffĂ©renciĂ©20. Ătre au milieu », formule dont Pascal se sert pour caractĂ©riser la condition humaine, câest ĂȘtre au rouet » de ces deux orientations opposĂ©es dont le conflit, la disproportion » comme lâappelle Pascal, gĂ©nĂšre une inquiĂ©tude existentielle21. Toute la question est de savoir si la conception objective » du milieu, qui a donnĂ© naissance Ă une nouvelle physique, fondĂ©e sur le principe gĂ©nĂ©ral du dĂ©terminisme, dâoĂč le concept de milieu a tirĂ© ses commencements, a dĂ©finitivement supplantĂ© la conception subjective » qui a constituĂ© son origine, aprĂšs que celle-ci ait Ă©tĂ© disqualifiĂ©e au nom du primat de la raison sur lâimagination. Or, il nâen est rien, comme on est amenĂ© Ă le constater lorsquâon aborde la notion de milieu au point de vue de la connaissance de la vie, dans une perspective qui nâest plus abstraite et thĂ©orique mais concrĂšte et pratique en effet, il apparaĂźt alors quâil nây a pas de milieu en soi, entiĂšrement dĂ©terminĂ© dans son ĂȘtre par des conditions naturelles, mais il nây a de milieux que pour des vivants, en relation avec leurs besoins et leurs tendances qui ne cessent de les reconfigurer22. La connaissance de la vie nâa pas affaire Ă des ĂȘtres dont la constitution pourrait ĂȘtre Ă©tudiĂ©e indĂ©pendamment des rapports quâils entretiennent avec un milieu dâexistence, qui serait lui-mĂȘme dĂ©terminĂ© en fonction de ses lois propres, donc indĂ©pendamment des vivants qui lâinvestissent sous des formes qui font intervenir la considĂ©ration non seulement de lâĂȘtre mais dâun devoir-ĂȘtre pour cette forme spĂ©cifique de connaissance, et câest ce qui la singularise radicalement, ce qui existe dâemblĂ©e câest lâensemble fluctuant des relations dâinterpĂ©nĂ©tration rĂ©ciproque entre des vivants et leurs milieux dâexistence, ensemble qui constitue une totalitĂ© Ă la fois indĂ©composable, inanalysable, et en cours permanent de transformation. Les milieux des vivants ne sont pas des Ă©tats donnĂ©s une fois pour toutes, relevant dâune logique de lâĂȘtre, mais des champs dâaction, dâintervention et de circulation, offerts comme tels au sens du possible, dans une perspective non pas ontologique mais axiologique23. Cette nouvelle approche de la notion de milieu est confirmĂ©e, sur le plan de lâĂ©thologie animale par la distinction que fait UexkĂŒll entre Umgebung environnement gĂ©ographique neutralisĂ© et Umwelt monde centrĂ© sur un sujet dâinitiatives mettant en Ćuvre ses valeurs propres, sur le plan de la gĂ©ographie humaine par le possibilisme »24 de Vidal de La Blache, sur le plan de la pathologie humaine par la rĂ©flexion de Goldstein au sujet du Kranksein, et sur le plan de lâergonomie par les Ă©tudes que Friedmann a consacrĂ©es aux aspects proprement humains, non mĂ©canisables, du travail industriel25 les uns et les autres ont rĂ©orientĂ© la conception du milieu dans le sens de son recentrement sur un sujet axiologique, Ă lâopposĂ© de la tendance dĂ©terministe, objectivante et neutralisante, privilĂ©giĂ©e par un rationalisme positiviste et scientiste. Toutefois, il ne faudrait pas croire que cette resubjectivation va dans le sens dâun retour en arriĂšre, câest-Ă -dire dâune rĂ©habilitation de lâanimisme sur lequel avait Ă©tĂ© bĂątie la conception antique du cosmos elle amĂšne au contraire Ă reprendre de fond en comble, en vue de reconstruire cette notion sur de nouvelles bases, la notion de sujet en tant que principe centralisateur autour duquel un monde se dispose et sâorganise, donc prend forme dynamiquement. Pour y voir plus clair Ă ce sujet, il est utile de revenir Ă la question de lâanthropocentrisme, qui est au cĆur, reprenons les termes de Canguilhem qui viennent dâĂȘtre citĂ©s, de la reprĂ©sentation de la totalitĂ©, sous la forme dâune sphĂšre, centrĂ©e sur la situation dâun vivant privilĂ©giĂ© lâhomme ». Cette reprĂ©sentation, qui a longtemps prĂ©valu, a Ă©tĂ© disqualifiĂ©e quand a Ă©tĂ© effectuĂ©, Ă lâĂ©poque moderne, le passage du gĂ©ocentrisme Ă lâhĂ©liocentrisme dont a rĂ©sultĂ© une objectivation de la notion de milieu allant dans le sens de son illimitation et de son dĂ©centrement lâhomme nâa pu alors continuer Ă se percevoir comme se trouvant au centre du monde, et dâun monde fait Ă sa mesure, mais il a Ă©tĂ© rejetĂ© Ă sa pĂ©riphĂ©rie, une pĂ©riphĂ©rie qui se trouve Ă la fois partout et nulle part. Mais, congĂ© ayant Ă©tĂ© ainsi donnĂ© au prĂ©jugĂ© anthropocentriste, on nâen a pas fini pour autant avec un autre prĂ©supposĂ©, qui est celui de lâanthropomorphisme, comme le montre Canguilhem dans son article sur Lâhomme et lâanimal dâun point de vue psychologique selon Charles Darwin ». Dans La Descendance de lâhomme 1871 et dans lâouvrage consacrĂ© Ă lâExpression des Ă©motions chez lâhomme et chez lâanimal 187226 sont jetĂ©es les bases dâune psychologie comparĂ©e qui relie lâhomme et lâanimal en installant entre eux une diffĂ©rence, non de nature, mais de degrĂ©, ce qui revient Ă projeter sur lâensemble des vivants un principe de mesure que son caractĂšre quantitatif rend homogĂšne dans lâabstrait, et qui est en rĂ©alitĂ© calquĂ© sur le type des classifications humaines. Alors, câest par rapport Ă lâhomme que lâensemble des vivants se trouve Ă©valuĂ©, ce qui incite Ă nous reprĂ©senter comme des animaux Ă valeur ajoutĂ©e »27, donc, inversement, Ă reprĂ©senter les animaux comme des hommes Ă valeur diminuĂ©e, et mĂȘme, si on adopte le paradigme de lâĂ©chelle des ĂȘtres, de plus en plus diminuĂ©e. En consĂ©quence, câest dĂ©valoriser lâanimal pour valoriser lâhomme au nom de la conception que celui-ci se fait de ses propres valeurs, alors que celles-ci sont Ă©trangĂšres Ă celles des autres vivants En somme la Descendance de lâhomme aurait seulement opĂ©rĂ© un coup de force dans la nomenclature. Lâadjectif sapiens, jusquâalors accolĂ© Ă homo, serait dĂ©sormais accolĂ© Ă animal, homo y compris. Mais dans ce transfert lâadjectif conserverait quelque empreinte du substantif auquel il Ă©tait initialement appliquĂ©. »28 Suivi jusquâĂ ses ultimes consĂ©quences, ce prĂ©supposĂ© anthropomorphique conduit Ă penser quâil nây a de vrai sujet, pleinement constituĂ©, quâhumain, les autres vivants Ă©tant renvoyĂ©s au statut de quasi sujets, sujets incomplets, imparfaits, voire mĂȘme manquĂ©s, auxquels fait dĂ©faut, du moins en partie, la capacitĂ© entiĂšre dâĂ©valuation et de jugement qui appartient Ă lâhumain comme tel et le dĂ©finit. Cette position est celle dâun Ă©volutionnisme de premier degrĂ©, au point de vue duquel lâantĂ©rieur est automatiquement infĂ©rieur, et le postĂ©rieur supĂ©rieur. Or, dĂšs la thĂšse de mĂ©decine de 1943, Canguilhem avait pris nettement distance avec une telle maniĂšre de voir Vivre, câest, mĂȘme chez une amibe, prĂ©fĂ©rer et exclure. »29 PrĂ©fĂ©rer et exclure, en faisant la diffĂ©rence entre ce qui est estimĂ© utile et le nuisible, manifestations Ă©lĂ©mentaires de la polaritĂ© de la vie, câest exprimer des exigences, en rapport avec un devoir-ĂȘtre, donc, au sens propre du terme, juger, mĂȘme si ce nâest pas en conscience et Ă bon escient. Dans des notes rĂ©digĂ©es en 1941 au moment oĂč Canguilhem est engagĂ© dans le travail de prĂ©paration de sa thĂšse de mĂ©decine, il Ă©crit Si nous admettons, en accord du reste avec la suggestion Ă©tymologique, que juger câest discriminer et Ă©valuer, pourquoi refuserions-nous le jugement mĂȘme Ă une amibe, Ă un vĂ©gĂ©tal ? Partout oĂč il y a vie [âŠ] il y a discernement et choix et donc il y a jugement. Parce que la conscience relative dont il jouit permet Ă lâhomme de construire une thĂ©orie du jugement, cela nâentraĂźne pas que la puissance de juger commence Ă lui et soit refusĂ©e aux vivants autres que lui. »30 De ce que la puissance de juger ne commence pas Ă lâhomme rĂ©sulte que ce nâest pas en fonction des normes Ă©dictĂ©es par lâhomme dâaprĂšs les modalitĂ©s spĂ©cifiques que cette puissance de juger revĂȘt pour lui et si lâon veut en lui, dans son monde propre, que celle-ci doit ĂȘtre interprĂ©tĂ©e gĂ©nĂ©ralement, ce qui revient Ă la faire rentrer dans une grille homogĂšne et continue oĂč toutes les formes possibles dâexercice de cette puissance de prĂ©fĂ©rer et dâexclure sont rabattues sur un mĂȘme type intellectualisĂ© repris de lâhomme. De ce point de vue, le prĂ©jugĂ© anthropomorphique nâest quâun avatar de lâontologisme qui fait tout rentrer dans lâordre du mĂȘme. Sans doute, lâamibe, lorsquâelle prĂ©fĂšre ou exclut, donc lorsque, Ă son niveau, â quantum in se est », dirait Spinoza â, elle juge, ne le fait pas, non seulement de la mĂȘme maniĂšre, mais de maniĂšre comparable, câest-Ă -dire Ă©valuable en termes de plus ou de moins, avec celle qui est propre Ă lâhumain elle le fait de maniĂšre toute diffĂ©rente â Spinoza dirait selon les exigences de son conatus propre31 â, ce qui exclut une telle comparaison. Sur le plan de la vie, sâil y a partout puissance de juger, câest-Ă -dire de discriminer lâutile du nuisible, il nây a pas de forme universelle du jugement posĂ©e en rĂ©fĂ©rence Ă des modĂšles idĂ©aux du bien et du mal qui, considĂ©rĂ©s pour eux-mĂȘmes, auraient une portĂ©e purement thĂ©orique et seraient susceptibles dâĂȘtre rationalisĂ©s. La puissance de juger sâexerce selon des types irrĂ©ductibles les uns aux autres chez tous les vivants sans exception, â y compris les vĂ©gĂ©taux ; ces derniers, bien quâils ne disposent dâaucune mobilitĂ© ne sont pas tout Ă fait privĂ©s de sensibilitĂ©, donc ont, mĂȘme si cette conscience nâest pas rĂ©flĂ©chie et ne sâaccompagne pas de conscience de soi, conscience de leur environnement dont ils ressentent la prĂ©sence Ă travers les sollicitations venues de lui quâils perçoivent parce quâelles ont un sens pour eux 32. Cela signifie que ces vivants sont tous, chacun Ă sa maniĂšre, sujets de jugement, en lâabsence dâune forme-sujet gĂ©nĂ©rale, dĂ©finissable une fois pour toutes dans sa forme, Ă laquelle ces diffĂ©rentes façons dâĂȘtre sujet puissent ĂȘtre rapportĂ©es lorsque lâhomme Ă©labore lâidĂ©e dâune forme-sujet dotĂ©e de conscience, câest dans le contexte propre Ă ses conditions dâexistence qui impliquent la capacitĂ© de rĂ©flĂ©chir et de raisonner mise en Ćuvre, cultivĂ©e et mĂ©morisĂ©e au cours de sa longue histoire par Homo sapiens. De cette conscience-lĂ , qui nâest cependant pas le type universel de la conscience mais reprĂ©sente les modalitĂ©s de celle-ci qui ont Ă©tĂ© informĂ©es par la culture et les pratiques mĂ©morielles qui lui sont propres, le vĂ©gĂ©tal et lâamibe sont manifestement privĂ©s mais cela ne les empĂȘche pas dâĂȘtre eux aussi, dans lâordre qui les dĂ©finit, sujets » Ă lâintĂ©rieur de leurs mondes oĂč ils dĂ©tiennent, dans certaines limites, autant quâil est en eux de le faire, la position de centres de jugement et dâinitiative, capables comme tels de rĂ©agir Ă des sollicitations venues de leur environnement. Il en rĂ©sulte que ĂȘtre sujet, pour un vivant quel quâil soit, ce nâest pas prioritairement ĂȘtre sujet de raison, ce qui, Ă la rigueur, mais câest encore bien rĂ©ducteur, peut ĂȘtre avancĂ© Ă propos de lâhomme, mais câest ĂȘtre sujet dâaction, engagĂ© dans le monde dâune maniĂšre qui nâest pas uniquement reprĂ©sentationnelle et mentale mais aussi, et mĂȘme avant tout, comportementale et corporelle. Ătre sujet, ce qui nâest pas une condition donnĂ©e de maniĂšre statique, câest donc avant tout se trouver dans un rapport dâinterpĂ©nĂ©tration rĂ©ciproque avec son milieu dâexistence, et adopter tant bien que mal, en prenant des risques, les allures de vie qui rĂ©pondent dynamiquement Ă ce rapport ; en consĂ©quence, câest dĂ©velopper, autant quâon y est enclin par sa nature, le sens du possible. Devoir ĂȘtre, Ă ce point de vue, ne se rĂ©sume pas au fait de se soumettre mĂ©caniquement Ă des obligations extĂ©rieures, mais consiste Ă ĂȘtre inclinĂ© par sa nature propre dans le sens dâun mouvement tendanciel dont le principe est immanent Ă son sujet »33. LâidentitĂ© dâun tel sujet, qui nâest pas rĂ©ductible Ă un Ă©tat ou Ă un acquis, est elle-mĂȘme tendancielle, câest-Ă -dire quâelle se constitue et se transforme au fur et Ă mesure que se dĂ©roule le cycle de ses interfĂ©rences avec son milieu ; elle reste une virtualitĂ© qui demeure en permanence Ă mettre en Ćuvre34. Ă ce point de vue, il nây a de milieu, comme il nây a de sujet, que virtuels. Ce qui spĂ©cifie lâhumain par rapport aux autres vivants, câest que cette plasticitĂ© est portĂ©e par lui Ă sa puissance maximale lâĂ©volution naturelle et son histoire propre, qui, il ne faut pas lâoublier, est issue de cette Ă©volution et nâen est en fin de compte quâune production dĂ©rivĂ©e, une branche », lui ont donnĂ© la capacitĂ© Ă la fois de changer son milieu, par lâintermĂ©diaire de la technique, et, au besoin, de changer de milieu en sâexterritorialisant, capacitĂ© dont les autres espĂšces ne disposent pas, du moins Ă ce degrĂ© et Ă ce rythme. La reconfiguration de la notion de sujet appelĂ©e par la connaissance de la vie en Ă©largit donc lâextension en rĂ©trĂ©cissant sa comprĂ©hension ĂȘtre sujet, au point de vue propre Ă cette connaissance, ce nâest rien de plus que prĂ©fĂ©rer et exclure, en Ă©tant exposĂ© Ă la polaritĂ© de la vie et de ses valeurs. Est-il permis de parler Ă ce propos de rĂ©volution copernicienne » ? Cette formule, on le sait, peut ĂȘtre prise dans des sens opposĂ©s. Dans son sens littĂ©ral, celui de Copernic, elle Ă©voque la procĂ©dure de dĂ©centration et dâobjectivation qui dĂ©bouche Ă terme sur la reprĂ©sentation de lâunivers infini35. Dans la reprise paradoxale qui en a Ă©tĂ© effectuĂ©e par une certaine vulgate kantienne, elle indique, exactement Ă lâinverse, une opĂ©ration de recentrement, qui replace le sujet au centre dâun monde alors, ce dernier cesse dâĂȘtre le monde » en gĂ©nĂ©ral et devient, en particulier, son monde », celui quâil recrĂ©e Ă sa mesure en utilisant les moyens qui lui sont fournis par son organisation mentale, sa raison ». Lorsquâil forge le concept dâUmwelt, UexkĂŒll explique que la biologie trouve accĂšs Ă la doctrine de Kant quâelle va scientifiquement exploiter dans la thĂ©orie des milieux en insistant sur le rĂŽle dĂ©cisif du sujet »36 ce rĂŽle dĂ©cisif concĂ©dĂ© au sujet revient Ă le placer au centre dâun monde qui est, Ă tous Ă©gards, le sien », et ne peut en consĂ©quence ĂȘtre reprĂ©sentĂ© comme un ordre de rĂ©alitĂ© universellement diffus et englobant, espace neutre indĂ©pendant de la position du sujet qui lâoccupe ou qui lâhabite. Lorsquâil fait ce rapprochement, UexkĂŒll ne tient pas compte du fait que le sujet auquel il fait rĂ©fĂ©rence, qui se pose comme tel en rapport Ă lâUmwelt quâil reconfigure autour de lui en fonction de ses valeurs propres, nâest pas, comme lâenvisage Kant, un sujet mental, soumis aux rĂšgles dâune raison pure, mais un sujet corporel, dâemblĂ©e engagĂ© dans le monde oĂč il agit, ce qui change tout ce sujet nâest en aucun cas un esprit tournĂ© prioritairement vers soi, un sujet qui se » pense, mais un ĂȘtre que son organisation corporelle, si elle peut ĂȘtre considĂ©rĂ©e en elle-mĂȘme et pour elle-mĂȘme dâun point de vue anatomique, met, si on la considĂšre sur le plan de son fonctionnement, donc dâun point de vue physiologique, en rapport avec dâautres ĂȘtres naturels, vivants ou non vivants, Ă lâĂ©gard desquels il est amenĂ© Ă entretenir des rapports actifs de prĂ©fĂ©rence ou dâexclusion, en formulant les exigences propres Ă un devoir-ĂȘtre » en cours dâeffectuation. Dâautre part, UexkĂŒll donne Ă penser que, Ă son point de vue, chaque monde conformĂ© en rapport avec un certain type de vivant et centrĂ© sur ses besoins spĂ©cifiques se prĂ©sente comme un empire autonome, enfermĂ© dans les limites de son ordre propre, tanquam imperium in imperio, serait-on tentĂ© de dire ; il faudrait alors traduire cette formule comme un empire dans lâempire », ce second empire, qui contient tous les autres, Ă©tant le monde en gĂ©nĂ©ral. En vue de dĂ©velopper cette idĂ©e, UexkĂŒll utilise une parabole , celle du chĂȘne et de ses habitants qui, selon ses propres termes, fournit le tĂ©moignage de ce qui se produit en grand dans le grand arbre de la nature »37. Pour les animaux qui sây sont installĂ©s, â le renard qui a construit sa taniĂšre entre ses racines, la chouette qui a trouvĂ© au croisement de ses branches un poste dâobservation commode, la fourmi qui fouille sous lâĂ©corce de son tronc, etc. â, la mĂȘme rĂ©alitĂ© naturelle fait lâobjet de dĂ©coupes diffĂ©rentes38. Le sujet-chĂȘne, sujet-monde qui porte et renferme tous les milieux », contient les empires particuliers que sây taillent, chacun pour soi, les diffĂ©rents vivants qui lâhabitent en ignorant son existence et sans rien savoir de sa nature il constitue pour eux lâĂ©quivalent de la chose en soi inconnaissable Ă laquelle ils nâont pas besoin de se rĂ©fĂ©rer pour exister et pour agir Ă leur façon propre. Lâunivers tel que UexkĂŒll lâinterprĂšte, est peuplĂ© de sujets, sujets intentionnels Ă dĂ©faut dâĂȘtre rĂ©flĂ©chis et conscients des buts vers lesquels leurs comportements sont orientĂ©s ; ces sujets dĂ©ploient autour dâeux des mondes composĂ©s de signes que, sâils ne les ont pas Ă proprement parler produits, tirĂ©s absolument du nĂ©ant, ils ont sĂ©lectionnĂ©s. Kurt Goldstein a opposĂ© Ă cette maniĂšre de voir lâobjection suivante Ce ne serait possible que si chaque organisme individuel vivait solidement encastrĂ© dans un monde Ă part, son environnement, et si pour lui le reste du monde nâexistait pas. Mais dans ce cas le problĂšme de lâorganisme serait simplement dĂ©placĂ© pour devenir le problĂšme de cet environnement dĂ©terminĂ©. En rĂ©alitĂ© la situation est toute diffĂ©rente. Chaque organisme vit dans un monde qui est loin de ne contenir que des excitations adĂ©quates Ă cet organisme, il ne vit point dans son seul environnement », mais au contraire dans un monde oĂč toutes les autres excitations possibles se font sentir et agissent sur lui. Câest de cet environnement en quelque sorte nĂ©gatif quâil doit venir Ă bout. En rĂ©alitĂ© il se fait sans cesse un choix parmi les Ă©vĂ©nements du monde selon quâils appartiennent » Ă lâorganisme ou quâils nâappartiennent pas Ă lâorganisme. Lâenvironnement dâun organisme nâest point quelque chose dâachevĂ©, mais il se forme sans cesse Ă nouveau dans la mesure oĂč lâorganisme vit et agit. »39 Lâenvironnement dâun organisme nâest point quelque chose dâachevĂ© » il nâest pas donnĂ© tel quel avec lâorganisme, au titre dâun prolongement ou dâune Ă©manation de sa constitution, mais il est le rĂ©sultat de son activitĂ© temporelle, au cours de laquelle lâorganisme est en prise avec un monde dans lequel il lui faut Ă chaque fois se refaire une place en tenant compte des circonstances du moment. Pour revenir au modĂšle du chĂȘne, celui-ci ne se prĂ©sente pas comme un immeuble Ă plusieurs Ă©tages dont les diffĂ©rents occupants seraient confinĂ©s dans des appartements sĂ©parĂ©s, et nâauraient lâoccasion de se rencontrer, fugitivement et sans suite, que lorsquâils en empruntent les parties communes ». Se retrouve ici lâambiguĂŻtĂ© constitutive de la notion de milieu, qui ne fonctionne pas Ă sens unique, mais est rĂ©versible, dans la mesure oĂč elle joue simultanĂ©ment du centre vers la pĂ©riphĂ©rie mais aussi de la pĂ©riphĂ©rie vers le centre, ce qui lui confĂšre instabilitĂ© et inachĂšvement. La relation du vivant Ă son milieu ne prĂ©sente donc pas le caractĂšre dâun fait immuable, objectivement donnĂ©, mais elle est tendancielle, en cours dâeffectuation, jamais achevĂ©e ; câest pourquoi son allure est celle dâun devoir-ĂȘtre » dont la rĂ©alisation, soumise aux conditions de la prĂ©caritĂ©, nâest pas garantie. La fable du chĂȘne racontĂ©e par UexkĂŒll offre une certaine analogie avec la parabole du hĂ©risson que Canguilhem commente dans La connaissance de la vie 40. Dans la piĂšce de Giraudoux, Electre, Ă laquelle cette parabole est empruntĂ©e, le mendiant qui la rapporte sâinterroge sur le destin tragique qui amĂšne les hĂ©rissons Ă traverser des routes oĂč ils se font Ă©craser. Or, selon Canguilhem, cette interrogation nâa aucun sens si on prend en compte les conditions dans lesquelles les hĂ©rissons sont amenĂ©s Ă se dĂ©placer, non pas dans lâespace en gĂ©nĂ©ral, mais dans leur espace Ă eux, tel quâil se dĂ©finit en fonction des besoins et tendances des vivants quâils sont, câest-Ă -dire prĂ©cisĂ©ment des hĂ©rissons Ă lâintĂ©rieur de cet espace, il nây a pas de routes, celles-ci Ă©tant tracĂ©es par les hommes Ă travers leur espace spĂ©cifique dâhommes modifiĂ© par les moyens des techniques humaines. En consĂ©quence, il nây a pas lieu de se demander quelle fatalitĂ© amĂšne les hĂ©rissons Ă traverser les routes tracĂ©es par les hommes, car ces routes, qui figurent dans lâespace des hommes, nâont pas place dans leur espace de hĂ©rissons, ce qui explique quâils sây lancent Ă lâaveugle. Mais il faut aller plus loin si les hĂ©rissons ne traversent pas les routes humaines, ces derniĂšres, elles, coupent, lacĂšrent, lâespace configurĂ© en fonction de leur nature propre de hĂ©rissons, ce qui a pour eux des consĂ©quences fatales quâils ne pouvaient prĂ©voir car elles Ă©taient privĂ©es pour eux de signification. Il serait donc inappropriĂ© de soutenir que les espaces vitaux des hommes, des hĂ©rissons, et de toutes les autres espĂšces de vivants, se cĂŽtoient sans jamais se rencontrer, Ă la maniĂšre de locaux cloisonnĂ©s qui coexistent dans le cadre dâun immeuble collectif oĂč, Ă©tant rĂ©unis, ils restent cependant dĂ©finitivement indĂ©pendants les uns des autres bien au contraire, la rĂ©alitĂ© effective des mouvements vitaux accomplis Ă lâintĂ©rieur de ces diffĂ©rents espaces est affectĂ©e par les diverses formes que sont exposĂ©s Ă prendre leurs croisements, Ă lâintĂ©rieur dâun monde oĂč, en permanence, ils interfĂšrent ou risquent dâinterfĂ©rer. Se retrouve ici la conflictualitĂ© immanente Ă la notion de milieu, qui fluctue entre deux pĂŽles extrĂȘmes, lâun objectif, neutre et indiffĂ©renciĂ©, lâautre subjectif, qualifiĂ© et valorisĂ©. Ce quâon appelle espace est pris entre ces deux maniĂšres dâexister selon lâune, il dĂ©ploie ses rĂ©gularitĂ©s sur un plan gĂ©nĂ©ral, uniformĂ©ment, nĂ©cessairement, sans privilĂ©gier aucun type dâĂȘtre ou de comportement ; selon lâautre, il revĂȘt des allures spĂ©ciales, diversifiĂ©es, orientĂ©es en fonction des besoins des sujets qui en font leur champ dâaction. Dâun cĂŽtĂ©, il obĂ©it Ă la logique de lâĂȘtre, en vertu de laquelle il nâest quâun contenant pour des mi-lieux ; de lâautre cĂŽtĂ©, il est mobilisĂ©, entraĂźnĂ© par lâĂ©lan du devoir-ĂȘtre qui le diversifie en mi-lieux incommensurables entre eux. Dans une telle situation, vivre, persĂ©vĂ©rer dans son ĂȘtre, câest-Ă -dire avoir Ă ĂȘtre, en Ă©tant portĂ© par la puissance du virtuel et non en se soumettant aveuglĂ©ment Ă des rĂšgles, nâest possible quâen relation Ă la fois avec un mi-lieu et avec un mi-lieu. Il en rĂ©sulte que ce nâest pas un Ă©tat garanti, mais une expĂ©rience paradoxale, contrastĂ©e, hasardeuse, pleine de risques, incertaine, tendancielle, Ă la fois centrĂ©e et dĂ©centrĂ©e, tiraillĂ©e entre les deux pĂŽles de lâobjectif et du subjectif, dont lâopposition nâest pas susceptible dâĂȘtre rĂ©solue. Le principal point dâinflexion du parcours suivi par Canguilhem a Ă©tĂ© la dĂ©cision dâentreprendre des Ă©tudes de mĂ©decine, dĂ©cision philosophique motivĂ©e par le dĂ©sir de donner un contenu concret, puisĂ© Ă mĂȘme le dĂ©roulement des processus vitaux, Ă la rĂ©flexion au sujet du devoir-ĂȘtre. [â©]Cf. la reproduction de la confĂ©rence Le cerveau et la pensĂ©e », placĂ©e en tĂȘte du recueil des Actes du Colloque de 1990, Georges Canguilhem, philosophe, historien des sciences, Paris, Albin Michel, 1993, p. 29. [â©]La maxime comtienne Connaissance dâoĂč prĂ©voyance, prĂ©voyance dâoĂč action », qui Ă©tablit, entre la science et la technique, une relation directe dâapplication, prĂ©figure Ă sa maniĂšre la rationalisation du travail humain mise en oeuvre par le taylorisme, qui fait de lâouvrier un organe de la machine, comme le montrent les recherches de G. Friedmann auxquelles Canguilhem a fait Ă maintes reprises rĂ©fĂ©rence. Cette mĂ©canisation tendancielle du travail, qui repose sur la procĂ©dure de normalisation par laquelle sont engendrĂ©s des sujets productifs calibrĂ©s en vue dâaccomplir le type de tĂąches auxquelles ils sont vouĂ©s, constitue une forme de subordination Ă la loi de lâĂȘtre, Ă la loi des choses ; celle-ci suscite inĂ©vitablement des rĂ©sistances, donc lâappel Ă un devoir-ĂȘtre qui, Ă terme, retourne le rapport de la connaissance et de lâaction. Marx pensait Ă quelque chose de ce genre lorsquâil avançait, en vue de rĂ©duire les prĂ©tentions autotĂ©liques de la raison, la thĂšse du primat de la pratique. [â©]Avec une ironie cinglante pleine de sous-entendus, la Note sur la situation faite en France Ă la philosophie biologique » Ă©pingle au passage le tropisme spiritualiste propre Ă la philosophie de tradition française, prompt Ă engendrer lâhabitude de ne plus cultiver le jardin, en laissant ce soin Ă la Providence » Oeuvres ComplĂštes, t. IV, Paris, Vrin, 2015, p. 319. [â©]Kant, Essai pour introduire en philosophie le concept de grandeur nĂ©gative, trad. fr., Paris, Vrin, 1949, p. 76. Cette traduction, prĂ©cĂ©dĂ©e dâune longue introduction, avait constituĂ© un travail de maĂźtrise rĂ©alisĂ© Ă Strasbourg par R. Kempf sous la direction de Canguilhem, qui en a lui-mĂȘme prĂ©facĂ© lâĂ©dition. [â©]Dans son Esquisse dâune philosophie des valeurs 1939, E. DuprĂ©el, que Canguilhem avait lu de prĂšs, dĂ©clare Un concept nâest possible que par un refoulement dans lâindĂ©terminĂ© de tout ce quâon ne fait pas entrer dans sa comprĂ©hension ; il appelle le correctif de son anti-concept. Ce mot ne veut pas dire son contraire, mais son complĂ©ment » p. 73, et Le philosophe est le penseur qui ne fait jamais abstraction des complĂ©mentaires » p. 289. [â©] La contradiction est une opposition absolue, lâopposĂ© y est la nĂ©gation, sans rĂ©serves, du posĂ©. Or, si cela est, lâun des deux termes seul peut ĂȘtre rĂ©el, puisque lâautre est tout nĂ©gatif. Mais le cas des contraires est tout dissemblable. Ils ne se nient pas entiĂšrement lâun lâautre et cela demande quâils aient de la rĂ©alitĂ© lâun comme lâautre. La contrariĂ©tĂ© en un mot, est une opposition rĂ©elle. » O. Hamelin, Essai sur les Ă©lĂ©ments principaux de la reprĂ©sentation, Paris, PUF, 1952, p. 11 [â©]Rickert, ThĂšses pour le systĂšme de la philosophie » 1932, trad. fr. in Le systĂšme des valeurs et autres articles, Paris, Vrin, 2007, p. 266. Il est Ă noter que, lorsque Rickert assigne pour but Ă la philosophie de progresser jusquâau tout », il veut dire quâelle doit sâorienter dans le sens de cette progression, sans toutefois que cela signifie que celle-ci puisse parvenir Ă son terme. [â©]G. Canguilhem, Le normal et le pathologique, Paris, PUF/Quadrige, 1988, p. 135. [â©]Id., p. 176. [â©]Dans le Cours de philosophie gĂ©nĂ©rale et de logique professĂ© en 1942-1943, donc au moment oĂč Canguilhem compose son Essai sur quelques problĂšmes concernant le normal et le pathologique, lâutopie est ainsi caractĂ©risĂ©e Lâutopie, câest le nom que prend en matiĂšre sociale le caractĂšre dâexigence opposĂ© Ă lâexistence, de tout jugement normatif » Ćuvres complĂštes, t. IV, Paris, Vrin, 2015, note, p. 108. Lâesprit dâutopie, câest cette incitation Ă aller au-delĂ de ses manifestations donnĂ©es qui, de lâintĂ©rieur, creuse le rĂ©el elle lâengage sur la voie du devoir-ĂȘtre et de ses exigences » qui lui prescrivent dâĂȘtre plus que ce quâil est, de se dĂ©passer. Cette maniĂšre dâapprĂ©hender lâutopie nâest pas Ă©loignĂ©e de celle dĂ©veloppĂ©e par Ernst Bloch Ă partir de lâopposition entre possible rĂ©el » et possible objectif » qui, comme Bergson lâavait fait dans sa confĂ©rence sur Le possible et le rĂ©el », procĂšde du renversement de la relation du possible au rĂ©el le possible ne se situe pas en attente dâun rĂ©el dont il constituerait la promesse ou lâannonce anticipĂ©e, mais il reprĂ©sente dâemblĂ©e la face nĂ©gative de ce rĂ©el dont il est la projection en acte ; il ne se situe pas en arriĂšre du rĂ©el, comme un rĂ©el en puissance, mais devant lui, au titre dâune exigence qui pousse activement dans le sens de sa transformation, de sa transformation rĂ©volutionnaire dirait-on dans le langage du marxisme. Etwas fehlt », refrain dâune des chansons du Mahagonny de Brecht que Bloch a Ă©rigĂ© en maxime de lâesprit dâutopie, exprime la puissance de transformation dont est porteur en lui-mĂȘme, en tant que schĂšme pratique, le nĂ©gatif. [â©]Dans le mĂȘme sens, F. Deligny place en alternative aux convictions surplombantes du croire » les expĂ©riences hasardĂ©es par le craindre », qui assume les incertitudes du monde tel quâil est ou tel quâil paraĂźt ĂȘtre dans lequel il essaie tant bien que mal de sâorienter. [â©]Lâappel aux valeurs, loin dâĂȘtre portĂ© par un esprit consensuel de rĂ©conciliation, remplit avant tout une fonction corrosive de contestation. Câest dans ce sens que Canguilhem a interprĂ©tĂ© la leçon de rĂ©sistance » quâil avait reçue de CavaillĂšs. [â©]Dans son Commentaire au troisiĂšme chapitre de LâEvolution crĂ©atrice, Canguilhem Ă©crit Le schĂšme, câest moins une forme quâune indication, une direction de forme » Ćuvres ComplĂštes, t. IV, Paris, Vrin, 2015, p. 158, ce qui souligne le caractĂšre essentiellement dynamique de cette notion. Selon Kant, le principe du schĂ©matisme, fonction de lâimagination qui est en derniĂšre instance le moteur de lâactivitĂ© de la raison, est logĂ© dans les replis secrets de lâĂąme humaine au titre dâune exigence, et mĂȘme pourrait-on dire dâune exigence vitale, il en reprĂ©sente, au sens propre du terme, la tendance la plus profonde. Câest ce qui a conduit Heidegger, dans son livre sur Kant et le problĂšme de la mĂ©taphysique, Ă rĂ©interprĂ©ter lâensemble de la dĂ©marche critique Ă la lumiĂšre de ce schĂ©matisme », qui place lâimagination au cĆur du fonctionnement de la raison, proposition renversante, dâoĂč ressort une image complĂštement nouvelle du kantisme, qui a choquĂ© au moment oĂč elle a Ă©tĂ© lancĂ©e voir Ă ce sujet le dĂ©bat que, Ă lâoccasion du colloque de Davos, Heidegger a eu en 1929, annĂ©e oĂč son livre a Ă©tĂ© publiĂ©, avec Cassirer, reprĂ©sentant dâun kantisme plus classique, plus rationnel » ; en raison de lâeffet de stimulation quâelle produit, cette relecture dĂ©capante, iconoclaste, mĂ©rite dâĂȘtre prise en compte. [â©] Le normal et le pathologique », in La connaissance de la vie, Paris, Vrin, 1966, p. 167. [â©]En suivant lâhistoire de cette notion, on rencontre des occurrences les plus contradictoires de celle-ci on parle de milieu intĂ©rieur » ou de milieu extĂ©rieur », de milieu propre » centrĂ© comme tel sur une position de sujet ou de milieu naturel » nâimpliquant aucune position de sujet, etc. Etonnamment, cette notion navigue au milieu » de ces occurrences entre lesquelles elle balance sans fin, Ă lâinterface du naturel et de lâartificiel. [â©] Nous estimons que les questions authentiquement importantes sont des questions mal posĂ©es [âŠ] Une question ne peut, en tant que telle, ĂȘtre que mal posĂ©e. » La formation du concept de rĂ©flexe aux XVIIe et XVIIIe siĂšcles, Paris, PUF, 1955, p. 123 Câest prĂ©cisĂ©ment parce quâelle se dĂ©robe Ă une analyse rationnelle directe que la notion de milieu est fĂ©conde, et oblige Ă remettre en question un certain nombre dâidĂ©es reçues. [â©]Dans le contexte propre Ă ce dĂ©bat, le mot milieu » vĂ©hicule des significations complĂštement diffĂ©rentes pour Lamarck, il dĂ©signe la Nature grandiose et tragique des romantiques ; pour Darwin, câest lâensemble limitĂ© des concurrents et agresseurs potentiels qui se disputent un mĂȘme espace vital. On trouve lĂ un exemple de la polysĂ©mie du concept de milieu, qui est le moteur essentiel de son fonctionnement. [â©] Le vivant et son milieu », La connaissance de la vie, p. 15. [â©]Ces deux façons possibles de graphier le mot milieu » sont indiquĂ©es par Canguilhem au bas de la p. 150 de La connaissance de la vie. [â©] Lorsque, tout Ă la fin de la partie complĂ©mentaire du Normal et le pathologique, Canguilhem introduit la thĂ©matique proprement renversante de la maladie de lâhomme normal » Le normal et le pathologique, Paris, PUF/Quadrige, 1966, p. 216, il inscrit sa dĂ©marche dans une telle ambiance dâinquiĂ©tude ; celle-ci est installĂ©e dĂšs lors que sont dissipĂ©es les certitudes dont, sĂ»r de son identitĂ©, se gargarise un sujet de survol qui sâest placĂ© dans une position surplombante par rapport aux alĂ©as de son milieu dâexistence, ce qui lui permet de confĂ©rer Ă sa normalitĂ© » une dimension ontologique, donc dâen faire un Ă©tat stable auquel il attribue illusoirement la capacitĂ© de se perpĂ©tuer Ă lâidentique. Lâhomme dit sain nâest donc pas sain. Sa santĂ© est un Ă©quilibre quâil rachĂšte sur des ruptures inchoatives. La menace de la maladie est lâun des constituants de la santĂ© » id., p. 217. Dans lâĂ©pilogue elliptique quâil a placĂ© en conclusion du Normal et le Pathologique, Canguilhem laisse entendre que lâappel Ă ĂȘtre normatif » en faisant craquer les normes » quâil avait lancĂ© dans son Essai de 1943, appel qui, pris Ă la lettre, tendait Ă minorer la menace de la maladie et Ă faire lâimpasse sur le fait quâelle est lâun des constituants de la santĂ© », Ă©tait le fait dâun homme jeune que la tĂ©mĂ©ritĂ© inclinait Ă dĂ©velopper une conception impĂ©rative, hĂ©roĂŻque, du devoir-ĂȘtre. Vingt ans aprĂšs », le mĂȘme Canguilhem invite son lecteur Ă mesurer combien, avec le temps, nous avons, conformĂ©ment Ă notre discours sur les normes, rĂ©duit les nĂŽtres » id., p. 218 cette formule contournĂ©e suggĂšre quâil est passĂ© Ă une conception plus mesurĂ©e, et en quelque sorte plus rĂ©aliste, du devoir-ĂȘtre, modĂ©rĂ©e par la considĂ©ration des ruptures inchoatives » qui accompagnent inĂ©vitablement sa mise en Ćuvre. Devoir-ĂȘtre signifie alors, non plus imposer par la seule force de sa volontĂ© de nouvelles normes dâexistence allant dans le sens de son Ă©largissement, mais avoir pĂ©niblement Ă ĂȘtre, Ă continuer Ă ĂȘtre, Ă persĂ©vĂ©rer dans son ĂȘtre, en tenant compte des multiples risques de perturbation provoquĂ©s les erreurs de la vie et les incertitudes du milieu, qui, les unes comme les autres, ne peuvent ĂȘtre ni ignorĂ©es ni contrĂ©es frontalement. En forçant le trait, on pourrait dire quâil est alors passĂ© dâune conception morale du devoir-ĂȘtre qui en renvoie la responsabilitĂ© Ă un sujet que sa vigueur momentanĂ©e incite Ă ĂȘtre sĂ»r de soi, ce qui tend Ă lâinstaller dans une position de survol, Ă une conception au sens propre du terme biologique, pratiquĂ©e dans un esprit de surveillance, attentive aux alĂ©as qui, quâil sâen rende compte ou non, remettent en question la stabilitĂ© dont profite provisoirement, de façon inĂ©vitablement prĂ©caire, lâhomme en bonne santĂ©. [â©]ConsidĂ©rer les vivants en les sĂ©parant de leurs milieux dâexistence, câest procĂ©der, en thĂ©orie, Ă une opĂ©ration dâabstraction qui, automatiquement, ĂŽte Ă ces vivants leur capacitĂ© dâagir, donc en fin de compte leur puissance dâexister de tels vivants, privĂ©s de besoins et de tendances, ne sont plus que des choses mortes. Câest en raison de lâimportance quâil attribuait Ă cette question que Canguilhem, lorsquâil a dirigĂ© une collection de textes philosophique Ă lâusage de lâenseignement, sâest rĂ©servĂ© la responsabilitĂ© de composer lâouvrage intitulĂ© Besoins et tendances ». [â©]Selon Foucault, câest cette approche que privilĂ©gient les techniques sĂ©curitaires mises en Ćuvre par le biopouvoir La sĂ©curitĂ© va essayer dâamĂ©nager un milieu en fonction dâĂ©vĂ©nements ou de sĂ©ries dâĂ©vĂ©nements ou dâĂ©lĂ©ments possibles, sĂ©ries quâil va falloir rĂ©gulariser dans un cadre multivalent et transformable. Lâespace propre Ă la sĂ©curitĂ© renvoie donc Ă une sĂ©rie dâĂ©vĂ©nements possibles, il renvoie au temporel et Ă lâalĂ©atoire, un temporel et un alĂ©atoire quâil va falloir inscrire dans un espace donnĂ©. Lâespace dans lequel se dĂ©roulent des sĂ©ries dâĂ©lĂ©ments alĂ©atoires, câest, je crois, Ă peu prĂšs cela que lâon appelle le milieu [âŠ] Le milieu, quâest-ce que câest ? Câest ce qui est nĂ©cessaire pour rendre compte de lâaction Ă distance dâun corps sur un autre. Câest donc bien le support et lâĂ©lĂ©ment de circulation dâune action. Câest donc le problĂšme circulation et causalitĂ© qui est en question dans cette notion de milieu » SĂ©curitĂ©, territoire, population, leçon du 11 janvier 1978, Paris, Gallimard/Seuil, 2004, p. 22. Le milieu, â lâanalyse de Foucault se rapporte au cas prĂ©cis du milieu urbain, Ă lâĂ©poque oĂč la croissance Ă©conomique est liĂ©e au dĂ©veloppement des villes â, câest une portion dâespace offerte Ă des perspectives collectives de dĂ©placement qui ne sont pas autorĂ©gulĂ©es, et en consĂ©quence se prĂȘtent Ă ĂȘtre contrĂŽlĂ©es sĂ©curiser ce genre de milieu, oĂč la circulation est devenue un enjeu de gouvernement, câest anticiper les mouvements qui peuvent sây produire ; câest intervenir de maniĂšre prĂ©visionnelle, non sur du rĂ©el mais sur du possible. [â©]Câest Lucien Febvre qui, dans son livre La terre et lâĂ©volution humaine, Introduction gĂ©ographique Ă lâhistoire 1922, la mĂȘme annĂ©e oĂč ont Ă©tĂ© publiĂ©s Ă titre posthume les Principes de gĂ©ographie humaine de Vidal de la Blache Ă©ditĂ©s par de Martonne, a utilisĂ© le concept de possibilisme » pour rendre compte du tournant opĂ©rĂ© par Vidal de La Blache, en opposition aux gĂ©ographes allemands de lâĂ©cole de Ratzel qui prĂ©sentait les populations comme Ă©tant rivĂ©es et soumises au sol quâelles occupent dont elles subissent le dĂ©terminisme causal. Au point de vue de la nouvelle conception du milieu sur laquelle repose une gĂ©ographie mĂ©ritant Ă plein lâappellation dâ humaine », celui-ci ne consiste pas en un cadre physique, rigidement structurĂ© par sa morphologie qui imposerait ses lois matĂ©rielles Ă ses occupants, mais il est un espace de possibles, Ă explorer et Ă exploiter Ă lâessai, pour voir en quelque sorte, en se guidant, non sur les lois dâune ontologie, mais sur les valeurs dâune axiologie ; un tel espace sâoffre Ă ĂȘtre, au sens fort du terme, habitĂ© selon les besoins qui dĂ©finissent dynamiquement un mode de vie », ensemble de schĂšmes dâexistence virtuels qui se dĂ©finissent peu Ă peu au fur et Ă mesure de leur mise en Ćuvre, en interaction avec le milieu dans lequel ils prennent forme. Une telle conception du milieu, ouverte et non fermĂ©e, se trouvait dĂ©jĂ en germe chez Darwin, en rapport, non seulement avec les besoins humains tels quâils se dĂ©veloppent sous un horizon de culture, mais avec les tendances dâespĂšce propres au vivant en gĂ©nĂ©ral Les possibilitĂ©s dâadaptation dâune espĂšce Ă son milieu peuvent nâĂȘtre pas uniques menacĂ©e dans le cadre dâun certain genre de vie, elle retrouve parfois une place si elle rĂ©ussit Ă modifier son style dâexistence. Les places vacantes » en un lieu donnĂ©, selon la terminologie de Darwin, sont moins des espaces libres que des systĂšmes de vie habitat, mode dâalimentation, dâattaque, de protection qui y sont thĂ©oriquement possibles et non encore pratiquĂ©s » Du dĂ©veloppement Ă lâĂ©volution au XIXe siĂšcle, ThalĂšs, Travaux de lâInstitut dâHistoire des sciences et des techniques de lâannĂ©e 1960, Paris, PUF/Quadrige, 1962, p. 32. La notion de style dâexistence », ici indiquĂ©e au passage, renvoie au mĂȘme contenu que celle de mode de vie » utilisĂ©e par les gĂ©ographes elle suggĂšre que vivre en relation avec un milieu, pour lâhomme comme pour tout vivant, ne consiste pas Ă se soumettre Ă des rĂšgles fixĂ©es une fois pour toutes par la nature du milieu environnant ; mais câest esquisser, en prenant des risques, et dans une perspective dâinachĂšvement, une dĂ©marche inventive qui configure ses buts Ă mĂȘme le mouvement par lequel, sans garanties, elle se dirige vers eux suivant un certain style ». Le Kranksein thĂ©orisĂ© par Goldstein est, Ă sa maniĂšre, un style dâexistence », qui sâoffre Ă ĂȘtre pratiquĂ© dans une situation limite de crise. [â©]Cf., Ă ce sujet, Milieu et normes de lâhomme au travail », compte-rendu publiĂ© en 1947 dans les Cahiers internationaux de sociologie du livre de G. Friedmann, ProblĂšmes humains du machinisme industriel Canguilhem, Ćuvres complĂštes, t. IV, Paris, Vrin, 2015, p. 291 et sq.. [â©]Câest dans ces deux ouvrages, postĂ©rieurs dâune dizaine dâannĂ©es Ă lâEvolution des espĂšces, quâont Ă©tĂ© posĂ©s les premiers jalons de ce qui sâest appelĂ© plus tard le nĂ©o-darwinisme ». [â©]Cette formule est utilisĂ©e par Tim Ingold dans Marcher avec les dragons, trad. fr., Bruxelles, Zones sensibles, 2014, p. 100. [â©] Lâhomme et lâanimal du point de vue psychologique selon Charles Darwin », in Etudes dâhistoire et de philosophie des sciences, Paris, Vrin, 1968, p. 122. [â©]Le normal et le pathologique, p. 84. [â©]Cette note inĂ©dite est citĂ©e par C. Limoges dans son Introduction Ă lâĂ©dition du t. IV des Ćuvres complĂštes de Canguilhem, Paris, Vrin, 2015, p. 35. [â©] Les affects des animaux que lâon dit privĂ©s de raison quae irrationalia dicuntur [âŠ] diffĂšrent des affects des hommes exactement autant que leur nature diffĂšre de la nature humaine. Le cheval comme lâhomme est entraĂźnĂ© par le dĂ©sir libido de procrĂ©er; mais, dans un cas, il sâagit dâun dĂ©sir chevalin, et, dans lâautre, dâun dĂ©sir humain. De mĂȘme aussi les dĂ©sirs et appĂ©tits des insectes, des poissons, des oiseaux, doivent diffĂ©rer les uns des autres alii atque alii esse debent » Ethique III, scolie de la proposition 57. Autrement dit, le dĂ©sir, expression directe du conatus propre Ă chaque ĂȘtre, Ă©chappe Ă une mesure commune conduisant Ă lâĂ©valuer en termes de plus ou de moins en rĂ©fĂ©rence Ă la nature idĂ©ale des buts quâil poursuit. Selon Spinoza, il faut apprĂ©hender les dĂ©sirs en les ramenant Ă leur source, qui est la tendance Ă persĂ©vĂ©rer dans leur ĂȘtre de leurs porteurs, autrement dit la puissance dâagir spĂ©cifique de ceux-ci, et non dâaprĂšs les buts auxquels ils sont rapportĂ©s de façon le plus souvent imaginaire si on juge bonnes certaines choses de prĂ©fĂ©rence Ă dâautres, câest parce quâon les dĂ©sire comme on est incitĂ© Ă le faire par sa constitution propre, Ă©ventuellement modulĂ©e par les alĂ©as dâune histoire personnelle tout vivant ayant son histoire Ă lui, et non lâinverse. Le dĂ©sir de procrĂ©er du cheval sâexplique par sa nature dâespĂšce, qui nâa rien Ă voir avec celle dans laquelle le dĂ©sir de procrĂ©er de lâhomme prend sa source. [â©]Cela autorise-t-il Ă avancer que les plantes, elles aussi, pensent » ? Oui, si on renonce au prĂ©jugĂ© anthropomorphique en dĂ©veloppant une conception de la pensĂ©e qui ne prend pas pour modĂšle les formes spĂ©cifiques selon lesquelles celle-ci est pratiquĂ©e par les humains, Ă la suite dâune longue histoire dont rien ne permet dâailleurs dâaffirmer quâelle ait atteint son terme. Penser, on nâa que trop tendance Ă lâoublier, est en premier lieu une activitĂ© ; davantage encore, câest une activitĂ© qui sâeffectue en contexte, et en rĂ©ponse aux sollicitations transmises par ce contexte ramenĂ©e Ă ses modalitĂ©s Ă©lĂ©mentaires, qui ont leurs racines dans la sensibilitĂ©, â la sensibilitĂ© nâĂ©tant rien dâautre que la conscience quâa lâĂȘtre qui en dispose du contexte dans lequel il vit â, cette activitĂ© consiste Ă opĂ©rer en pratique des choix, sans avoir besoin pour cela de les thĂ©oriser Ă distance. Penser, câest donc en tout premier lieu, avant rĂ©flexion, juger, sâorienter, quitte Ă subir les consĂ©quences de choix qui peuvent ĂȘtre, câest mĂȘme souvent le cas, malheureux, inappropriĂ©s. Les idĂ©es » qui accompagnent ces manifestations spontanĂ©es, primordiales, de la pensĂ©e par lesquelles elle se ramĂšne au fait de prĂ©fĂ©rer et/ou dâexclure, risquent dâĂȘtre, dirait Spinoza, fort inadĂ©quates, ce qui ne les empĂȘche pas, Ă dĂ©faut de pouvoir sâafficher et se faire reconnaĂźtre comme des idĂ©es vraies, dâĂȘtre de vraies idĂ©es. Il est manifeste que ni la plante ni lâamibe nâont souci de la vĂ©ritĂ© les gestes Ă©lĂ©mentaires quâelles accomplissent en Ă©tant guidĂ©es par leur seule sensibilitĂ© tĂ©moignent en elles de lâintervention dâune pensĂ©e revĂȘtant lâallure de ce quâon peut appeler un sens pratique », câest-Ă -dire un savoir-faire non reprĂ©sentationnel, dont les sujets » sont eux-mĂȘmes des sujets pratiques ; ces sujet disposent comme tels dâun certain sens du possible, parce quâils sont engagĂ©s dans des schĂšmes dâaction quâils mettent en oeuvre Ă leur niveau selon un certain style qui leur est propre. Ă ce niveau, qui est Ă la fois le plus Ă©lĂ©mentaire et le plus gĂ©nĂ©ral, penser, activitĂ© concrĂšte qui sâexerce nĂ©cessairement en situation, nâest rien dâautre que sâorienter dans un monde non dĂ©jĂ tout donnĂ©, mais reconfigurĂ© Ă mesure que le sujet qui sây oriente y rĂ©alise en acte les besoins et les tendances qui spĂ©cifient sa position et sa posture de sujet. Câest cette approche des processus de la cognition que Francisco J. Varela esquisse en se servant du concept dâĂ©nactivité» Le monde nâest pas quelque chose qui nous est donnĂ© câest une chose Ă laquelle nous prenons part en fonction de notre maniĂšre de bouger, de toucher, de respirer et de manger [âŠ] Dans la dĂ©marche Ă©nactive, la rĂ©alitĂ© nâest pas un donnĂ© elle dĂ©pend du sujet percevant, non pas parce quâil le construit » Ă son grĂ©, mais parce que ce qui compte Ă titre de monde pertinent est insĂ©parable de ce qui forme la structure du sujet percevant. » Quel savoir pour lâĂ©thique ? action, sagesse et cognition, trad. fr., Paris, La DĂ©couverte, 1996, p. 24 et p. 30. [â©]Selon Francisco J . Varela, ce sujet Ă©nactif», indissociable de sa situation et de son action, nâest pas un sujet rĂ©flexif, sujet dĂ©doublĂ© dĂ©tenant une position surplombante par rapport Ă lâensemble de ses activitĂ©s, activitĂ©s cognitives comprises, quâil contemple comme de lâextĂ©rieur son identitĂ© de sujet nâest jamais acquise dĂ©finitivement, mais elle est le rĂ©sultat dâun travail incessant qui, au fur et Ă mesure de son dĂ©roulement, la compose, la dĂ©compose et la recompose ; câest une identitĂ© virtuelle, qui ne sâaccomplit quâĂ travers ses effets et ses Ćuvres. [â©]Câest ce que veut dire Spinoza lorsquâil utilise la formule persĂ©vĂ©rer dans son ĂȘtre », qui indique, non la conservation Ă lâidentique dâun Ă©tat donnĂ© quâil nây aurait quâĂ perpĂ©tuer, mais le processus par lequel le sujet » concernĂ© est amenĂ© en permanence Ă remettre en question et Ă renĂ©gocier, sans garantie aucune, ses conditions dâexistence. [â©]Ă lâexamen, les choses se rĂ©vĂšlent toutefois plus compliquĂ©es le passage du gĂ©ocentrisme Ă lâhĂ©liocentrisme, se ramĂšne aprĂšs tout au dĂ©placement dâun centrisme » Ă un autre. A. Comte en tirera argument pour revaloriser, dans un esprit de totalisation, le concept de monde, â un cosmos identifiĂ© au systĂšme solaire tel quâil est expliquĂ©, aprĂšs Newton, par Laplace â au dĂ©triment de celui dâunivers. La considĂ©ration du systĂšme solaire dont nous faisons partie nous offre Ă©videmment un sujet dâĂ©tude bien circonscrit, susceptible dâune observation complĂšte, et qui devrait nous conduire aux connaissances les plus satisfaisantes. Au contraire la pensĂ©e de ce que nous appelons lâunivers est par elle-mĂȘme indĂ©finie, en sorte que, si Ă©tendues quâon veuille supposer dans lâavenir nos connaissances rĂ©elles en ce genre, nous ne saurions jamais nous Ă©lever Ă la considĂ©ration de lâensemble des astres. » Cours de philosophie positive, 19e leçon, Oeuvres, t. II, Paris, Anthropos, 1968, p. 7 Le monde, dans ce sens, câest lâensemble des phĂ©nomĂšnes auxquels nous avons accĂšs, lâunivers Ă©tant renvoyĂ© au statut de chose en soi inconnaissable, proprement inhumaine, ou du moins sans intĂ©rĂȘt pour lâhomme. Cependant, dans le Cours de philosophie positive, Comte soutient, thĂšse dont LittrĂ© fera lâun des dogmes du positivisme tel quâil le comprend, que, leur relation dâappartenance rĂ©ciproque Ă©tant Ă©tablie, il faut raisonner du monde Ă lâhomme et non lâinverse Le monde dâabord, lâhomme ensuite telle est, dans lâordre purement spĂ©culatif, la marche positive de notre intelligence, quoique, dans lâordre directement actif, elle doive ĂȘtre nĂ©cessairement inverse. Car les lois du monde dominent celles de lâhomme et nâen sont pas modifiĂ©es. » 40e leçon, Oeuvres, t. III, p. 315. Cette position sera remise en cause durant la seconde carriĂšre philosophique » de Comte, qui fait passer au premier plan la synthĂšse subjective ». [â©]J. von UexkĂŒll, Mondes animaux et monde humain, Paris, Gonthier, 1956, p. 26. [â©]J. von UexkĂŒll, Mondes animaux et monde humain, Paris, Gonthier, 1956, p. 80. [â©] ConformĂ©ment aux diverses connotations dâactivitĂ©, les images perceptives des nombreux habitants du chĂȘne seront structurĂ©es de maniĂšre diffĂ©rente. Chaque milieu dĂ©coupera une certaine rĂ©gion du chĂȘne, dont les particularitĂ©s seront propres Ă devenir porteuses aussi bien des caractĂšres perceptifs que des caractĂšres actifs de leurs cercles fonctionnels [âŠ] Dans les cent milieux quâil offre Ă ses habitants, le chĂȘne joue de multiples rĂŽles, chaque fois avec une autre de ses parties. La mĂȘme partie est tantĂŽt grande, tantĂŽt petite. Son bois, tantĂŽt dur, tantĂŽt mou, sert Ă la protection aussi bien quâĂ lâagression. Si lâon voulait rassembler tous les caractĂšres contradictoires que prĂ©sente le chĂȘne en tant quâobjet, on nâaboutirait quâĂ un chaos. Et pourtant ces caractĂšres ne font partie que dâun seul sujet, en lui-mĂȘme solidement structurĂ©, qui porte et renferme tous les milieux â sans ĂȘtre reconnu ni jamais pouvoir lâĂȘtre par tous les sujets de ces milieux. » id., p. 79-80 [â©]Kurt Goldstein, Der Aufbau des Organismus, La Haye, Martin Nijhoff, 1934, trad. fr., La structure de lâorganisme, Paris, Gallimard, 1951, p. 69-70. [â©] LâexpĂ©rimentation en biologie animale », La connaissance de la vie, Paris, Vrin, 1965, p. 39. [â©]
Cest Chrysoline de Gastines, la fondatrice de cette jeune entreprise née en 2014 qui nous répond. Elle nous explique travailler sans intermédiaire. L'essentiel de sa production se fait au Portugal. « On a aussi une petite partie en Espagne. En Inde, on fait ce qui est coton et broderie, de maniÚre éco-responsable, avec du coton bio ».
ï»żIcon Sport PubliĂ© Mardi 23 AoĂ»t 2022 Ă 2030 Dans PSG. Partira ou partira pas. Telle est la question concernant l'avenir de Leandro Paredes au PSG. DestinĂ© Ă un rĂŽle de doublure, le milieu de terrain a pourtant plusieurs grands clubs qui s'intĂ©ressent Ă lui. Il y a certains joueurs qui vont sans aucun doute quitter le PSG comme Kurzawa, Navas, Diallo ou encore Gueye. Et d'autres oĂč la situation est plus dĂ©licate. C'est le cas de Leandro Paredes. Avec l'arrivĂ©e de Vitinha, mais surtout de Renato Sanches, la direction parisienne a envoyĂ© un message fort Ă l'Argentin. Il a perdu sa place de titulaire. Si le joueur de 28 ans est soutenu par ses amis Messi et Neymar, Christophe Galtier est catĂ©gorique, il ne compte pas sur l'ancien joueur du ZĂ©nit Saint-PĂ©tersbourg qui devra se contenter de quelques bouts de matchs s'il dĂ©cide de rester au club de la capitale. Cette situation n'est pas passĂ©e inaperçue pour les voisins europĂ©ens du PSG qui sentent qu'une bonne affaire Ă moindre coup est envisageable. Si la Juventus de Turin est la plus avancĂ©e sur le dossier, elle pourrait se faire doubler par un gĂ©ant de la Premier League. Paredes Ă Liverpool, la folle rumeur Selon les informations de calciomercato, Liverpool est intĂ©ressĂ© par le profil de Leandro Paredes. Le club anglais qui subit souvent des blessures au niveau de son milieu de terrain, aimerait se renforcer sur ce secteur de jeu. L'international Argentin 44 sĂ©lections a un volume de jeu qui peut correspondre Ă l'Angleterre et au rythme effrĂ©nĂ© de la Premier League. Si la Juventus reste en avance sur ce dossier, aucun accord n'a Ă©tĂ© trouvĂ© et tout reste Ă faire pour convaincre Paredes qui sait toutefois que son avenir s'Ă©crit loin du PSG. Reste Ă savoir si ce sera du cĂŽtĂ© des Reds de Jurgen Klopp ou avec son ancien coĂ©quipier et collĂšgue en sĂ©lection nationale, Angel Di Maria. Photo Icon_PL5_7768
Pourcomprendre ce qui est en jeu dans la socialisation, il faut sâinterroger sur ce qui permet Ă un ensemble dâindividus de constituer une sociĂ©tĂ© et Ă chaque individu de trouver sa place spĂ©cifique au sein de cet ensemble tout en dĂ©veloppant une capacitĂ© dâaction autonome. On trouve ici les concepts de base de toute interaction sociale : les rĂŽles, conçus comme modalitĂ©s
Aujourdâhui, la plupart des gens souffrent de maux de dos. Câest une douleur presque universelle qui ne diffĂšre pas beaucoup selon lâĂąge ou le mode de vie, par exemple. Ils peuvent ĂȘtre lĂ©gers, occasionnels, persistants ou intenses et peuvent indiquer des problĂšmes facilement corrigĂ©s comme une mauvaise posture ou mĂȘme des troubles plus subtils, comme des organes vitaux. Soyez donc toujours trĂšs attentif aux signaux que votre corps nous envoie pour commencer le traitement le plus tĂŽt possible. Pour vous donner une idĂ©e de toutes les causes des maux de dos essoufflĂ©s, nous, sur toutCOMMENT, avons prĂ©parĂ© cet article. Continuez Ă lire et dĂ©couvrez maux de dos et essoufflement, qui peuvent ĂȘtre? Les maux de dos ont de nombreuses causes et peuvent ĂȘtre un problĂšme bĂ©nin et courant facile Ă corriger, ou quelque chose de plus grave qui nĂ©cessite un suivi nâest pas seulement son intensitĂ© qui permet de distinguer une douleur dâune autre, mais sa localisationsi la douleur apporte autres symptĂŽmes Je peux. La plupart du temps, les maux de dos sont musculaires et sont causĂ©s par la fatigue, une mauvaise posture ou le port de charges lourdes. Dans ces cas, lâĂ©tirement et la compression peuvent aider Ă soulager la douleur. Cependant, si la douleur survient soudainement, si la douleur est trĂšs intense et entraĂźne dâautres symptĂŽmes, tels que de la fiĂšvre et des difficultĂ©s Ă bouger, vous devez ĂȘtre prudent et consulter un spĂ©cialiste. douleur au milieu du dos Une douleur au milieu du dos peut indiquer une contracture musculaire ou un problĂšme de colonne vertĂ©brale, voire une hernie discale. La douleur est exacerbĂ©e par la position debout ou le maintien de la mĂȘme position pendant une pĂ©riode prolongĂ©e, ce qui peut tendre et enflammer les muscles et causer de la douleur. La douleur au milieu du dos peut Ă©galement irradier vers dâautres parties du corps, affectant les cĂŽtes, les fesses et les jambes. Pour Ă©viter cette douleur, ne restez pas trop longtemps dans la mĂȘme pose. MĂȘme au travail, essayez de vous lever et de vous promener si possible. Placez une compresse chaude sur le point sensible pour aider Ă soulager la douleur. douleur dans le haut du dos La douleur dans le haut du dos peut Ă©galement indiquer une contracture musculaire, gĂ©nĂ©ralement causĂ©e par la fatigue, une activitĂ© physique excessive ou une raideur de la nuque si elle accompagne une douleur au cou. Pour soulager cette douleur, utilisez des exercices dâĂ©tirement pour favoriser la relaxation. Tournez lentement la tĂȘte pour dĂ©tendre les muscles du haut du corps. Douleurs dorsales et pulmonaires â DifficultĂ© Ă respirer Si votre mal de dos sâaccompagne dâun essoufflement ou dâune difficultĂ© Ă respirer, cela peut ĂȘtre liĂ© Ă des problĂšmes pulmonaires. si tu sens mal de dos en respirant profondĂ©ment, qui peuvent ĂȘtre liĂ©s Ă la grossesse ou Ă certaines affections respiratoires telles que lâasthme. Au fur et Ă mesure que le bĂ©bĂ© grandit, la pression sur la cavitĂ© thoracique et le diaphragme augmente, limitant la capacitĂ© de la femme enceinte Ă respirer profondĂ©ment. Lorsque le mal de dos sâaccompagne dâune oppression thoracique, le diagnostic doit ĂȘtre plus prĂ©cis et nĂ©cessite un professionnel qualifiĂ© pour analyser les antĂ©cĂ©dents mĂ©dicaux du patient. Si le patient est dĂ©jĂ en surpoids, souffre dâhypertension ou dâhypercholestĂ©rolĂ©mie, cela peut ĂȘtre le symptĂŽme dâune crise cardiaque. Par consĂ©quent, une aide mĂ©dicale est indispensable, idĂ©alement en appelant le Samu 192 dĂšs que possible. DĂ©couvrez plus de conseils pour les maux de dos en respirant dans notre autre article. mal de dos gauche Une douleur sur le cĂŽtĂ© gauche de votre dos peut ĂȘtre le signe dâun spasme musculaire ou dâune Ă©longation musculaire. Si des spasmes sont prĂ©sents, tout mouvement brusque peut encore augmenter la douleur dans la zone dĂ©jĂ blessĂ©e. Cela peut ĂȘtre plus bĂ©nĂ©fique pour ceux qui pratiquent la musculation ou travaillent dans des mĂ©tiers qui demandent beaucoup de dos, comme les jardiniers. Pour contrĂŽler la douleur, vous pouvez utiliser des analgĂ©siques ou des thĂ©s qui aident Ă soulager la douleur, appliquer des onguents anti-inflammatoires et appliquer de la chaleur sur la zone touchĂ©e pendant quinze minutes, trois Ă quatre fois par jour, jusquâĂ ce que vous vous sentiez mieux. Pour voir plus de causes de mal de dos gauche, consultez un autre article. mal de dos droit La douleur sur le cĂŽtĂ© droit du dos peut ĂȘtre une simple indigestion, des gaz ou de la constipation, ou il peut sâagir dâun problĂšme rĂ©nal ou osseux. Se diagnostiquer Ă la maison peut ĂȘtre difficile car la douleur se propage souvent aux extrĂ©mitĂ©s. IdĂ©alement, attendez 48 heures pour voir si la douleur disparaĂźt dâelle-mĂȘme. Si cela persiste, consultez un professionnel dĂšs que possible afin que le traitement idĂ©al puisse ĂȘtre indiquĂ©. Pour en savoir plus sur les causes possibles du mal de dos droit, lisez notre autre article. rayonnement des maux de dos Par exemple, lorsque le mal de dos irradie vers dâautres parties du corps, comme les jambes, cela peut ĂȘtre le signe dâune compression du nerf sciatique dans la derniĂšre rĂ©gion de la colonne vertĂ©brale ou des fesses. Cette douleur produit une sensation de picotement qui peut ou non entraĂźner une difficultĂ© Ă marcher. Si vous ressentez de telles douleurs, trouvez votre chirurgien orthopĂ©dique le plus proche afin quâil puisse vous examiner.
LaCommune de Paris, qui a eu lieu du 18 mars au 27 mai 1871, est un épisode historique majeur de la fin du 19e siÚcle. Si vous souhaitez vous replonger dans cette longue histoire, quelques
Ce sujet contiendra les solutions du jeu dâĂ©nigme et de rĂ©flexion Brain Test Quâest-ce qui est au milieu de Paris ?. Pour rappel, le jeu Brain Test français propose dans chaque niveau un anagramme Ă rĂ©soudre. Vous devez formez des mots Ă partir des lettres disponibles pour quâelles soient placĂ©es dans les cases. Trouver des mots bonus vous fera gagner des piĂšces. Si vous en avez trouvĂ© alors nâhĂ©sitez pas Ă les partager avec le reste des joueurs en commentaire. Sans tarder, voici les rĂ©ponses Ă ce niveau Vous pouvez aussi consulter le reste des niveaux sur ce sujet qui contient, entre autres, une liste de sujets par question au cas oĂč les niveaux sont mĂ©langĂ©s Solution Brain Test Question Quâest-ce qui est au milieu de Paris ? REGARDEZ BIEN LES LETTRES LA LETTRE R Je vous invite Ă trouver dans le prochain sujet la suite du jeu Solution Brain Test Il a lâair si triste. Remontez-lui le moral.. NâhĂ©sitez donc pas Ă y jeter un coup dâĆil si jamais vous aurez des soucis pour trouver la rĂ©ponse. A bientĂŽt Kassidi Amateur des jeux d'escape, d'Ă©nigmes et de quizz. J'ai créé ce site pour y mettre les solutions des jeux que j'ai essayĂ©s. This div height required for enabling the sticky sidebar
Cest parce que Eloul marque chez les SĂ©faradim le dĂ©but des Selihoth ou dĂ©but de la pĂ©riode de teshouva â repentance â et que ces priĂšres rĂ©citĂ©es au petit matin ou au milieu de la nuit sont propres Ă provoquer un repentir et donc une remise en question de chaque ĂȘtre humain, cette pĂ©riode de selihoth se terminant Ă Yom Kippour, point culminant du repentir et du Pardon
LumiĂšre sur⊠âș vous ĂȘtes iciLumiĂšre surâŠLes salons littĂ©rairesNous avons dâautres salons [âŠ] des salons politiques [âŠ]. Puis les salons oĂč lâon sâamuse [âŠ]. Mais le vrai salon littĂ©raire [âŠ] a bien dĂ©finitivement disparu.Alphonse Daudet, Trente ans Paris, 1888, p. 87Sommaire Introduction Les salons littĂ©raires au XVIIe siĂšcle Les salons littĂ©raires au XVIIIe siĂšcle Les salons littĂ©raires au XIXe siĂšcle Les salons littĂ©raires au XXe siĂšcle đĄ Les salons littĂ©raires dĂ©signent les rĂ©unions dâhommes de lettres et de beaux esprits qui eurent lieu, en France, dans les milieux mondains et lettrĂ©s Ă partir du XVIIe y eut en France, aux XVIIe et XVIIIe siĂšcles, et encore au commencement du XIXe siĂšcle, des rĂ©unions assez nombreuses dâesprits dâĂ©lite ou de personnes tenant Ă la sociĂ©tĂ© polie », que lâon doit regarder comme des centres, des foyers littĂ©raires, et quâil est indispensable de connaĂźtre pour saisir dans ses dĂ©tails et ses nuances lâhistoire de la littĂ©rature rĂ©unions, auxquelles prĂ©sidĂšrent presque toujours des femmes distinguĂ©es par lâesprit, le goĂ»t et le tact, peuvent ĂȘtre comprises sous la dĂ©nomination gĂ©nĂ©rale de salons littĂ©raires ». LĂ , sâest dĂ©veloppĂ©e lâhabitude de la conversation ; lĂ est nĂ©e la causerie, qui fut si longtemps un agrĂ©ment particulier de la sociĂ©tĂ© française. On sây entretenait de belles choses en gĂ©nĂ©ral, et surtout des choses de lâesprit.â Ă lire aussi Les cafĂ©s littĂ©raires. â Les cabarets littĂ©raires. â HĂŽtel de salons littĂ©raires au XVIIe siĂšcleLa premiĂšre rĂ©union de ce genre fut celle du cĂ©lĂšbre hĂŽtel de Rambouillet, qui exerça, dans la premiĂšre moitiĂ© du XVIIe siĂšcle, une influence si considĂ©rable sur les mĆurs et la littĂ©rature. Câest Ă 1608 quâen remonte la formation, et elle dura jusquâĂ la mort dâArthĂ©nice, en 1659. La rĂ©union de Conrart, dâoĂč est sortie lâAcadĂ©mie française, ne date que de 1629. Ce ne fut quâau bout de quelques annĂ©es, et malgrĂ© certaines rĂ©sistances, que, grĂące Ă Boisrobert et Ă Chapelain, une rĂ©union littĂ©raire privĂ©e devint, sous la protection de Richelieu, un corps officiel.â LumiĂšre sur lâhĂŽtel de rĂ©unions moins fameuses, mais pourtant dignes dâĂȘtre citĂ©es, existĂšrent au XVIIe siĂšcle, sans compter les ruelles, rĂ©duits et alcĂŽves, oĂč les prĂ©cieux et les prĂ©cieuses tentĂšrent une imitation maladroite de lâhĂŽtel de Rambouillet. Sous Louis XIII, nous trouvons le salon de Mme Des Loges, que ses admirateurs appelaient la dixiĂšme muse, et dont Conrart a dit Elle a Ă©tĂ© honorĂ©e, visitĂ©e et rĂ©galĂ©e de toutes les personnes les plus considĂ©rables, sans en excepter les plus grands princes et les princesses les plus illustres⊠Toutes les muses semblaient rĂ©sider sous sa protection ou lui rendre hommage, et sa maison Ă©tait une acadĂ©mie dâ Malherbe, Beautru, frĂ©quentĂšrent surtout cette maison ; parmi les grands personnages qui tĂ©moignĂšrent leur estime Ă Mme Des Loges, on remarque le roi de SuĂšde, le duc dâOrlĂ©ans et le duc de salon de Mlle de ScudĂ©ry prit de lâimportance vers le milieu du siĂšcle. Les troubles des deux Frondes ayant dispersĂ© en grande partie les habituĂ©s de lâhĂŽtel de Rambouillet, Mlle de ScudĂ©ry le reforma dans sa maison de la rue de Beauce, au Marais. LĂ vinrent Chapelain, Conrart, Pellisson, MĂ©nage, Sarrasin, Ysarn, Godeau, le duc de Montausier, Mmes de La Suze, de SablĂ©, de SĂ©vignĂ©, Cornuel, Arragonais, etc. Les rĂ©unions avaient lieu le samedi. On y tenait des conversations galantes et raffinĂ©es ; on y lisait de petites piĂšces de vers ; on y discutait les mĂ©rites et les dĂ©fauts des ouvrages parus rĂ©cemment ; on y commentait longuement, et souvent avec une pointe de faux esprit, les choses de moindre valeur et de moindre importance. Durant ces conversations les dames travaillaient aux ajustements de deux poupĂ©es quâon nommait la grande et la petite Pandore, et qui Ă©taient destinĂ©es Ă servir de modĂšles Ă la mode. Chacun des habituĂ©s eut un surnom, tirĂ© presque toujours des romans Conrart sâappelait ThĂ©odamas ; Pellisson, Acanthe ; Sarrasin, Polyandre ; Godeau, le Mage de Sidon ; Mme Arragonais, la princesse PhiloxĂšne ; etc. Mlle de ScudĂ©ry Ă©tait Sapho dâaprĂšs la poĂ©tesse Sappho. Le plus fameux des samedis fut celui quâon appela la journĂ©e des madrigaux » 20 dĂ©cembre 1653. Conrart avait offert, ce jour-lĂ , Ă la maĂźtresse de la maison un cachet en cristal avec un madrigal dâenvoi. Elle rĂ©pondit par un autre madrigal, et les personnes prĂ©sentes, se piquant dâĂ©mulation, improvisĂšrent Ă leur tour toute une sĂ©rie de madrigaux. Câest Ă une autre rĂ©union du samedi que fut faite la Carte de Tendre, transportĂ©e ensuite par Mlle de ScudĂ©ry dans le roman de ClĂ©lie. â Ă lire Le la mĂȘme Ă©poque, il y eut une rĂ©union littĂ©raire chez lâabbĂ© dâAubignac, qui sollicita pour sa rĂ©union le titre dâAcadĂ©mie royale, et Ă©crivit Ă ce sujet un Discours au roi sur lâĂ©tablissement dâune seconde AcadĂ©mie dans la ville de Paris 1664. Le dauphin, protecteur de lâabbĂ©, appuyait ses visĂ©es ambitieuses, mais ni le roi ni les ministres ne sâen autre rĂ©union, bien plus intĂ©ressante, est celle qui se tenait chez Mme de SablĂ©, quand elle se fut retirĂ©e au haut du faubourg Saint-Jacques pour habiter un appartement dĂ©pendant du monastĂšre de cette demi-retraite, dit Sainte-Beuve, qui avait un jour sur le couvent et une porte encore entrâouverte sur le monde, cette ancienne amie de M. de La Rochefoucauld, toujours active de pensĂ©e, et sâintĂ©ressant Ă tout, continua de rĂ©unir autour dâelle, jusquâĂ lâannĂ©e 1678, oĂč elle mourut, les noms les plus distinguĂ©s et les plus divers dâanciens amis restĂ©s fidĂšles, qui venaient de bien loin, de la ville ou de la cour, pour la visiter ; des demi-solitaires, gens du monde comme elle, dont lâesprit nâavait fait que sâembellir et sâaiguiser dans la retraite ; des solitaires de profession, quâelle arrachait par moments, Ă force dâobsession gracieuse, Ă leur vĆu de rappellerons aussi le salon de Ninon de Lenclos dans sa vieillesse, quand au cercle de ses admirateurs vinrent se joindre des femmes du monde et de la cour, comme Mmes de La SabliĂšre, de Bouillon, de Coulanges, Cornuel, etc., quand Mme de Maintenon lui Ă©crivait Continuez Ă donner de bons conseils Ă mon frĂšre ; il a bien besoin des leçons de LĂ©ontium ; » le salon de Mme de Maintenon, Ă lâĂ©poque oĂč elle Ă©tait la femme de les salons des hĂŽtels dâAlbret et de Richelieu, oĂč se donnaient rendez-vous toutes les personnes de distinction, et oĂč brillaient Mmes de SĂ©vignĂ©, de La Fayette et de Coulanges.â Ă lire Histoire de la littĂ©rature française du XVIIe salons littĂ©raires au XVIIIe siĂšcleDĂšs le commencement du XVIIIe siĂšcle, nous trouvons le salon de la duchesse du Maine ouvert dans son chĂąteau de Sceaux. Elle en fit, suivant la remarque dâun Ă©crivain, le temple des galanteries dĂ©licates et des gracieuses frivolitĂ©s. CâĂ©tait un piquant contraste avec ce chĂąteau de Versailles oĂč sâĂ©teignaient les annĂ©es moroses de Louis XIV Ă son dĂ©clin. Malezieu et lâabbĂ© Genest prĂ©sidaient aux divertissements littĂ©raires que la duchesse offrait a ses habituĂ©s. Les plus fidĂšles dâentre eux composaient lâordre de la Mouche Ă miel, que des courtisans spirituels avaient imaginĂ© en son honneur. Parmi les gens dâesprit que lâon voyait aux fĂȘtes de Sceaux, se distinguaient, au premier rang, Fontenelle, Lamothe-Houdart et Chaulieu. La femme de chambre de la duchesse, Mlle Delaunay, depuis Mme de Staal, se fit bientĂŽt remarquer et joua son rĂŽle dans cette aimable le mĂȘme temps, un salon plus grave, et frĂ©quentĂ© en partie par les mĂȘmes Ă©crivains, existait Ă Paris celui de la marquise de Lambert, qui sâouvrit en 1710 et ne se ferma quâen 1733. Elle recevait chaque dit Fontenelle, la seule maison qui fĂ»t prĂ©servĂ©e de la maladie Ă©pidĂ©mique du jeu, la seule oĂč lâon se trouvait pour se parler raisonnablement les uns les autres, avec esprit et selon lâ y voyait surtout, avec Fontenelle et Lamothe, lâabbĂ© Mongault, le gĂ©omĂštre Mairan, lâabbĂ© de Bragelonne et le prĂ©sident HĂ©nault. Câest aux mardis de la marquise de Lambert que furent discutĂ©es, avant dâĂȘtre livrĂ©es au public, les questions relatives Ă la supĂ©rioritĂ© des Modernes sur les Anciens, Ă lâinutilitĂ© des vers pour la poĂ©sie, Ă lâabsurditĂ© des personnifications mythologiques, aux entraves que des rĂšgles sans autre valeur que leur antiquitĂ© apportaient au libre jeu de lâintelligence questions dont les critiques de lâĂ©poque firent le sujet de tant de salon de lâhĂŽtel de Sully, qui sâouvrit Ă©galement dans cette premiĂšre partie du XVIIIe siĂšcle, nâest pas moins digne dâattention par la maniĂšre dont il fut tenu et par les personnages qui sây la naissance, le bon goĂ»t, les talents, dit Fr. BarriĂšre, sây donnaient rendez-vous. Jamais, Ă ce quâil paraĂźtrait, sociĂ©tĂ© ne fut ni mieux choisie, ni plus variĂ©e ; le savoir sây montrait sans pĂ©dantisme, et la libertĂ© quâautorisaient les mĆurs y paraissait tempĂ©rĂ©e par les habituĂ©s de cet hĂŽtel furent Chaulieu, Fontenelle, Caumartin, le comte dâArgenson, le prĂ©sident HĂ©nault, puis Voltaire, Ramsay, etc. Nous ne parlerons que pour mĂ©moire de la sociĂ©tĂ© de 1âEntresol, qui ne fut pas un salon, mais une rĂ©union savante, et, par anticipation, une sorte dâAcadĂ©mie des sciences morales et les nombreux salons littĂ©raires qui furent ouverts Ă Paris au milieu du XVIIIe siĂšcle, il faut citer dâabord celui de Mme Du Deffand. La rare et solide raison quâelle apportait dans les causeries et discussions auxquelles elle prĂ©sidait Ă©tait ainsi encouragĂ©e par Voltaire Ce qui est beau et lumineux est votre Ă©lĂ©ment ; ne craignez pas de faire la disserteuse, ne rougissez point de joindre aux grĂąces de votre personne la force de votre sociĂ©tĂ© qui se rassemblait chez elle fut diminuĂ©e tout dâun coup par sa brouille et sa rupture avec Mlle de Lespinasse. Celle-ci entraĂźna avec elle la plupart des Ă©crivains, et surtout les encyclopĂ©distes, DâAlembert en tĂȘte. Le duc de Choiseul lui fit donner une pension sur sa cassette. Mme Geoffrin lui fit de son cĂŽtĂ© une pension de 3,000 francs, et Mme de Luxembourg lui meubla un appartement rue Bellechasse. Les contemporains sont pleins dâĂ©loges sur le tact parfait avec lequel elle sut tenir son salon. Trente Ă quarante personnes se rĂ©unissaient le soir chez elle, seulement pour causer, car elle avait un revenu trop modique pour leur donner Ă souper. Elle dirigeait la conversation avec un art admirable, de façon Ă ce que chacun eĂ»t son tour et son rĂŽle ; et cependant, Ă part les amis de DâAlembert, son cercle nâĂ©tait pas composĂ© de personnes liĂ©es les unes avec les autres. Comme on lâa remarquĂ©, Mme Du Deffand reprĂ©sentait le siĂšcle avant Jean-Jacques Rousseau, avant lâexaltation romanesque, et Mlle de Lespinasse le siĂšcle aprĂšs lâinvasion du roman en toutes salon de Mme Geoffrin eut moins de portĂ©e littĂ©raire. Il fut celui dâune bienfaitrice usant noblement de sa fortune, ressemblant chez elle ceux auxquels elle venait en aide, mais gardant, sous une apparence de douceur, des façons dâagir despotiques, comme pour rappeler le bien quâelle avait fait. Elle voulut Ă©viter lâimprĂ©vu dans la causerie en mettant toujours en prĂ©sence les mĂȘmes personnes, et divisa les habituĂ©s de son salon en trois catĂ©gories. Les personnes de la haute noblesse et les Ă©trangers de distinction Ă©taient admis le soir. Ils pouvaient rester au souper, qui Ă©tait trĂšs simple. Le dĂźner Ă©tait au contraire somptueux, et câĂ©tait Ă dĂźner quâelle recevait ses autres invitĂ©s le lundi, les artistes, peintres, sculpteurs, architectes ; le mercredi, les gens de lettres et les savants. Dans cette derniĂšre catĂ©gorie on distinguait surtout Diderot, DâAlembert, de Mairan, Marmontel, Raynal, Saint-Lambert, Thomas, dâHolbach, de Caylus, soirĂ©e chez Madame Geoffrin par Anicet Charles Gabriel Lemonnier 1812.Ă cĂŽtĂ© de ces trois salons du XVIIIe siĂšcle, il faut encore remarquer ceux de Mme dâĂpinay, de Mlle Quinault et de Mme Doublet de Persan. Le salon de Mme dâĂpinay fut restreint Ă un petit cercle de littĂ©rateurs et de philosophes, oĂč lâon voyait Grimm, Diderot et dâ rĂ©unions qui se tenaient chez Mlle Quinault, dite la Cadette, comprenaient un grand nombre dâhabituĂ©s. Actrice distinguĂ©e de la ComĂ©die-Française, elle Ă©tait fort rĂ©pandue dans le monde littĂ©raire. Parmi ses habituĂ©s, on distinguait DâAlembert, Diderot, Duclos, Jean-Jacques Rousseau, Destouches, Marivaux, etc. CâĂ©tait ce quâon appelait la SociĂ©tĂ© du bout du banc. La conversation avait lieu surtout Ă table, au souper. Au milieu de la table Ă©tait une Ă©critoire ; chacun des convives sâen servait tour Ă tour pour Ă©crire un impromptu. De lĂ sont sortis les recueils publiĂ©s sous les titres de Recueil de ces Messieurs et dâĂtrennes de la Saint-Jean. Ces productions lĂ©gĂšres nâĂ©taient que la moindre partie de ce qui occupait la SociĂ©tĂ© du bout du banc. La philosophie tenait dans ses repas une large place, et lâon y Ă©mettait les idĂ©es les plus hardies sur les questions religieuses ou salon de Mme Doublet de Persan ressemblait, par la situation quâil occupait, Ă ceux de Mme de SablĂ© et de Mme Du Deffand. Il se trouvait dans un appartement extĂ©rieur du couvent des Filles-Saint-Thomas, dont Mme Doublet ne franchit pas le seuil une fois en lâespace de quarante ans. La rĂ©union qui se tenait chez elle, et dâoĂč sortirent les Nouvelles Ă la main et une grande partie des MĂ©moires secrets de Bachaumont, avait reçu le nom de citerons encore le salon de la marquise de Turpin, oĂč se trouvaient Favart, Voisenon et Boufflers, et oĂč lâon fonda lâordre de la Table ronde, qui produisit le petit recueil intitulĂ© la JournĂ©e de lâ ne faut pas oublier non plus le salon du baron dâHolbach, le premier maĂźtre dâhĂŽtel de la philosophie », chez qui se rĂ©unissaient Diderot, DâAlembert, HelvĂ©tius, Marmontel, Raynal, Grimm, lâabbĂ© Galiani, etc. On peut dire que lâEncyclopĂ©die naquit dans cette rĂ©union, appelĂ©e par Jean-Jacques Rousseau, devenu misanthrope, le club holbachique », et dont Morellet a Ă©crit On y disait des choses Ă faire cent fois tomber le tonnerre sur la maison, sâil tombait pour cela. »Enfin, Ă la veille de la RĂ©volution, qui fit disparaĂźtre toutes les rĂ©unions de ce genre, on trouve encore le salon de Mme Necker, oĂč Mme de StaĂ«l, alors enfant prodige, sâentretenait avec Grimm, Thomas, Raynal, Gibbon, Marmontel ; et le salon de Mme HelvĂ©tius, si connu sous le nom de SociĂ©tĂ© dâAuteuil, et qui rassemblait Condillac, dâHolbach, Turgot, Chamfort, Cabanis, Morellet, Destutt de Tracy, les agitations politiques furent calmĂ©es et que la vie de sociĂ©tĂ© put renaĂźtre, on ne tarda pas Ă voir sâouvrir des salons oĂč lâon essaya de renouer les traditions de la conversation et de la causerie. Lâun des premiers ouverts fut celui de Mme de StaĂ«l, oĂč, avec Benjamin Constant, vinrent frĂ©quemment Lanjuinais, Boissy-dâAnglas, Cabanis, Carat, Daunou de Tracy, y avait aussi les cercles philosophiques et littĂ©raires de Mme Suard, de Mme dâHoudetot, de lâabbĂ© Morellet, dans lesquels dominaient les gens de lettres et les philosophes, continuateurs directs du XVIIIe siĂšcle ; puis les salons du monde, comme ceux de Mme de la Briche, de Mme de Pastoret, de Mme de Vergennes, oĂč se distinguait sa fille, Mme de RĂ©musat. Mais il nâen exista pas, Ă cette Ă©poque, de plus intĂ©ressant au point de vue exclusivement littĂ©raire que celui de Mme de Beaumont, rue Neuve-du-Luxembourg. De ce cĂŽtĂ©, a dit un critique, se trouvaient alors la jeunesse, le sentiment nouveau et lâavenir. » Les habituĂ©s Ă©taient Chateaubriand, Joubert, Fontanes, MolĂ©, Pasquier, ChĂȘnedollĂ©, GuĂ©naud de Mussy, Mme de Vintimille. Beaucoup dâautres ne venaient quâen passant, attirĂ©s par lâaccueil empressĂ© fait Ă la rĂ©putation et au talent. Ce salon qui, dans un autre temps, aurait pu avoir de lâinfluence, ne subsiste que de 1800 Ă 1803. Les traditions en furent reprises un peu plus tard par Mme de Vintimille, qui reçut les mĂȘmes personnes, et quelques autres partageant les opinions nouvelles. Les derniers des salons littĂ©raires dignes de ce nom ont Ă©tĂ© ceux de Mme RĂ©camier et de Mme de Girardin. Plus tard, la politique, la fiĂšvre des affaires, les besoins croissants de la vie nâont plus laissĂ© de loisirs pour les rĂ©unions aimables dont le premier intĂ©rĂȘt Ă©tait celui des choses de lâesprit.â Ă lire Histoire de la littĂ©rature française du XVIIIe salons littĂ©raires au XIXe siĂšcleAu commencement du XIXe siĂšcle, lâanglomanie sâest efforcĂ©e dây substituer, sous le nom de raouts, dâaristocratiques cohues oĂč la morgue et le flegme britanniques se complaisaient dans un silencieux vous amusez, disait aux Anglais une cĂ©lĂšbre artiste, Mme VigĂ©e-Lebrun Ă propos de ces rĂ©unions Ă la fois taciturnes et tumultueuses, vous vous amusez comme nous nous ennuierions Ă nâĂ©tait pas sous cette influence ni dans ce milieu que le goĂ»te et lâart de la conversation pouvaient renaĂźtre, avec toutes les dĂ©licatesses littĂ©raires de lâesprit cĂ©lĂšbre salon, au XIXe siĂšcle fut celui de Juliette RĂ©camier Ă lâAbbaye aux Bois ; ainsi que celui de Charles Nodier Ă la bibliothĂšque de lâArsenal oĂč se retrouvaient les hommes les plus illustres dans le monde des lettres et des arts que la France ait produits au cours du XIXe siĂšcle. Ă son arrivĂ©e au poste de bibliothĂ©caire de Monsieur, en remplacement de lâabbĂ© Grosier, Nodier amena Ă lâArsenal la brillante plĂ©iade des Ă©crivains et des artistes de lâĂ©cole romantique, qui trouvĂšrent dans leur aĂźnĂ© de vingt Ă trente ans, un guide et un appui. Victor Hugo, Lamartine, Alfred de Musset, Alexandre Dumas, Balzac, Sainte-Beuve, Alfred de Vigny, Ămile Deschamps, Jules Janin, EugĂšne Delacroix, les frĂšres Johannot, Robert-Fleury, Jean-Jacques Champin, Liszt, Amable Tastu, et bien dâautres encore, Ă©taient les habituĂ©s de ce salon situĂ© au premier Ă©tage de lâ la TroisiĂšme RĂ©publique, de nombreux salons littĂ©raires virent le jour Ă Paris celui de la princesse Mathilde, de la comtesse Potocka, de Juliette Adam, de GeneviĂšve HalĂ©vy ou de Rosalie von Gutmann, comtesse de Fitz-James. On y rencontrait des gens de lettres tels que Marcel Proust, Paul Bourget, Paul Hervieu, Jules LemaĂźtre, Robert de Montesquiou ou Guy de salons littĂ©raires au XXe siĂšcleUu cours du XXe siĂšcle, lâhistoire des salons connaĂźt des tournants dĂ©cisifs ; alors quâils sont au dĂ©but du siĂšcle Ă leur apogĂ©e â devant des lieux de mondanitĂ©s artistiques incontournables â ils connaissent finalement un dĂ©clin dĂ» aux bouleversements modernes du milieu littĂ©raire et salons sont toujours portĂ©s par des femmes, gĂ©nĂ©ralement Ă©pouses dâhommes importants politiques, artistes, Ă©crivains, etc. De plus en plus, ils sont des lieux de vie littĂ©raire oĂč les rĂ©putations se font et se dĂ©tĂ©riorent. Chaque salonniĂšre a ses protĂ©gĂ©s, des artistes quâelle invite, porte, dĂ©fend et porte sur le devant de la scĂšne. Ce sont des lieux oĂč sont organisĂ©es de nombreuses lectures, des reprĂ©sentations. Certains artistes sont lancĂ©s par des salons, comme Marcel Proust dans le salon de Madame Madeleine Lemaire. Dâautres deviennent des personnalitĂ©s mondaines importantes Marcel Proust, Jean CocteauâŠPar ailleurs, les salons littĂ©raires apparaissent Ă cette pĂ©riode comme un lieu dâexpression dĂ©bridĂ©e de lâhomosexualitĂ© de leurs participants. Encore considĂ©rĂ©e comme une pratique dĂ©pravĂ©e, chacun â a fortiori les hommes â trouvent dans ces salons la possibilitĂ© de laisse libre cours Ă lâhomosexualitĂ© que la sociĂ©tĂ© rĂ©prime. Il nâen ressort pas moins des inĂ©galitĂ©s entre les hommes et les femmes, puisque ces derniĂšres sont beaucoup plus mal vues que les hommes en frĂ©quentant une personne du mĂȘme sexe ou en se la pĂ©riode dâentre-deux-guerres, le succĂšs des salons, bien quâatteint par les Ă©vĂšnements, subsiste. Ce succĂšs ne rĂ©siste pas Ă la fĂ©brilitĂ© des annĂ©es folles et draine encore dans les appartements de nombreuses salonniĂšres quantitĂ© dâ dĂšs la fin de la Seconde Guerre mondiale et durant les dĂ©cennies suivantes que ces salons connaissent un dĂ©clin. BouleversĂ©s par des modes de divertissement diffĂ©rents â lâapparition de la tĂ©lĂ©vision notamment â ils se font plus rares, avant de grands salons du XXe siĂšcle sont ceux de Natalie Clifford Barney, la comtesse Greffuhle, Madeleine Lemaire, Madame MĂŒhfeld, Anna de Noailles, Madame Straus, Edith Wharton.â LittĂ©rature et engagement au XXe connexes LumiĂšre sur⊠Les cafĂ©s littĂ©raires. Les cabarets littĂ©raires. HĂŽtel de Rambouillet. Histoire de la littĂ©rature française Le Moyen Ăge. â Le XVIe siĂšcle. â Le XVIIe siĂšcle lâĂąge baroque â lâĂąge classique. â Le XVIIIe siĂšcle. Quâest-ce que la littĂ©rature ? Histoire de la France du Moyen Ăge au XXe siĂšcle. Histoire de la langue française. Histoire rĂ©sumĂ©e du vocabulaire français. LâAcadĂ©mie française. LâEncyclopĂ©die du XVIIIe siĂšcle. Les courants littĂ©raires. Les genres littĂ©raires. La de livresRecherche sur le site
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qu est ce qui est au milieu de paris